top of page
révisé le :
24 septembre 2024

GLOSSAIRE

Aboulie : trouble caractérisé par une diminution de la volonté, par une incapacité à agir, à décider. Certaines personnes n’ont pas d’initiative tandis que d’autres sont incapables de passer à l’action. Une cure psychanalytique peut permettre d’améliorer la situation.

 

Absolu : problème fondamental en philosophie. Ce qui existe indépendamment de toute condition ou contrainte. « La réflexion philosophique, nous conduit à l’absolu, mais elle requiert une patience et un travail infinis. La foi religieuse, l’amour romanesque, le suicide ne sont qu’une impatience de l’absolu. HEGEL ». L'absolu est présent en toute action effective, dans le bonheur d’agir ou de découvrir mais seule la réflexion philosophique nous permet d’avoir une connaissance de ces moments privilégiés.Absurde : ce qui est contraire à la raison, illogique, insensé, dépourvu de sens. Selon Camus et Sartre l’expérience authentique de l'existence est l’expérience de l’absurde, seule l’action est la seule manière de donner un sens à notre existence.

 

Agapé : le banquet fraternel. Non seulement un précepte moral mais également une forme de bonheur en participant à une vie divine.

 

Agnosticisme :une doctrine philosophique qui rejette toute métaphysique et déclare que l’absolu est inaccessible à l’esprit humain. L’agnostique s’oppose aussi bien au « gnostique » (qui magnifie, la croyance irrationnelle), qu’au « dogmatique » (qui affirme ses raisonnements rationnels comme vérité absolue).

 

Aliénation : abandon ou perte d’un droit naturel. Elle désigne la privation du sens social, l’impossibilité de mener une vie normale. La vie anormale peut être celle du génie ou simplement de l’étranger qui arrive dans notre société. Selon le Marxisme, l’ouvrier est aliéné parce qu’il est traité comme une chose, comme un instrument de travail et n’est pas « intéressé » personnellement par un travail dont le produit et le bénéfice lui échappent.

 

Altruisme : une disposition à s’intéresser à autrui, à manifester de la générosité et du désintéressement. Terme créé par A. Comte vers 1830 pour désigner le souci du bien d’autrui. En fait, l’altruisme (comme l’égoïsme, qui est son contraire) suppose la constitution de la personnalité, la formation de la conscience individuelle. Il n’y a donc pas d’instinct originaire, nous sommes responsables de notre altruisme comme de notre égoïsme.

 

Ambiguïté : caractère de ce qui est obscur, polysémique dans le langage. Le système de Merleau-Ponty est une philosophie de l'ambiguïté, dans la mesure où l’homme authentique est à la fois celui qui pense et celui qui agit, celui qui se retire du monde et celui qui s’engage.

 

Ambivalence : fait de présenter deux aspects qui s’opposent ou non de façon radicale. L’ambivalence politique d’un homme d’État. Dostoïevski révèle, dans la littérature, le caractère ambivalent de l’âme humaine, qui aspire à la pureté au moment même où l'individu s’adonne à la débauche, ou qui hait au moment où elle aime.

 

Ame : principe de sensibilité qui s’oppose à celui de la pensée, de la raison, de l’esprit. Elle est conçue comme immortelle, dissocié du corps de l’être humain. Le problème de l’union de l’âme et du corps a été traité par Descartes tandis que celui de l’immortalité de l'âme a été développé d'une manière exceptionnelle dans le Phédon de Platon.

 

Amoralisme : philosophie niant tout fondement à la morale. L’amoral n’est pas l'immoral. C’est celui qui n’a aucune conscience du bien et du mal, aucune conscience de l’existence même de jugements moraux. Nietzsche a montré que l'amoralisme au sens social est l’état ordinaire des grands créateurs quant à Bergson, il écrit dans «  les Deux Sources de la morale et de la religion », que ceux qui ont été considérés en leur temps comme de « grands criminels » pour avoir honoré d’autres valeurs ou d’autres dieux que ceux de la cité (tels Socrate et le Christ) étaient en fait les plus grands moralistes de l’humanité.

