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Partout en France, le numérique continue de se déployer
dans les établissements scolaires.
De la maternelle au lycée, de plus en plus d’élèves se voient « offrir » une tablette ou un ordinateur individuel. En classe comme à la maison, l’école oblige toujours plus à l’usage de ces machines. Et que vous soyez parent ou enseignant, on ne vous demande pas votre avis. Mais cela ne veut pas dire que vous ne devez pas le donner ! Au contraire, il est grand temps que nous fassions savoir, partout où nous sommes, que cela ne nous convient pas !!
Aussi, nous vous invitons vivement à ouvrir la parole sur le sujet lors des réunions auxquelles vous participerez.
Le sujet du numérique y sera très certainement abordé, que ce soit à propos de la « nécessaire connexion aux ENT » ou pour vous annoncer que vos enfants vont être « équipés ». N’hésitez surtout pas à vous exprimer, même simplement en posant une question un peu « naïve ». Questionnez les motivations pédagogiques par exemple, ou la notion d’obligation à l’usage, ou encore évoquez le principe de précaution face aux risques maintenant bien connus de la surexposition.
En réalité, ce « forçage » numérique ne satisfait pas grand monde, mais personne n’ose le faire savoir, par peur certainement de passer pour le ringard de service, celui / celle « qui ne vit pas avec son temps ». Mais souvent, il suffit qu’une personne s’exprime sur le sujet pour que d’autres osent se lancer, nous l’avons largement constaté. En presque deux années d’existence, nous avons vu, chez CoLINE, évoluer la pensée sur ce sujet. Alors osez être celui ou celle qui lance le débat !
Et nous ne saurions que trop vous encourager, dans la foulée, à vous engager comme représentant de parents d’élèves (et de même en tant qu’enseignant). Cela vous permettra de porter cette question du numérique dans les instances officielles de votre établissement, de sensibiliser les autres parents, les enseignants. De faire remonter aussi l’insatisfaction aux décideurs, puisque les comptes-rendus de séances sont transmis aux instances académiques ainsi qu’aux collectivités locales (région, département, commune) en charge de l’équipement des établissements, et donc du déploiement matériel.
Si vous êtes très motivés, vous pouvez faire comme Julien qui, l’an dernier dans son collège, a constitué avec un petit groupe de parents une liste qui mettait largement en avant la question du numérique. Et alors qu’ils avaient une liste incomplète et arrivaient seulement dans cet établissement, ces parents ont rassemblé un tiers des suffrages !
Il est toutefois important de mentionner que CoLINE n’est pas une association et n’a en aucun cas vocation à porter des listes. Par contre, vous trouvez sur notre site, dans la boite à outils, un certain nombre de documents, argumentaires et autres que vous pouvez utiliser et diffuser.
Plus nous serons nombreux, là où nous sommes, dans nos écoles, à questionner la numérisation, plus notre voix portera auprès des décideurs. Il en va de la protection de nos enfants : ça donne une bonne raison d’oser, non ?
Nous sommes partout, là est notre force collective.
Vive la liberté d'expression.
Avec espoir et détermination
CoLINE, Collectif de Lutte contre l’Invasion Numérique de l’École
Contact: contact@collectifcoline.fr
Subsistera-t-il de la lumière à tous les étages.
« Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Telle est la devise des Lumières. » A ceux qui bénéficient des victoires remportées par leurs ascendants, l'histoire va-t-elle suffire à éviter de détruire leur héritage ? Quel est cet héritage ?
Apprendre à nous délivrer des mythes et des idéologies, atteindre l'âge où l'homme pense par lui-même.
Considérer que la pensée éclairée est d'abord critique d'elle-même sans oublier que penser contre les autres n'est pas penser par soi-même.
Considérer également que les livres contenant les courants de pensée philosophiques ou scientifiques sont des stimulations pour notre intelligence, que la culture au service de personne, peut permettre de comprendre les rouages tortueux de l’humanité.
Le changement nécessite le prix de l’effort.
En liminaire, les historiens situent le début de l’apparition de l’indépendance croissante de pouvoirs sociétaux divers au temps de l’Hellade. En Europe les peuples divers et indomptables, souhaitent cultiver leurs différences.
C’est aux alentours du 17° siècle qu’apparait la philosophie des lumières en occident.
