top of page

actualités

Ils ont marqué la contemporanéité

La technologie avec un grand T n’est pas une chose concrète comme une machine ou l’électricité.

Le phénomène technique est devenu un phénomène détaché de la machine.

L’une des illusions que l’on cherche à développer dans l’homme moderne, c’est de lui faire croire que la technique le rend plus libre. Si vous utilisez tout un tas de moyens techniques vous êtes plus libres. Mais, libre de quoi ? Ah, vous êtes libres de manger des bonnes choses, c’est vrai, si vous avez l’argent. Vous êtes libres d’avoir une auto qui vous permet de voyager, libres d’aller à l’autre bout du monde d’aller à Tahiti, voir des images qui viennent du monde entier, c’est merveilleux. Donc vous avez un univers libre devant vous. Concernant l’auto, au moment des vacances, trois millions de Parisiens vont décider d’aller librement au bord de la Méditerranée, trois millions à décider de faire librement la même chose.

Est-ce que l’auto est un moyen de libération ? Ils n’ont pas réfléchi une seconde qu’ils sont en définitive rigoureusement déterminés par l’appareil technique, par le genre de vie qu’ils mènent. Ils sont une masse en définitive parfaitement cohérente et c’est très difficile dans une société comme la nôtre que l’homme puisse être responsable.

Un exemple simple, un barrage électrique qui craque, qui est responsable ?

Il y a les géologues qui ont fait l’étude de terrain, les ingénieurs qui ont établi le profil du barrage, les ouvriers qui ont construit le barrage, les hommes d’état qui ont pris la décision de construire le barrage à cet endroit.

Qui est responsable ? Personne. Dans toute la société technicienne, parce que les tâches sont particularisées, c’est-à-dire divisées en petites fractions, il n’y a jamais de responsable, mais en même temps il n’y a jamais d’homme libre.

Je pense à cette excuse épouvantable, pendant les procès de la dernière guerre à Nuremberg où le directeur d’un camp à qui l’on a demandé : « mais enfin, vous n’étiez pas effrayé par tous ces cadavres ? », a répondu : « mais que voulez-vous les fours crématoires, étaient insuffisants, je n’arrivais à brûler tous les cadavres, ça me créait des difficultés extraordinaires, je n’avais pas le temps de penser aux gens qui mourraient, moi ce qui m’intéressait, c’était le problème technique de mes fours. »

Nous sommes en présence de l’homme totalement irresponsable qui n’a qu’une tâche technique à faire et le reste ne l’intéresse pas. On a détruit l’agriculture traditionnelle pour la remplacer par l’agriculture industrielle, nous avons détruit des structures sociales, des croyances de la compréhension du monde, différentes. La technique ayant détruit tout ce que l’homme avait appelé, sacré, dans la nature, il est alors amené à regarder la technique comme du sacré.

Dans une manifestation dans les rues, ce qui scandalise vraiment les gens c’est quand une automobile brûle. C’est la destruction d’un objet sacré.

Tout progrès technique se paie. Tout bonheur de l’homme se paie. Mais quel est le prix que l’on va payer ?

La sagesse ne se crée pas par une réflexion intellectuelle, mais par une lente transmission de génération en génération, par une accumulation d’expériences, par une relation avec le milieu naturel. Avant la nature nous donnait des modèles de vie, mais si on entre dans l’univers technique, on cesse de prendre la sagesse humaine traditionnelle au sérieux. La technique nous oblige à aller de plus en plus vite.  Elle remplace la réflexion par le réflexe.  La technique demande que l’on ne réfléchisse pas, elle est une augmentation de la puissance, mais aussi des risques, on cherche l’efficacité, rien d’autre. Bergson disait : « plus la puissance de l’homme augmentera, plus il est important que l’homme ait un supplément d’âme ». Le technicien n’est pas libre, il est conditionné à la fois par son éducation et par l’objectif à atteindre. Il fait ce que la technique exige. Il y a donc conflit entre la liberté et la technique. Les troubles psychologiques aujourd’hui proviennent de l’ habitat bétonné, de la vitesse, etc. On invente donc des techniques pour permettre à l’homme de vivre dans un milieu anormal.../... J. ELLUL

L’espace bouché

Quand le premier satellite artificiel de l’histoire est lancé par les Russes, le 4 octobre 1957 - Spoutnik 1 -, le ciel est encore vide de tout déchet humain. Le bon temps…/…

En 2020, on pense qu’environ 2 500 satellites tournent autour de la Terre.