 

Angoisse : se caractérise dans les philosophies existentialistes, par l’inquiétude métaphysique, causée par la mise en relation de la réalité du monde et de celle de l’être humain. l’angoisse ne se rapporte à aucun objet particulier, d’où son caractère global et plus profondément inquiétant : c’est tout le psychisme de l’individu qui est ébranlé. L’angoisse de la mort elle-même est extrêmement vague et n’est accompagnée d’aucune représentation précise, simplement d’un sentiment de chute et de « dissolution » de toutes nos représentations (Hegel).

 

Animisme : attitude, croyance, religion selon laquelle les animaux, les objets et les phénomènes naturels ont une âme. Cet animisme aboutit à la sorcellerie, à la magie (dont l’objet est de dominer ou de détourner ces forces mystérieuses). Par un processus de personnification, il donne naissance au « fétichisme», puis aux diverses religions, en passant par le « polythéisme ». L’animisme identifie le principe de la pensée et celui de la vie organique (théorie psychologique de Stahl).

 

Apathique : une personne sans énergie, sans réaction, inactive, amorphe.

 

Aphasie : trouble de l’expression, de la compréhension du langage oral ou écrit, causé par une lésion localisée du cortex cérébral.

 

Apodictique : en logique, une évidence absolue, une vérité nécessaire. Pour Kant, des jugements peuvent être « apodictiques » quand on regarde l’affirmation et la négation comme « nécessaires ». Par exemple, «tout cercle a un centre». L'attribut découle nécessairement du sujet. (Critique de la Raison pure). Il est impossible de douter.

 

Art : une expression par l’être humain d’un idéal esthétique, d’un sens de l’harmonie ou d’un intérêt pour des recherches formelles ou conceptuelles. L’histoire de l’art nous amène à dissocier la beauté d’une œuvre d’art et la représentation d’une chose, belle. L’art peut être beau et évoquer la charogne (Baudelaire), le vil (la Goulue de Toulouse-Lautrec), le grotesque (le Nain de Vélasquez), l’horrible (Bosch). Sa fonction est de nous révéler ce que Malraux appelle la « part nocturne du monde », celle qui échappe à notre regard quotidien et que les convenances ou les traditions sociales nous détournent de regarder. Goya dénonçait la représentation du beau comme un « mensonge » et un « aveuglement ». L’art est éminemment réaliste : sa fonction n’est pas d’exprimer la beauté, mais de bien exprimer le réel. Ce qu’une œuvre exprime d’une manière authentique possède une réalité indépendante de nous : les œuvres de Van Gogh expriment une certaine vision tragique du monde ; nous pouvons ne pas avoir envie de regarder un Van Gogh, mais nous ne pouvons pas faire que le tragique n’existe pas dans ses œuvres. C’est en ce sens que l’œuvre d’art possède une réalité objective indépendante de la sensibilité de chacun.

 

Ascèse : un état volontaire d’austérité.  C’est un ensemble de règles de conduite morale et physique ayant pour but de conduire à un perfectionnement spirituel, à une libération de l’esprit. L'ascétisme est la méthode morale qui consiste à satisfaire le moins possible les instincts de la vie animale, à maîtriser ses désirs et à dominer les sensations de plaisir et de douleur. Une technique précise est celle du « yoga », dont les philosophes de l’Antiquité, tel Plotin, avaient déjà ouï-dire ; en occident l’idéal le mieux connu est celui du « saint ».

 

Assertorique : un jugement qui énonce une vérité de fait. Kant donne comme exemple l’énoncé : « L’homme est doué de Raison. » Par opposition à apodictique (jugement qui énonce un attribut découlant nécessairement du sujet : par exemple, « tout cercle a un centre »).

Athéisme : Doctrine de l’athée, selon laquelle Dieu n’existe pas. Il y a des gens, dit Nietzsche, qui ne se sont jamais souciés de l’existence ou de la non-existence de Dieu, leur premier et unique souci étant celui des affaires humaines, de la situation de l’homme et de sa destination. Feuerbach et Marx ont fait la théorie moderne de l’athéisme : toute croyance en Dieu est une « aliénation », une fuite devant la réalité, devant le problème fondamental, qui n’est pas celui de l’existence de Dieu, mais de l’avenir de l’homme.

 

Atomisme : Doctrine philosophique des Grecs anciens, comme Démocrite, qui considéraient que la matière était formée d’atomes se combinant de façon fortuite et mécanique. Aujourd’hui, le problème de l’atomisme est abordé par la science ( la microphysique). Avec l’apparition de la mécanique ondulatoire (Louis de Broglie), la science considère les atomes comme des points de concentration d’une énergie partout diffuse.