La société glisse peu à peu vers l’état politique et se libère de l’absolutisme monarchique au 18° siècle. L’homme éclairé conduit sa vie en se délivrant de l’obscurantisme, à contrario, l'ignorant ou le superstitieux est esclave de ses erreurs et de ses illusions, il est prêt à croire les tyrans et à renoncer à sa propre liberté.
Notre époque, qui favorise l’entrée de la vie publique dans la vie privée peut-elle être celle des Lumières et de la liberté d'esprit ? Pouvons-nous retrouver le regard de Voltaire, la rhétorique de l’ironie, l’art de l’élocution, afin de délivrer les échanges et retrouver la voie de la santé morale ? L’humanité se dissout-elle progressivement dans le présent sans persistance, entrainant l’apparition de mouvements sectaires ?
A l’ère du numérique, où la vitesse informationnelle « a dépassé celle de la lumière », la plupart de nos pensées sont des pensées toutes faites. Nos croyances sont amarrées à des clichés, souvent ceux des réseaux, écho de notre époque. On s’enveloppe de « selfies, égo-portraits » et d’enchâssement dans nos opinions par peur de se sentir désorienté.
Nous avons cru aux idéaux de liberté, de justice et d’égalité, cette liberté est devenue liberté de consommation, liberté sans limites, liberté de substitution.
Sous l’emprise du trans-humanisme, monde dans lequel tout est appelé à devenir artificiel, protéiforme, la pensée souhaite effacer ou contester les différences, tant entre hommes et femmes qu’entre cultures et peuples.
Les conséquences sont dévastatrices, nous sommes arrivés à un tournant social au point de soulever cette question cruciale et antinomique : comment conjuguer Liberté et Sécurité. Hegel écrit que dans l’État moderne, « l’habitude d’être en sécurité est devenue pour nous une seconde nature, lorsque quelqu’un marche dans la rue en pleine nuit sans danger, il ne lui vient pas à l’esprit qu’il pourrait en être autrement », Hobbes souligne que si chacun avait une liberté illimitée, toute liberté individuelle serait annihilée, on ne pourrait plus sortir de chez soi sans risquer sa vie. Pas de liberté véritable sans la sécurité écrit-il.
Deux siècles plus tard les repères ont vacillé, au point que se pose la question de la contradiction factuelle entre Liberté et Sécurité. Spinoza « rallume la flamme » et affirme que la liberté ne va pas de soi mais elle n’est pour autant pas impossible à acquérir et à maintenir. Il pose comme condition que si l’homme réussit à avoir conscience de lui-même et se détermine lui-même à agir et à penser, sa soumission aux passions va s’amoindrir et il pourra décider par lui-même de ce qui est bon et utile pour lui.
Perd-il sa liberté naturelle par le contrat social ? Puisqu’il est nécessaire de faire société, la liberté « extérieure » consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui dans un cadre défini. MONTESQUIEU définit à son tour le mot « liberté ». Il désigne deux dispositions différentes, l’une philosophique, l’autre politique. « La liberté philosophique consiste dans l’exercice de sa volonté, la liberté politique consiste dans la sûreté ». L’État joue un rôle de sécurité, il assure ou garantit une disposition naturelle qui ne peut se réaliser dans la nature. Revenons au 20 ° siècle. Dans les années quatre-vingts est survenu le concept de « post- », comme si le caractère de nouveauté avait valeur intrinsèque, mais qui débouche pourtant sur ce paradoxe, la « tradition du nouveau ».
La société post-industrielle, la réalité post-historique, la post-philosophie, la postmodernité et pourquoi pas le post-progressisme, l’idée est propre à entretenir l’ère du vide, tout est dans tout et réciproquement. Dans l’ère de la posthistoire, l’information numérisée, circule librement partout, franchit toutes les frontières, instaurant le règne du paradis et de la jungle. Le monde postmoderne est le monde du spectacle, de la libre indifférence, tragique et contradictoire. La multitude n’a pas conscience de l’effondrement, de la perte de richesses culturelles et le discours aujourd’hui plus que jamais, sans acte, ajoute au chaos.