Combien ont été lancés ? Les sources divergent : 8 000 ou 9 000. Auxquels il faut ajouter, pense-t-on, 21000 débris divers d’une taille supérieure à 10 cm. Et 500 000 entre 1 et 10 cm.

Le ciel est une décharge industrielle sans surveillance ni contrôle.

Arrive Musk. Il a tout pour plaire : il est riche - 20 milliards de dollars de fortune -, il adore l’intelligence artificielle, il veut peupler d’humains plein de planètes. Et pour en revenir au sujet, Musk a eu la bonne idée d’envoyer dans le Ciel en février 2018, une grosse bagnole, dans l’espoir qu’elle y ferait l’admiration de nos chers petits Martiens. Le même veut désormais un Internet haut débit pour tous les Terriens. Mais pour ça, pardi, il faut des centaines de nouveaux satellites, et chaque année. Musk voit grand, c’est son "karma", il a déjà envoyé là-haut une centaine de satellites en une poignée de semaines. D’ici à 2025, on devrait en être à 12 000 et à la fin du programme, à 42 000. À comparer aux 2 500 en service aujourd’hui. Starlink…/…

Les grincheux, qui ne savent rien de la grandeur, disent que les satellites Musk provoquent et provoqueront une énorme pollution lumineuse, suffisante pour gêner les observations astronomiques. Qu’ils occuperont des places un poil plus utiles dans les orbites basses. Qu’ils finiront en millions de déchets dangereux. La Station spatiale internationale a reçu en huit ans la bagatelle de 58 impacts, pour partie provoqués par des détritus spatiaux.

Question sans réponse : comment stopper un mec pareil ?    F. N…/…

Chaque Européen utilise 47 satellites chaque jour. L’espace est devenu indispensable à notre quotidien : pour communiquer ; nous déplacer sans avoir à ressortir les vieilles cartes Michelin ; synchroniser les réseaux électriques, bancaires ou tout simplement les feux de circulation routière ; prédire la météo ou sonder les secrets de l’Univers. La moitié des variables essentielles à la compréhension du climat ne peuvent être mesurées qu’en orbite. Sans les satellites, on peut penser que nous serions vingt ans en arrière dans notre compréhension du changement climatique et donc dans notre façon d’y répondre. L’espace a beau être immense, les zones économiquement intéressantes sont en effet concentrées sur une infime bande orbitale, située à quelques centaines de kilomètres d’altitude. Les opérateurs suivent la logique du

« premier arrivé, premier servi», en déployant des centaines, des milliers, voire à terme des dizaines de milliers de satellites dédiés à Internet, dont les applications sur la Terre ont littéralement explosé. Au cours des quatre dernières années, plus de 7000 nouveaux satellites ont été déployés dans l’espace, principalement en orbite basse. C’est la moitié de tous ceux mis en orbite depuis le début de la conquête spatiale, en 1957... L’ennui, c’est que, à ces faibles altitudes, ils se voient depuis la terre ferme et gênent d’ores et déjà les astronomes qui tentent d’observer des phénomènes astrophysiques faiblement lumineux…/… Ce qui me fascine le plus dans cette histoire de colonisation martienne, c’est le tour de force intellectuel grâce auquel Elon Musk a réussi à embarquer une foule de supporters dans son délire. Anticipant une extinction proche de l’humanité en raison de l’épuisement des ressources terrestres, le milliardaire a donc décidé d’accélérer notre perte en cramant encore plus de ressources et en polluant l’atmosphère, afin de partir s’établir sur une planète qui n’a absolument rien à nous offrir !.../… Ce que l’on bousille en envoyant des touristes dans l’espace, c’est bel et bien notre planète Terre. En une semaine d’apesanteur, un touriste spatial aura grillé 4,5 fois le budget total de CO2 qu’un enfant né aujourd’hui devra consommer pendant quatre-vingt-cinq ans si l’on souhaite respecter l’objectif de l’accord de Paris de contenir la hausse des températures à 1,5 °C. Et encore, on parle de la partie émergée de l’iceberg. Contrairement aux avions de ligne, les fusées rejettent des produits de combustion dans toutes les couches de l’atmosphère, y compris les plus hautes, dont l’effet sur le climat est encore mal connu. Finalement, les enjeux de développement durable dans l’espace sont intimement liés à ceux que l’on connaît sur la Terre…/…Voir des satellites traverser le ciel étoilé de façon incessante, c’est nous priver d’une partie de notre lien personnel au cosmos. Générer de la pollution lumineuse via ces engins, c’est boucher la vue aux astronomes qui vont chercher des réponses à des questions fondamentales appartenant à tout le monde…/…

Clairement, les agissements de quelques-uns ont des conséquences pour le reste de l’humanité. R. Chevrier (les saccageurs de l’espace).