 

Autonomie : c’est la liberté, l’indépendance matérielle, intellectuelle ou morale d’une personne, d’une collectivité, d’un organisme. L’autonomie s’oppose à l’anarchie, qui se caractérise par le refus de toute loi. L’autonomie est la notion fondamentale de la morale de Kant : lorsqu’un individu agit sans principes, c'est qu'il n’a point de scrupule (anarchie morale). Lorsque la loi lui est imposée du dehors, la conduite droite n’a aucune valeur morale ; l’individu ne fait qu’obéir (« hétéronomie » : loi qui vient d’un autre). C’est seulement lorsque l’individu s’impose â lui-même une loi qu’il agit moralement ; en outre, il réalise ainsi sa liberté, qui ne peut se réaliser dans le vide, mais seulement « par l’intermédiaire d'une loi ». Sur le plan psychologique, on peut dire que la vraie liberté consiste non pas à ne pas travailler, mais à faire le travail que l’on veut.

 

Axiome : Vérité indémontrable, qui s’impose avec évidence et considérée comme universelle.

 

Bergson Henri : Philosophe français. Philosophe de l’intuition, il s’oppose au positivisme scientiste et matérialiste et à l’intellectualisme formaliste de Kant. Sa réflexion part d’une philosophie du moi psychologique (Essai sur les données immédiates de la conscience, 1889; Matière et Mémoire, 1896), s'approfondit dans une intuition de la vie (l’Évolution créatrice, 1907), s’épanouit enfin dans une philosophie de l’esprit (les Deux Sources de la morale et de la religion, 1932). Sa théorie du « moi profond », sous-jacent à la personnalité « sociale », et identique à l’expérience intérieure de la durée, sa morale « ouverte » des génies créateurs sont restées célèbres. Bergson a aussi exprimé la réflexion philosophique certainement la plus juste sur la théorie de la relativité, confirmée par les longs entretiens qu’il a pu avoir avec Einstein (Durée et simultanéité, 1922).

Bonheur : un état de grande satisfaction, de plénitude, de bien-être. Pour l’hédonisme le bonheur est la fin dernière de l'homme. Pour le christianisme, c’est la vertu qui est le but dernier et la vertu consiste à mériter le bonheur, mais sa possession n’a en elle-même aucune valeur morale (Kant). Fichte, et A. Gehlen redonnent une valeur positive au bonheur, où ils voient une forme de sagesse qui n’advient qu’en celui qui se connaît parfaitement et sait satisfaire aux tendances fondamentales de son être. Le bonheur idéal « est la satisfaction de toutes nos inclinations » (Kant), pour être réellement heureux il faut savoir se limiter à ses inclinations les plus profondes. C’est en ce sens que le « bonheur » n’est pas réductible au « plaisir ».  Ceux qui traitent du bonheur n’ont pas tort de mépriser le plaisir, qui, en effet, bien promptement « rassasie et dégoûte » (Alain). Le bonheur n’est jamais donné, il résulte toujours d’une activité de l’homme.   On l’identifie le plus souvent au travail libre, et on distingue le « plaisir » ou la « joie », qui peut nous venir des événements et le « bonheur » ou « béatitude », que nous tirons de nous-même et qui est toujours à notre portée. Cependant le bonheur le plus fort et le plus pur est-il souvent le plus primitif ou encore celui qui s'identifie avec le sentiment de vivre et d’agir : « Le bonheur, c’est la saveur même de la vie... Agir est une joie... Toute vie est un champ d’allégresse » (Alain). Si le bonheur est le but commun que tous les hommes cherchent à atteindre il reste subjectif. Les philosophies de l’Inde l’assimilent au sentiment de plénitude sereine provoqué par la beauté (satisfaction du désir sensoriel, écouter de la musique, peindre un tableau, admirer un paysage), le gain (satisfaction du désir matériel) et la bonté (sentiment de plénitude qui apparaît quand on partage avec autrui la beauté et le gain). Le bonheur jaillit de l’intérieur de la vie.