On détourne le regard pour rester rivé à la satisfaction immédiate. On se trouve confronté à une extinction de la réflexion. Considérons (hors débat sur le déterminisme) que la liberté externe ne dépend pas de nous mais de la fortune que nous avons de vivre dans un Etat qui l'accorde. La liberté interne, elle, n’est effective que dégagée de tout préjugé dans toutes ses pensées, que libérée de l’entrave de l'opinion générale.
La servitude volontaire est pour l'homme un état d’indigence hypnotique dans lequel il se trouve par sa propre faute. L’homme léthargique est la proie de l’arriviste, lequel, absent sur le chemin d’éveil de la pensée, entretient soigneusement le sommeil de l'humanité. Pire, nous assistons à la montée des totalitarismes, à la montée de la pensée unique et beaucoup font le dos rond. « Pas de liberté pour les ennemis de la Liberté » disait Saint-Just et maintenant ? Dans l’univers trans-humaniste, la nouvelle génération qui ne croit plus à rien, est une pâte malléable, une substance docile qui doit se libérer de son identité.
Simone WEIL avertit : « Il serait vain de se détourner du passé pour ne penser qu’à l’avenir…/… l’avenir ne nous apporte rien, ne nous donne rien ; c’est nous qui pour le construire devons tout lui donner. Mais pour donner il faut posséder…/…trésors hérités du passé, digérés, assimilés, recrées par nous ».
Quand Socrate observe ses concitoyens, il comprend peu à peu qu'il est le plus sage des hommes, parce que lui seul sait qu'il ne sait pas, quand tous au contraire s'imaginent savoir. D’évidence, envisager que chacun doit se transformer lui-même intérieurement, de sorte que toute sa vie d'homme s'en trouve changée est une gageure. C’est naturellement une idée inacceptable pour le despote qui en outre, quand on le renverse sans transformer le mode de pensée, amène à une prise de pouvoir de nouveaux préjugés.
Soulignons qu’à tout cela, s’ajoute la cécité de l’élite politique républicaine qui oublie d’agir avec le citoyen.
Quelle piste suivre ? Oter tous les instruments mécaniques qui dispensent les hommes de penser et les empêchent ainsi de s'y essayer. Il ne s’agit évidemment pas de condamner toute innovation dans le domaine technique mais d’examiner sa nécessité, sous l’œil de l’éthique.
Le trans-humanisme met de côté toute forme de culture autre que celle liée aux techno-sciences. La réflexion, la culture, ne font pourtant pas parties d’une logique marchande essentiellement, (certes, dans la société libérale tout ce qui peut se vendre en faisant appel aux moyens variés d’intoxication publicitaire se monnaye), mais fondamentalement, réflexion et culture sont des obligations naturelles qu’éprouve l’Homme pour accéder à la quintessence, celle de l’art, de l’esprit.
L’homme primitif avait la culture du silex taillé qui le reliait inconsciemment à l’ensemble du cosmos. L’homme d’aujourd’hui est dans la technoculture du geste automatique. Pour se situer dans la nature, il doit s’approcher des écrans que l’idéologie dominante, lui propose.
Si toute l’éducation ne fait qu’alimenter son système nerveux en opinions conformistes, ceci ne laisse aucune indépendance fonctionnelle aux zones du cerveau chargées de la créativité. Aujourd’hui, avons-nous conscience d’être asservis par des... serveurs ? Tous soumis à la mécanique vocale, tous contraints de répondre automatiquement, nous sommes esclaves consentants. Comment être libre quand une grille inflexible nous interdit de concevoir le monde d’une façon différente de celle imposée par les automatismes socio-culturels ? L’expression libre de la pensée est le seul moyen d'assurer un ordre politique qui repose sur le consentement libre, sur la volonté de tous. Les hommes qui raisonnent, ne sont pas à la merci de la moindre épreuve de force. Le prédicateur doit promettre ou faire peur. Il lui faut plaire en disant à la foule ce qu'elle attend et non ce qui est. Argumenter, c'est au contraire s'adresser au libre jugement de l’homme raisonnable sans aucune forme de pression ou d’envoûtement. C’est l’écriture qui garantit la spiritualité sachant qu’un authentique pouvoir spirituel suppose l’absence de police ou sanction, place au rêve peut-être.