La plupart des humains guériront du coronavirus, sauf les scientifiques. La pandémie les a rendus dingues. Chercheurs et professeurs, labos, tous sont atteints. L'hypothèse de réserver un vaccin qui n'existe pas aux seuls Américains est un épisode de plus - mais pas le dernier - de ce grand délire. Jamais on n'a eu autant de médicaments susceptibles de traiter une maladie, avant même que ceux-ci ne soient testés. Auparavant, il y avait la méthode scientifique. Pasteur, Claude Bernard, toutes ces vieilleries. Maintenant, les tests et autres preuves sont remplacés par des communiqués de presse victorieux, adressés aux journalistes pratiquement avant que ne débutent les véritables essais. Le processus de publication des articles scientifiques était long et exigeant, il a été simplifié : désormais, ce sont les prépublications que l'on publie. À ce rythme, ce sont bientôt les simples hypothèses qui seront présentées comme des découvertes. Difficile d'imaginer que l'on puisse guérir cette maladie-là : coronavirus ou pas, la pression demeurera, entre intérêts commerciaux et guerre d'ego. Quant à l'opinion publique, elle est tellement anxieuse qu'elle ne sera jamais immunisée contre ces bobards qui s'amoncellent. Le voilà, le virus qui s'est à coup sûr échappé des laboratoires.   G. Erner

Olivier Babeau décrypte l'air du temps pour la rubrique FigaroVox. Il est président du think tank l'institut Sapiens et est professeur en sciences de gestion à l'université de Bordeaux. Babeau émarge aussi à L'Opinion, qui plaît à la jeune droite. Entre deux notes sur le bitcoin et la voiture autonome, Babeau montre sa bobine sur les plateaux des chaînes d'info continue pour marteler son credo : le clivage droite-gauche est dépassé, l'État est un poids et le règne de l'intelligence artificielle (IA) est notre salut. En 2017, conscient de la vogue pour son délire, Babeau crée l'institut Sapiens, avec un slogan un chouia flippant : « Pour que l'avenir ait besoin de nous ». Il a appelé à l'aide Laurent Alexandre, chirurgien, cofondateur du site Doctissimo et spécialiste autoproclamé de l'intelligence artificielle. Laurent Alexandre, c'est l'homme qui vous explique que les ouvriers d'aujourd'hui vivent mieux que les rois d'hier et sont priés de bien la fermer, que le cancer va disparaître ou que l’homme qui vivra mille ans est déjà né - on espère que ce n'est pas lui. Le garçon, certifié fou dangereux, a son rond de serviette au Monde et à L'Express. Pour ces grands malades, malheureusement très écoutés, mieux vaut faire confiance aux algorithmes qu'à la démocratie. La crise du Covid, superaccélérateur de la déshumanisation de la société, risque de leur donner raison plus tôt que prévu. N.D

Le sujet tabou de la décroissance.

Jean-Marc Governatori affirme que le mot n’est pas « audible » par les Français les plus pauvres.

Seule Delphine Batho se prononce franchement pour, n’a pas peur du mot, explique son sens, le revendique :

« La décroissance, ce n’est pas les amish ni la lampe à huile, la décroissance, c’est d’abord une issue de secours, mais aussi un projet de société positif. »…/…

Dans un texte magnifique sur le théâtre de Camus, le regretté Morvan Lebesque notait que le propre d’une tragédie est de « mettre en scène deux adversaires qui ont raison dans un affrontement inépuisable ». Il n’y a pas le Bien d’un côté, le Mal de l’autre... La voilà de retour, la nouvelle tragédie grecque !

C’est le combat, qui ne fait que commencer, entre les partisans de la croissance et ceux de la décroissance.