 

Bouddhisme : Bouddhisme est un terme occidental qui n’existe pas dans les langues de l’Asie. Ce terme est fabriqué en Europe aux alentours de 1820.  C’est une doctrine religieuse fondée en Inde par le Bouddha Sâkyamuni. Le bouddhisme est moins une forme de pensée qu’un art de vivre, moins une philosophie qu’une religion. Il est perçu à tort comme une figure du nihilisme ou une doctrine du néant.

« Le nirvana n’est pas abolition dans la vacuité ».

La vacuité est un concept ontologique qui est dans le bouddhisme une double négation « ni ceci ni cela ou encore ni être ni non-être ».

Le nirvana est un concept pratique qui caractérise l’état final du cheminement.

Le bouddhisme affirme une base réelle en deçà des imputations imaginaires, mais il ne reconnait pas une existence substantielle des choses. La réalité vue par l’humain, n’est que relative.  De nombreux philosophes, dont Hegel, Nietzsche ou Heidegger se sont égarés dans leurs analyses des fondements de l'arbre Bouddhique dont la scolastique est particulièrement ardue.

Cancel culture : ce terme vient des Etats-Unis. C’est la culture de l'annulation et un appel à la censure d'une personne, physique ou morale, après que cette dernière ait eu des propos, des actes jugés problématiques, des opinions racistes, sexistes ou encore à l'encontre des personnes LGBT. Elle ne résout pas forcément tous les fléaux de notre société contemporaine. Ce phénomène se manifeste particulièrement sur les réseaux sociaux. La cancel culture, normalise les tentatives pour faire taire les opinions considérées comme illégitimes. On la voit aujourd’hui défendue, outre-Atlantique par des militants radicaux. En France, la liberté d’expression est encadrée par la loi, mais en Amérique du Nord elle ne peut guère être modérée que par la mobilisation publique. Ce n’est plus le droit qui la régit, mais les citoyens, au risque de l’arbitraire et de la guerre civile en gestation.

Capital (le) : oriente sur une voie nouvelle l’économie politique et découvre à la philosophie tout l’univers de la « sociologie du travail ». Marx y décrit les « contradictions du capitalisme» et dégage un certain sens de l’évolution de l'histoire. L’injustice fondamentale du capitalisme résiderait dans l’exploitation de l’ouvrier. L’exploitation consiste en ceci : le patron embauche des ouvriers pour un travail déterminé, par exemple charger un camion ; le patron paiera 4 heures de travail ; puis il sélectionnera les ouvriers les plus forts, capables de charger en 3 heures ou moins, et imposera 2 chargements de camion en 6 heures au lieu de 1 et demi, toujours au même prix de l'heure. C’est la célébre théorie de la plus-value : le bénéfice supplémentaire revient au patron. L’injustice vient au fond de ce que le patron achète non pas le produit du travail, mais une « capacité de travail » (le travailleur lui-même), ce qui constitue du point de vue humain une forme d’esclavage.·       Les principes fondamentaux du capitalisme sont l’entreprise privée et la liberté du marché. C’est la libre concurrence qui stimule l’économie, améliore la qualité des produits et modère les prix. L’époque héroïque du capitalisme fut celle des chevaliers de l’industrie (Rockefeller, Morgan).

 

Cartésianisme : la philosophie de Descartes, mais on désigne dans ce courant les philosophies de Leibniz, Spinoza ou Malebranche. Au XVIIIe siècle, le cartésianisme est invoqué à la fois par les idéalistes, les spiritualistes, qui se réclament de Malebranche et de la métaphysique de Descartes et par les matérialistes (Diderot, d’Alembert), qui se réclament de sa physique. Le point de départ de ses « médi¬tations », qui font table rase de tout ce que nous savons pour reconstruire un savoir certain et véritable, a directement inspiré les Méditations cartésiennes de Husserl, un des exposés les plus complets de la « phénoménologie » moderne.

Casuistique : Partie de la théologie qui traite des cas de conscience. Analyse minutieuse d'un sujet spécifique dans un cadre d'une discipline donnée. La casuistique des images cliniques du coronavirus est si large que des traitements spécifiques devront sûrement être conçus pour chaque type de manifestation, selon les experts. 80% des cas sont bénins et sans aucun traitement, la personne se rétablit. (Breakingnews)

 

Catharsis : En psychanalyse, libération émotionnelle liée à l’extériorisation de souvenirs longtemps refoulés d’événements traumatisants. Selon Aristote, le spectateur d’une tragédie expulse de soi les tendances brutales ou criminelles, latentes chez tout homme, en les voyant mimer devant lui.