Soulignons donc que le pouvoir du spirituel est le garant de la pérennité car sans lui s’imposent les préjugés de l’époque. Face au consumérisme qui ne propose que la satisfaction du désir immédiat, il reste le développement, du spirituel, du caractère de l’intemporalité. Il est de plus en plus difficile de développer les conditions décisives et nécessaires pour assurer le fonctionnement démocratique, c’est à dire l’empathie, le dialogue, chacun reste dans sa tour d’ivoire.
Pour échapper au conditionnement, les adultes peuvent commencer par lire HUXLEY ou ORWELL d’afin de soutenir le véritable contrat social hérité des lumières. A suivre… G.O
Appel du collectif CoLINE (Collectif de Lutte contre
l'Invasion Numérique de l'École),
signé à ce jour par les citoyens et diverses personnalités dont :
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Barbara Stiegler, philosophe, professeur des universités
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Karine Mauvilly, essayiste et Philippe Bihouix, ingénieur, "le désastre de l'école numérique"
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Roland Gori, professeur honoraire de psychopathologie à Aix Marseille, "La fabrique de nos servitudes"
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François Jarrige, historien, "Techno critiques" et "Critiques de l'école numérique"
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Fabien Lebrun, chercheur, "On achève bien les enfants. Écrans et barbarie numérique"
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Stephen Kerckhove, directeur d'Agir pour l'Environnement
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Yves Marry, délégué général de Lève les Yeux ,"la guerre de l'attention"
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Cédric Sauviat, ingénieur, "Intelligence artificielle, la nouvelle barbarie"
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Guillaume Carnino, historien des techniques, "La tyrannie technologique"
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Sabine Duflo, psychologue clinicienne, co-fondatrice de CoSE (Collectif Surexposition Ecrans), "il ne décroche pas des écrans"
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Sylvie Dieu Osika, co-fondatrice de CoSE, "ABCdaire de la première année de bébé"
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Nicolas Bérard, journaliste à "l'âge de faire" et auteur de "Sexy, Linky ?", "5G mon amour", "Ce monde connecté"
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Camille Dejardin, professeur agrégée de philosophie dans le secondaire et docteur en sciences politiques, "Urgence pour l'école républicaine"
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Maurice Sachot, historien, professeur émérite de l'Université de Strasbourg en philosophie et en sciences de l'éducation.
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Aujourd’hui le numérique est partout à l’école. Tableaux interactifs, communication via les ENT (espace numérique de travail), exercices en ligne sur Moodle, exposés sur Powerpoint, MOOC comme supports aux cours, orientation sur des plateformes, et livres remplacés par des manuels numériques : l’école se dématérialise. C’est moderne. Mais est-ce mieux ?
Ce serait pourtant la seule question à poser. L’école accomplit-elle mieux ses missions ?
Nos enfants apprennent-ils mieux ? Sont-ils plus performants, plus épanouis ? Pour nous, parents, la réponse est non.
Mais on ne nous demande pas notre avis : le numérique, c’est le progrès et ça ne se discute pas.
Nous sommes des parents d’élèves de toute la France et nous refusons cette course à la technologie dans cet espace où l’on prétend former des humains capables de comprendre le monde et de faire société. Nos enfants sont en primaire, collège, lycée, et nous affirmons que la numérisation de l’école n’a rien de pertinent, pédagogiquement comme socialement.
FAIBLE INTÉRÊT PÉDAGOGIQUE
Ce que nous constatons, c’est que le remplacement des carnets de liaison et supports d’échanges papier par des espaces en ligne n’améliore pas la communication avec l’institution et les enseignants.
Cela, par contre, induit une logique de surveillance (notes et absences visibles en temps réel, confidentialité des discussions non garantie), dilue l’information (messages importants noyés dans la masse) et fait peser plus lourdement sur les familles la responsabilité de choix déterminants et complexes (procédures d’orientation à faire directement en ligne).
Pour les parents dits "éloignés de l’école", la magie digitale n’opère pas le miracle promis :
ils se retrouvent plus perdus encore. Le déploiement des ENT a des effets délétères sur le lien école-parents, donc sur la scolarité de l’enfant.
"Les écrans ont envahi la vie des enfants."
Les carnets de correspondance et cahiers de textes numériques déresponsabilisent les enfants de leur scolarité. Ils ne sont plus acteurs des transmissions entre enseignants et parents et ne prennent même plus note de leurs devoirs. Ne les écrivant plus, ils ont du mal à s'en souvenir, voire n’en sont pas informés. Ils se connectent alors sans cesse pour être sûrs de "ne rien rater".