Ceux de la croissance ont raison, puisqu’on ne peut que partager ses objectifs et ses promesses : produire toujours plus et de façon toujours plus compétitive, vivre toujours mieux, faire disparaitre à jamais la pauvreté, vadrouiller dans le monde entier, avoir à sa disposition des tas de machines et, en prime, tous aller dans l’espace, comme Jeff Bezos, et vivre éternellement.

Mais ceux de la décroissance ont tout autant raison : ne pas croire qu’est possible une croissance infinie dans un monde fini, cesser de détruire irrémédiablement ce dernier, ne pas tout surexploiter, tout bétonner, tout « marchandiser », tout remplacer par des ersatz et des robots et, en prime, retrouver le sens de l’entraide, de la mesure et du bonheur commun, qui peut être contre ?.../… ce débat est biaisé.

Les partisans de la croissance n’assument pas. Ils se disent désormais tous écolos, tous défenseurs d’une croissance « durable » et d’une prétendue « transition écologique » et les Verts sont les premiers à faire semblant de croire qu’on peut continuer de produire plus et de consommer plus à condition d’ajouter dans la « mégamachine » un peu de « ver-titude », de quotas carbone, d’aires protégées et de compensation.

De leur côté, les adeptes de la décroissance,  se gardent bien de dire que, si leur horizon a de quoi faire rêver (la sobriété heureuse, l’imaginaire consumériste décolonisé, de petites communautés autonomes et conviviales, des Amap partout), ce ne sera guère un chemin de roses.

Morvan Lebesque le savait : pour qu’une tragédie soit réussie, il faut que les adversaires parlent clair. J-L. Porquet

Des esprits malins parlent de “croissance verte”. Mais le mot est faux.

Le concept n’existe pas. "Ce qu’il faut organiser, c’est la décroissance. Consommer moins, voyager moins, se déplacer moins, produire moins"…/… Jean-Michel Aphatie, au micro d’Europe 1 …/… Tout le monde le sait, si nous ne faisons rien, la « décroissance » nous sera imposée : îles du Pacifique submergées, ouragans à répétition, sécheresses (comme cette année)... Chaque jour, le climat réduit notre production, parfois de façon violente. Demandez aux habitants de Paradise, en Californie. Ah ! Mince, c’est vrai, vous ne pouvez pas,

ils sont tous morts. L’alternative, ce serait une décroissance organisée :

interdire la production, et l’importation, des innombrables merdouilles qui inondent les magasins ; manger moins de viande ; remplacer les transports individuels, y compris les trottinettes nucléaires, par des transports collectifs ; isoler les bâtiments ; réorganiser les villes pour limiter les transports, etc. Si nous faisons tout cela, nous consommerons moins d’énergie et de matières premières et nous rejetterons moins de déchets.

Mais il faut aller beaucoup plus loin et faire en sorte que, dans « le panier du ménager», les services, moins polluants, remplacent les objets. Moins d’ordis et plus de cours de musique. Moins, beaucoup moins de fringues et plus de dessins.

Bref, « moins de biens, plus de liens ». Le problème, outre les immenses intérêts économiques en jeu, c’est que le mot «décroissance » fait peur. Il y a une très bonne raison à cela : qui dit récession dit pauvreté, chômage et déficits. De plus, la décroissance a été l’étendard porté par quelques illuminés pour laisser libre cours à leur haine sans nuances de l’humanité. Les critiques de cette décroissance-là ont raison : notre société ne peut pas, dans son état actuel, ralentir la cadence. Tant que nos décisions seront aux mains des entreprises, irresponsables, aucune «transition écologique» ne sera possible.

Pour passer à un mode de vie moins destructeur, il faut tout réorganiser, en commençant par répondre aux questions qui devraient être au centre de notre vie démocratique :

quels besoins satisfaire ? Que produire pour y répondre ? Comment organiser cette production ? Le pas de côté intellectuel à effectuer est donc double.

Un : renoncer à faire « croître» sans cesse la baudruche économique. C’est déjà extrêmement difficile, encore plus, d’ailleurs, pour la gauche - historiquement productiviste pour des raisons sociales - que pour la droite, qui se satisfait de faire du pognon dans toutes les positions.