 

Catholicisme : Religion chrétienne qui reconnaît l’autorité de pape en matière de dogme et de morale. Le problème est de savoir s’il existe une religion déterminée et naturelle au cœur humain. Il semble, au contraire, que la foi naturelle à l’homme prend un contenu différent avec les progrès de la culture et de l’étude. Le catholicisme s’est infléchi dans le sens d’une religion fondée non sur la réflexion ou sur une révélation précise (la Bible), mais sur l’autorité de l’Église, qui se présente non seulement comme une inspiratrice et un guide, mais comme un juge infaillible. Les principaux dogmes sont les mystères de la Trinité et de l’incarnation, la rédemption des péchés par la mort du Christ et les sept sacrements.

 

Caverne (la) : allégorie où Platon ( VIIe livre de la République) compare notre connaissance par sensations à celle d’un prisonnier qui serait enchaîné au fond d’une caverne et qui ne verrait que les ombres des objets réels, projetées sur les murs par la lumière du soleil. Il ne connaîtrait ni les causes des objets qu’il voit (les objets réels) ni celles de sa vision (le soleil).

 

Cérébrotonique : un des trois types morphophysiologiques et psychologiques, caractérisé par une apparence juvénile et mince, une grande sensibilité à la douleur, un caractère timide, introverti et intellectuel ainsi qu’un instinct sexuel précoce. Le cérébrotonique est un introverti qui présente des troubles d’insomnie, de fatigue chronique.

 

Chinoise (philosophie) : Confucius est le premier, à donner à la religion traditionnelle de la Chine une formulation philosophique. Il en a systématisé les principes, en a dégagé une morale de l'effort, dont l’idéal est celui de l'homme supérieur, le kiun-tseu. La philosophie chinoise est restée une réflexion sur la tradition sociale et religieuse. On distingue le confucianisme, dont les deux plus grands représentants furent Mong-tseu (philosophe optimiste) et Siun-tseu (philosophe pessimiste). Le taoïsme rassemble presque toutes les écoles du Moyen Âge, un mélange de mysticisme, de ritualisme et de morale confucianiste.

 

Christianisme : Ensemble des religions fondées sur l’enseignement de Jésus-Christ. Par rapport au judaïsme (qui ne demande pas de « croire », mais de « faire » et d’« étudier»), c’est d’être une religion de l’intériorité, qui ne s’exprime pas directement dans une morale, mais dans une croyance. Le christianisme est une attitude spirituelle. La formule la plus cohérente s’en trouve dans l’Évangile selon saint Jean. Le caractère du christianisme est d’être une religion du cœur, une religion populaire qui s’oppose à la religion, en principe savante, qui se fonde sur le texte difficile de l’Ancien Testament. Nietzsche, et Marx, y voient la « religion des esclaves » et des humbles qui, ne trouvant pas à s’épanouir dans le monde physique, se réfugient dans une attitude spirituelle de soumission : « Ils adorent l'esprit parce que leur corps est bafoué. », tandis que Bergson,  glorifie le christianisme, qui a révélé à l’humanité les nouvelles valeurs de la charité et de l’amour du prochain.

Chthonien : ce qui concerne les divinités infernales ou telluriques de la mythologie grecque du monde souterrain, opposées aux divinités célestes. Dans leur exploration complexe de la psychose, les auteurs ont souvent fait appel à des figures chthoniennes, ces divinités de la mythologie grecque, pour illustrer les bas-fonds obscurs de l'esprit humain

 

Communication : le fait de communiquer, d’établir une relation avec quelqu’un ou quelque chose. Cette relation s'accomplit entre autre par le langage ; toutefois la plupart des hommes ne considèrent le langage objectif que comme un moyen imparfait de communiquer réellement. Le discours n’est toujours qu’un « moyen » d’expression, au service d’une personnalité irréductible à ce qu’elle dit (c’est pourquoi deux êtres ne se seront jamais tout dit, un fois pour toutes). Mais le langage est aussi le seul type objectif de communication qui respecte intégralement la personnalité d’autrui et lui fasse pleinement droit : il faut un haut degré de culture et une longue initiation pour savoir que le langage est fait pour converser et échanger des idées. Les philosophies de la « communication » recherchent les lois qui régissent les rapports entre les hommes. Leur problème fondamental est celui de la connaissance d’autrui. Pour Platon comme pour Sénèque, c’est I’« amitié » qui constitue la relation interpersonnelle la plus pure. Pour Kant, c’est le respect et  pour Max Scheier, la « sympathie ». Les philosophies de la communication sont également représentées par M. Buber en Allemagne et E. Levinas en France. Les psychologues comme Lagache ramènent la communication à la notion fondamentale d'« influence », que Fichte, dans sa Théorie du droit, a définie comme « l’action d’une liberté sur une autre liberté », en quoi elle s’oppose à la violence aussi bien qu’à l’indifférence.