Pas droit à la déconnexion non plus pour les parents voulant suivre.
On s’organise moins et on ne décroche pas.
Ce que nous constatons surtout, c’est que plus nos enfants passent de temps sur écran, moins ils arrivent à lire, à écrire, à se concentrer ; c’est que la baisse du niveau scolaire général s’accélère et qu’ils n’apprennent pas mieux.
Des centaines d’études le confirment. Les écrans ont envahi la vie des enfants, mais on pouvait espérer que l’école resterait un lieu où ils en seraient protégés, où le livre conserverait la place centrale qui est la sienne pour former les esprits et stimuler la pensée. Or, désormais, les écrans envahissent aussi l’école et remplacent les livres. Dans plusieurs régions, les manuels scolaires ont déjà disparu des lycées : le livre comme outil d’apprentissage est révolu, banni de l’univers scolaire. Des centaines de millions sont dépensées pour équiper lycéens, collégiens et écoliers de tablettes et d’ordinateurs portables avec lesquels ils sont obligés de travailler à l’école et à la maison et qui entrent dans leurs chambres sans que nous puissions nous y opposer puisque c’est pour « faire ses devoirs ».
Mais soyons honnêtes : la part "pédagogique" est souvent bien minoritaire dans l’usage qu’ils font effectivement de ces outils.
DÉPENDANCE AU NUMÉRIQUE
Après la "continuité pédagogique" grâce au "distanciel" lors du confinement, dont l’institution s’est gargarisée, le déploiement du "numérique éducatif" est à l’origine d’une explosion, incontrôlable pour les familles, de la surexposition aux écrans.
Mais c’est nous parents, qui ne savons pas gérer nos jeunes ! Alors que nombre de médecins alertent sur les dangers de passer plusieurs heures par jour devant un écran, l’Éducation nationale met le numérique au cœur de l’instruction, valide la surexposition comme norme et appelle cela "modernisation de l’école" et "innovation pédagogique". Mutation qu’elle impose sans consulter ni enseignants ni parents et sans l’évaluer. Dans le Grand Est, région pionnière du "lycée 4.0" lancé 2017 et généralisé en 2019, aucune évaluation pédagogique du dispositif n'a été faite.
"Ce que nous constatons, c’est qu’elle démonte l’instruction et ne contribue certainement pas à former des citoyens éclairés."
Dans le jargon ministériel, la stratégie est de
"développer un écosystème global de l'e-Education depuis les contenus et services jusqu'au matériel". Alléger les effectifs de classes pour donner aux enseignants les moyens de faire leur travail et réformer le métier pour susciter des vocations ne fait pas partie des priorités.
Pour éduquer les citoyens de demain, le ministère n’investit pas dans l’humain mais dans la technologie. Et justifie cette débauche numérique en assurant que c’est en immergeant les enfants dans le numérique qu’on en fera des utilisateurs avisés.
Mensonge ! Oui, nous vivons dans un monde où le numérique est partout et oui, il serait nécessaire que les enfants puissent recevoir une véritable éducation au numérique.
Mais éduquer AU numérique n’est pas éduquer PAR le numérique. Or, aujourd’hui, c’est bien une éducation PAR le numérique qu’on développe ; l’éducation AU numérique est pour ainsi dire inexistante.
Dans les bonnes librairies, un HORS-SERIE pratique et édifiant
à conserver sur la table de chevet à la place du portable
La langue française dans tous ses (mauvais) états.
Malgré tous nos efforts et toute notre bonne volonté, nous maltraitons au quotidien la langue française. Chacun peut le constater - « à l’insu de [son] plein gré », comme le disait la célèbre marionnette du cycliste Richard Virenque dans « Les Guignols de l’info ». Il convient de mobiliser notre attention pour mieux rectifier nos erreurs, défendre le patrimoine lexical, garantir un sens commun../... Si certains emprunts à l’anglais se révèlent légitimes ou judicieux, il vaudrait mieux choisir des termes français pour burn-out, surbooking, blockbuster ou débriefer. On n’oubliera pas d’évoquer l’ordre et l’agencement approximatifs de mots menant à des problèmes sémantiques. Baptiste LIGER
L’anglomanie galopante dans les commentaires journalistiques: « L’avion s’est crashé », « Voici le pitch de son dernier film », « L’émission passera en prime-time »,
« On en parle après le jingle », « Il se retrouve dans le top ten », « On passe au débrief de l’actu », « C’est un scoop ! », « Elle a eu droit à une standing ovation », etc. ;
le vocabulaire de (Informatique et de l’Internet : on « surfe sur le Net », on « chatte », on « podcaste », on reçoit des
« newsletters », des « spam », on crée un « blog », on branche sa « box », on repère les « hoaxes ». on se méfie des « hackers », etc.