Deux : renoncer au libre choix, figure centrale de la modernité et incarné par le marché. Et comprendre que seules de fortes contraintes nous sauveront. Là, c’est vraiment balèze. Jean- Michel, tu nous fais ça la semaine prochaine ? J.LITTAUER

A la sortie de son Carrefour de quartier, à Marseille, elle est arrêtée par un agent de sécurité. Motif ? Elle aurait chapardé dans les rayons. Grave accusation ! Le vigile de la franchise se dédouane : c’est pas lui, c’est le logiciel de vidéosurveillance algorithmique du magasin qui a détecté un « geste suspect » et lui a gentiment envoyé une photo de Martine. Derrière cette intelligence artificielle se cache en réalité une boîte française, Veesion.

Cette obligeante start-up promet aux enseignes qui, moyennant la modique somme de 250 à 360 euros par mois, s’abonnent à son logiciel de reconnaissance prédictive de réduire leurs pertes dues au vol jusqu’à 60 %. Pas cher, la police des rayons ! En plus, voilà du renfort qui « ne prend ni pause ni vacances » et ne risque pas de se syndiquer !

Parmi les 3 000 clients revendiqués par la boîte française : des enseignes de la grande distribution comme Spar, Intermarché, Leclerc et Carrefour, des magasins Fnac ou Intersport et même des officines Pharmabest et Apothical. Tous professent une définition très large de ce qui constitue un geste suspect.

Veesion énumère les comportements susceptibles de déclencher l’alerte rouge : mettre un produit dans sa poche, son sac à dos, son sac en toile porté à l’épaule... Autant dire que se pointer avec son sac de course réutilisable, c’est risquer les menottes. Et les acheteurs rapides ou compulsifs doivent se méfier : faire passer en quelques secondes « plusieurs dizaines de produits d’un rayon vers un contenant (sac, panier, etc.) » est jugé particulièrement louche. « Les comportements suspects sont des gestes qui, à première vue, peuvent paraître anodins, assume la boîte sur le Net. Une personne peut, par exemple, glisser un article dans un sac. Mais saviez-vous que les voleurs peuvent être équipés d’un sac à double fond ?» A ce rythme, tous les clients seront bientôt présumés coupables.

Les flics vont avoir du boulot... Martine - qui, après vérification du vigile, n’avait rien volé - y réfléchira désormais à deux fois avant de faire ses courses…/…

En 2015, la SNCF avait mené une expérimentation pour détecter des individus suspects en analysant, notamment, leur température corporelle par vidéo. L’entreprise, qui, quel dommage, n’a pas pérennisé le système, refuse de publier les résultats…/…

La Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil), elle, regarde les trains passer. Elle estime que les vedettes de ces vidéos traquant les comportements à risque doivent être informées du traitement de leur image, et plaide pour un encadrement législatif. Service minimum.../…

Le Comité national pilote d’éthique du numérique rendra un avis sur les enjeux éthiques de la reconnaissance faciale, comportementale et posturale. En attendant, souriez, vous êtes filmés. Mais pas trop, ça risque de faire louche. F. Ruz-Guindos

Tiktoc tiktoc tictoc

TikTok est devenue en quelques années « the » réseau social, notamment pour les plus jeunes qui considèrent que Facebook et Instagram sont désormais parfaitement ringards et que ce sont des plates-formes « pour les vieux »…/… TikTok est réputée pour collecter les données de ses utilisateurs. Par ailleurs, selon Consumer Reports, une association de défense des consommateurs yankees, TikTok se permet également de s'emparer des informations concernant « les personnes qui n'ont pas de compte TikTok ». ByteDance se serait en effet associée à une multitude de sociétés spécialisées dans la pub en ligne, les chargeant de placer des traqueurs sur leurs sites pour récolter des informations sur les internautes. En somme, si vous n'avez pas de compte TikTok, vous êtes quand même exposé au fait que vos moindres faits et gestes en ligne atterrissent dans les data du géant chinois. À quoi servent ces données ? À aider les annonceurs de TikTok, pardi…/… Quel genre de données intéresse TikTok ? Votre adresse IP et les différentes interactions avec les pages consultées.