 

Communisme :  doctrine sociale, économique et politique fondée sur la propriété collective des moyens de production et la suppression des classes sociales. On trouve l'idée d'un tel régime de vie communautaire dans la République de Platon. La doctrine de Marx et Engels  à connut un retentissement immense : ils furent les premiers à préconiser la mise en commun non seulement des biens de consommation, mais des biens de production. le communisme demeure un idéal, celui d’une vie communautaire parfaitement intégrée, où l’individu, ayant fait abstraction de tous ses instincts personnels, vivrait totalement pour le groupe. Malgré les apparences, le communisme appartient au domaine de la philosophie et de l’utopie.

 

Complotisme : la croyance en une théorie du complot dont l’origine est souvent attribuée à un groupe occulte. La théorie du complot est un discours qui cherche à faire apparaître, derrière les événements visibles, une trame invisible où des agents tirent les ficelles de ce qui advient. Le complotisme, est une une vision du monde, qui conçoit tout ce qui se déroule historiquement sous l’angle de la machination délibérée. Les théories du complot persistent et persévèrent dans le temps sur les réseaux sociaux. Les « Intelligences Artificielles » vont bouleverser notre rapport à l'image, au texte et à la réalité. Que  va-t-on tenir pour réel dans les années qui viennent ?

Comte : est le philosophe du positivisme. Le positivisme représente pour lui le dernier stade de l’humanité, qui s’est élevée peu à peu du « stade théologique », où l’on explique tout d’une manière magique, au « stade métaphysique», où l’explication se contente de mots (la scolastique du Moyen Âge : « Pourquoi le pavot fait-il dormir ?  Parce qu’il a une vertu dormitive »). Au « stade positif », où expliquer signifie « donner la loi ». Nous ne connaissons rien d’autre que l’expérience. « Il n’y a qu’une maxime absolue, c’est qu’il n’y a rien d'absolu. » A. Comte est le fondateur de la sociologie, qu’il concevait comme une « physique sociale », par une simple application des méthodes de la physique à la société. Sa morale se réduit à l’altruisme.

 

Concept : Idée générale, représentation mentale et abstraite que l’on a d’un objet. Platon  dans son dialogue « le Théétète » explique que les concepts trouvent leur origine dans l’esprit et non dans l’expérience. L’esprit passe de la constatation du cas particulier (Pierre est un homme grand) au concept général de la grandeur. Pierre est grand par rapport à Paul, petit par rapport à Jacques. Tous les concepts de l’expérience sont relatifs, le concept en soi de la grandeur vient de l'esprit et non de l’expérience. Le problème philosophique est celui de la réalité des concepts : on distingue les « empiristes » ou « nominalistes », pour qui le concept n’est qu’un mot (Locke, Hume), et les «rationalistes», qui lui confèrent une réalité dans l’esprit (Platon, Kant).

 

Conceptualisme : les concepts sont les produits d’une construction de l’esprit, distincts des objets du monde auxquels ils s’appliquent et des signes ou mots qui les nomment. Nos idées générales se manifestent à l’occasion d’expériences particulières : par exemple, la notion universelle de la justice peut être éveillée en nous au spectacle d’une injustice particulière, bien que l’idée en elle-même existe de façon latente dans notre esprit avant cette expérience. C’est la théorie d’Abélard et le nom de «conceptualisme » a été donné à celles d’Aristote et de Kant. Le conceptualisme se présente comme une synthèse de l’empirisme et du rationalisme.