Si les manipulations sont le mal du siècle, cet ouvrage proposera quelques pistes de réflexion pour s'en prémunir.
L'affaire Cambridge Analytica a permis à la population de réaliser que ce qu'elle pensait relever de la sphère strictement privée (aspirations, dégoûts, croyances et valeurs) était en réalité traçable, prédictible et utilisable notamment pour modifier ses comportements à son insu. Cet ouvrage retrace des opérations qui, testées dès 2014 en zone de guerre, ont servi de test permettant d'améliorer de la méthode.
Cet essai analyse la transmissibilité de ces opérations dans le domaine civil, de l'entreprise aux organisations qui opèrent dans des environnements de plus en plus concurrentiels, où les évolutions sont rapides et les enjeux importants. En utilisant des théories de psychologie sociale, cet essai analyse et vulgarise les mécanismes à l'œuvre dans ces opérations d'influence. Il présente les valeurs qui forment les personnalités par un glissement du cognitif vers l'affectif, ce qui participe a transformé la force des organisations en faiblesse. En outre, ces actions bénéficient de la viralité permise par les nouvelles technologies. La dernière partie présente les différents éléments qui font de cette manipulation un mal certes consenti, mais loin d'être sans douleur.
A propos des « influenceurs ».
On s’est aperçu que la « viralité » était un élément non trivial dans la persuasion. Plus vous allez voir un contenu, plus vous allez avoir tendance à être familiarisé et à y adhérer, puisqu’il suffit que vous soyez exposé à une image même sans l’avoir cherchée, pour qu’elle ait un impact sur votre psychologie. Ce sont les études notamment de « Weis et Berger ». Plus un contenu va avoir une charge émotionnelle forte plus il aura tendance à être viral et sera partagé. Une communauté qui est homogène d’un point de vue idéologique aura tendance à repartager plus facilement le même contenu. Il y a des modèles qui permettent de comprendre comment polariser une communauté. En règle générale on parle de "nœud actif" quelqu’un qui diffuse un contenu. Plus il y a de liens entre ce "nœud actif" et ce que l’on appelle des "nœuds inactifs", ou des gens qui sont un peu plus neutres, plus on aura une polarisation.
Si vous êtes par exemple dans un groupe de douze et que vous avez trois « actifs » donc neuf « inactifs » restants, plus le nombre d’interconnexions de « voisinage » sera important entre « actifs et inactifs » plus la polarisation sera importante. Logiquement ce que l’on appelle le "brise glace" ou « l’icebreaker », est une polarisation de communauté.
D’autre part dans les observations de terrain, quand il y a une nécessité d’avoir une action commune supérieure, cela peut ralentir voir inhiber cette polarisation de communauté.
En clair, si tout le monde veut croire à une idée on est en présence alors d’interconnexions fortes entre les « actifs » et les « inactifs ». Si toute cette communauté a pour finalité d’aller mener une action réelle, cette nécessité d’arriver à l’action peut inhiber un peu la polarisation. Cette question se reposera si à un moment il n’y a plus l’action commune à mener.
Comme souligné précédemment concernant l’amplitude de la charge émotionnelle, une émotion négative de petite charge donc de petite amplitude sera toujours moins virale qu’une émotion positive de grande amplitude. On a toujours tendance à penser que la peur, la colère vont être particulièrement virales, il n’en est rien selon différentes études menées à ce sujet. A charge émotionnelle comparable, les émotions positives resteraient plus virales.
Berger et Milkman défendent l’idée que nous partageons prioritairement des contenus
« futiles ou émotionnels ».
En effet, la probabilité de partage des contenus futiles est bien plus importante que tout autre contenu puisqu’il sont théoriquement accessibles à tout le monde.