TikTok est notamment mis au courant de ce que vous tapez ou recherchez. Selon Félix Krause, chercheur en logiciels, qui s'est penché sur le problème posé par le navigateur intégré de TikTok, lorsqu'on clique sur un lien au sein de l'application, la page web est ouverte au sein du navigateur interne plutôt que de s'afficher dans Safari, Chrome, Firefox ou assimilé. Grâce à ce navigateur, TikTok peut donc surveiller tout ce que vous tapez sur votre gentil smartphone et s'emparer des entrées clavier (y compris les mots de passe, les informations de carte de crédit, etc.) et de chaque pression sur l'écran, comme les boutons et les liens sur lesquels vous cliquez…/… TikTok a reconnu que les données des utilisateurs étaient accessibles à des salariés en Chine. TikTok poursuit sa stratégie de développement offensive, en envisageant notamment de se lancer dans le streaming musical pour se positionner frontalement face à Spotify ou Apple Music, l'enfermement mental induit par le réseau social constitue selon certains une véritable question majeure de santé publique et une menace pour la démocratie, puisque de plus en plus d'utilisateurs de la plate-forme la considèrent comme une source d'infos à part entière - 10 % des adultes aux États-Unis consultent les actualités en premier sur TikTok, selon une récente étude. Des chercheurs de NewsGuard, startup de fact-checking, c'est presque une vidéo d'information sur cinq qui partage de fausses informations. NewsGuard est formel : « La toxicité de TikTok est devenue une menace importante, car de nouvelles recherches menées par Google suggèrent que TikTok est de plus en plus utilisée par les jeunes comme un moteur de recherche, puisqu'ils se tournent vers la plate-forme de partage de vidéos, plutôt que vers Google, pour trouver des informations. » En plus de la collecte des données, TikTok, par la diffusion de ces « fake news », peut-elle devenir encore plus néfaste pour les systèmes démocratiques que l'est son ancêtre moribond Facebook, qui a déjà complètement changé (vicié ?) le paysage politique mondial ? J.BONNER

Une société liberticide ?

D’elle-même, elle se met en place, demain, les livres d’untel ou untel ne pourront paraitre qu’à certaines conditions. Il y aura la bonne pensée, qui sera détectée grâce à un QRcode ce qui vous permettra alors de paraître et tout fiers comme les gens qui acceptaient de se montrer ici et là en disant « tiens, t’as vu moi j’appartiens au club j’ai mon QR2, vive la vie, je suis libre ». C’est cela qui nous attend si l’on n’y prend garde, la liberté se mérite, la liberté, c’est au quotidien que l’on doit la conquérir et non fermer les yeux en disant « c’est pour notre bien ». M.MENANT

Visions collectives du futur sans  leviers pour bâtir un avenir

Si certains chercheurs se défendent de vouloir jouer les conseillers du prince, alors même que Durkheim assumait son projet politique, la place est vite prise par tous ceux qui font de la sociologie comme Monsieur Jourdain faisait de la prose, c’est-à-dire comme tous les membres de ces sociétés. La presse, l’édition et les publications en tous genres, numériques ou non, pullulent d’essais et visions du futur qui sont en concurrence pour tenter de nous orienter dans un moment où le changement technique permanent rend l’avenir difficilement lisible. Notre introduction pointait les parentés entre les changements intervenus au moment de l’invention de l’imprimerie et ceux portés par le numérique. Nous avions signalé à quel point l’amplification portait sur toutes les tendances et sur tous les possibles déjà présents, ce qui est le propre d’une technologie pervasive.
Mais il nous faut maintenant nous tourner vers l’avenir et tenter de voir plus clair dans tous les possibles concurrents qui sont vantés dans toute la littérature produite sur le numérique. Ces travaux n’ont pas tous prétention scientifique ni même philosophique mais la sociologie ne peut ignorer à quel point tous ces « discours d’accompagnement » (Moeglin) formatent des visions collectives du futur sans pour autant fournir les leviers pour bâtir un avenir…
Dominique Boullier

L’apparition de l’influenceur virtuel

La notion d’influence contient celle de l’autorité. L’influenceur est censé détenir un savoir, une expérience ou une compétence qui l’autorise à promouvoir un discours ou encore un techno-discours dans la communication numérique de masse. Les influenceurs humains risquent d’être remplacés à court terme par les robots influenceurs. Si il y a une quinzaine d’années, le web était devenu l’eldorado des influenceurs et des influenceuses il est aujourd’hui de plus en plus difficile de gagner sa vie en produisant des contenus sur plateformes numériques. Mais surtout il faut dès à présent compter avec les influenceurs virtuels générés par IA. Leur apparence, vêtements, et activités sont intégralement personnalisés ce qui les rend "réels" et ils vont gagner en popularité. La montée en puissance de ce type d'influenceurs a le potentiel de changer le Marketing d’influence, ils sont plus de deux cents aujourd’hui. Ils simulent encore mieux la proximité pour mieux promouvoir leurs contenus et faire grossir leurs chiffres d’affaire ainsi que leurs nombres de « suiveurs ». Dans cet univers numérique, l’autorité du nombre l’emporte sur celle du sage ou de l’homme raisonnable et l’on assiste à une vaste crise des institutions démocratiques.

Demain tous crétins ?

Sur une année un adolescent de treize ans consacre environ cent douze jours aux écrans contre sept jours de lecture. "Avec les habitudes que produit la nouvelle culture digitale, nous sommes en train de modifier la qualité de notre attention, chez les jeunes en particulier, qui changent en moyenne vingt-sept fois par heure d'objet d'attention, Leur pratique de lecture s’appauvrit. Quand on connait son importance dans le développement de l'empathie et de l'analyse critique, on a des raisons de s'inquiéter pour le développement intellectuel des démocraties contemporaines.

Le cerveau-lecteur, qui est une des plus grandes acquisitions culturelles de l'Homo-sapiens, est menacé. M.WOLF spécialiste neurosciences.

L'une des pistes pour inverser cette tendance, reste le développement des ateliers de lecture. G.O

Face à la numérisation de l’école

Sylvie Menoni, professeure des écoles à Savournon, et François Rousseau, retraité et ancien professeur de français dans les Hautes-Alpes, présentent L’appel de Beauchastel : un collectif d’enseignants actif depuis 2015 pour lutter contre la numérisation de l’école. Depuis 2018, les ateliers de sensibilisation sur les effets de la surexposition aux écrans se sont multipliés à Marseille, Paris et partout en France auprès de tous les publics. L’équipe de Lève les yeux a pu voir le paysage de l’éducation se transformer peu à peu.

Le constat est sans appel, dégradation des capacités d’attention et de concentration des enfants et adolescents.

Le philosophe Renaud Garcia, auteur de « La déconstruction de l’école » (La Lenteur, 2022) décrit une année scolaire rythmée par les protocoles sanitaires et la numérisation. " Le capitalisme ne peut pas être séparé de la puissance modélisatrice de la technique sur la société. La technique est cette alliance entre la recherche scientifique et le financement institutionnel qui, depuis le XIXe siècle, pousse vers la "machinisation" du monde dans l’optique de réguler l’ensemble des activités humaines. Internet est la finalisation de ce projet, la mise en réseau de tous"." Dans les années 1990 par exemple, un rapport de l’OCDE établissait trois catégories d’élèves : ceux destinés à reproduire la caste au pouvoir, l’élite, la masse voués à travailler dans des « emplois jetables », rendus obsolètes tous les cinq ans par l’innovation technologique et les autres, auxquels il fallait procurer du « tittytainment» (« cocktail de divertissement abrutissant et d’alimentation suffisante permettant de maintenir de bonne humeur la population frustrée de la planète »)". (Source : Tableau noir : résister à la privatisation de l’enseignement, Gérard de Sélys et Nico Hirtt, éditions EPO, 1998.).

 la responsabilité du consommateur dans la destruction de l'environnement

Si vous souhaitez préserver votre santé et particulièrement celle de votre cerveau, adoptez le comportement suivant :

1/ reléguez l'appareil dit "smartphone" au rang de téléphone simple, il n'est pas conçu dans le cadre de notre métabolisme pour des recherches sur le réseau internet. (Pas de cage de faraday et développement de la nomophobie). S'imposer cette "contrainte", équivaut à lutter contre la servitude.

2/ en revanche l'idéal pour tout travail est d'opter pour l'utilisation d'une tour. Un de vos amis "bricoleur" sera capable de la monter pièce par pièce.

A défaut un ordinateur portable peut faire l'affaire.

Si les industriels de la téléphonie sont aux antipodes de l'écoresponsabilité, l'individu détient une part de cette responsabilité dans la destruction de l'environnement par son comportement de consommateur esclave.

La 5G nous est vendue comme consommant moins d’électricité. Cédric O (ex secrétaire d'Etat au numérique) : "la 5G, c’est plus de débit, mais moins de consommation énergétique" ... "des antennes 5G qui consomment dix fois moins d’énergie que les antennes 4G". C'est très mensonger : selon l'Arcep, une antenne 5G peut consommer jusqu'à 19 kilowatts quand une antenne 4G se contente de 7 kilowatts. Et la 5G consommerait jusqu'à quatre fois plus que la 4G selon plusieurs tests portant sur les batteries, tant sous Android que sous iOS.

La 2G est "un protocole particulièrement sobre et adapté au transport de la voix", selon Frédéric Bordage, fondateur du collectif d'experts GreenIt.

Au delà, l'"effet rebond", c'est à dire l'usage plus intense des appareils et des réseaux induit par les 4G et 5G est lui très énergétivore (voir EcoInfo, groupement CNRS pour une informatique écoresponsable, qui a contribué à la consultation publique de l’Arcep).

Par ailleurs, les millions de téléphones diffusés en remplacement des anciens téléphones "idiots", sont bien plus complexes et donc avec plus de matières rares ("pour fabriquer un smartphone de 200 grammes, il faut extraire plus de 200 kg de matière"), d'autant que le renouvellement de ces appareils est ultrarapide (tous les deux ou trois ans selon l’institut GfK).

L’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse) constate aussi des remplacements imposés par les nouvelles normes d'équipements réseaux, de datacenters (par ailleurs surdimensionnés : ils ne seraient utilisés qu'à environ 10% de leur capacité).

Ajoutons que les 2G et 3G assurent une bonne couverture sur tout le territoire grâce à la portée plus importante des équipements, avec beaucoup moins d'antennes-relais et donc moins d'ondes électromagnétiques. Pour le site Ondes expertises, l'appel en 2G émet de 5 à 50 fois moins d’intensité qu’un appel en 4G​.SOURCE PRESSE

la désmartphonisation de la société

Ce petit objet est un concentré de pollutions industrielles. Il contient une cinquantaine de métaux différents quasiment impossibles à recycler dont l’extraction crée des situations dramatiques aux quatre coins du monde. Dans les usines de smartphones chinoises, ouvriers et ouvrières sont soumis aux conditions d’exploitation les plus extrêmes quand ils ne font pas l’objet de travail forcé, comme les Ouïgours. Nous pensons qu’à l’heure où l’on nous annonce des coupures d’électricité, l’énergie disponible ne doit pas être accaparée par cet appareillage, ainsi que par la gigantesque infrastructure nécessaire à son fonctionnement (antennes relais, serveurs…). Nous affirmons que les ondes électromagnétiques liées à cette technologie posent de sérieuses questions de santé publique.

Nous refusons d’être sollicités et pistés en permanence par des sociétés privées, et que celles-ci s’emparent de l’un de nos biens les plus précieux : notre attention. Nous constatons à quel point ce qui est appelé « outil de communication » altère en réalité nos relations sociales.

Le smartphone est si addictif qu’il a démultiplié les tensions et les conflits dans les foyers. C’est le pire ennemi des parents qui doivent se démener pour soustraire leurs enfants à ses mondes parallèles et marchands.

Nous avons aussi découvert à travers la mise en place du « passe sanitaire » l’utilisation qui pouvait être faite de cet objet, à savoir gérer, de manière individualisée, le moindre de nos déplacements en nous délivrant, ou non, l’autorisation de pénétrer dans tel ou tel lieu. Le problème n’est pas ici de savoir si ce dispositif a permis de limiter la propagation du virus. Ce que nous retenons, c’est que le smartphone s’est révélé être une interface entre l’humain et l’administration centrale, offrant à cette dernière un pouvoir inédit de surveillance et de contrôle.

L’industrie et le gouvernement multiplient les décisions rendant cet objet de plus en plus indispensable : disparition des cabines téléphoniques, des guichets « humains » et même des bornes automatiques dans les gares, envoi de codes pour réaliser un paiement en ligne, QR codes à scanner dans les musées ou les restaurants, administrations de plus en plus déshumanisées (« dématérialisées », selon le langage consacré…), etc. Au point de pousser la Défenseure des droits à lancer ce cri du cœur : « Il n’est pas possible d’imposer à tout le monde d’avoir un smartphone ! » SOURCE PRESSE

bottom of page