 

Conditionnement : on renforce un comportement par la recherche d’une récompense provoquée par un stimulus. Des méthodes de conditionnement psychologique (allant de la simple « influence » au « lavage de cerveau ») étaient employées par les armées du Viet-Minh pendant la guerre d’Indochine et chinoises pendant la guerre de Corée, pour créer la conscience politique de leurs troupes et pour entraîner les populations à se ranger aux côtés de l’armée révolutionnaire. En temps de paix, les moyens de l’information (radio, journaux, cinéma et télévision) permettent d’éduquer une nation et de former l’opinion sur les problèmes économiques et politiques. Lorsque cette éducation est « dirigée » par l’État ou par certains syndicats, voire par certains partis, elle peut « conditionner» la conscience politique des différents groupes professionnels, régionaux, et même de la nation tout entière.

 

Confucius : en chinois K’ong-tseu, philosophe chinois. Sa pensée, le confucianisme, prône une morale respectueuse de l’ordre et de la vertu et a profondément influencé la civilisation chinoise. Son enseignement porte sur la morale, prêchant l’effort vers le bien, la culture de la personnalité, qui seule est capable de rendre possible une société harmonieuse. L’amitié (yen) et l’équité (yi) sont pour lui les deux vertus cardinales. Confucius s'est vu élever des temples publics à partir du Ve siècle de notre ère. Il fut le philosophe officiel de la Chine impériale. Le culte de Confucius a cessé d’être un culte officiel avec la révolution de 1912 et, depuis cette date, l’enseignement de la morale de Confucius (fondée sur l’ordre, le respect des traditions) n’est plus obligatoire dans les écoles.

 

Connaissance : ensemble des choses connues, du savoir.  Le problème de l'origine des connaissances humaines est celui de savoir si elles procèdent de l’expérience (empirisme) ou de la raison (rationalisme). On a été amené à penser que si le contenu de nos connaissances se développe avec l’extension de notre expérience, avec les progrès de la science, la forme même de toute compréhension humaine, les « principes » de la connaissance sont d’origine rationnelle et communs à tous les esprits humains (tel est le « conceptualisme » de Kant.  Le problème de la nature de la connaissance nous amène à distinguer diverses formes de connaissance, notamment celles qui relèvent de l’esprit de finesse (par exemple, la compréhension qui lie le médecin clinicien à son malade) et celles qui relèvent de l’esprit de géométrie (par exemple, la connaissance mathématique ou physique). Le premier type de connaissance est requis dans toutes les « sciences humaines » (psychologie, sociologie, pédagogie, etc.) ; le second type convient aux sciences du monde. Enfin, le problème de la portée de notre connaissance est celui de savoir si nous pouvons parvenir à l’absolu et à la connaissance de la nature intime des choses, comme le pense le dogmatisme (Platon, Hegel), ou si notre connaissance reste limitée au monde des phénomènes sans ne pouvoir jamais se prononcer sur les trois problèmes fondamentaux : de la nature de la matière, de l'essence de l’âme humaine (et de son immortalité) et de l’existence de Dieu (et de sa nature), comme le pense l’agnosticisme (Kant, A. Comte).

​Conspirationnisme : les théories du complot se développent grâce à nos failles cognitives. « Je ne comprends pas pourquoi les gens se passionnent pour de faux complots, alors qu’il en existe tant de vrais. » Julian ASSANGE

Consumérisme : une idéologie économique ou mode de vie accordant une place capitale à la consommation. En 2008 lors de la crise financière George Bush demande aux citoyens américains de recommencer à consommer au plus vite ainsi les gens seront plus heureux. Les effets du consumérisme ont été étudiés par de nombreux psychosociologues et leurs recherches démontrent que les individus les plus portés à la consommation sous toutes ses formes sont nettement moins satisfaits de leur vie, sont anxieux et physiquement en moins bonne santé que ceux qui mettent l’accent sur les valeurs fondamentales de leur existence à savoir le souci d’autrui, l’amitié, le sentiment d’être un humain responsable. La société de consommation est fondée sur le culte du désir, de la richesse et du statut social, en conséquence l’importance de la qualité de l’environnement est reléguée au second plan.

 

Contemplation : concentration, méditation intellectuelle ou spirituelle. Toute contemplation implique une certaine joie, liée d’abord à l’expérience profonde du repos : la première forme de contemplation était, chez les Anciens, celle du ciel étoilé. Les philosophes grecs et à leur suite les mystiques, la placent au-dessus de la pensée discursive (c'est-à-dire des raisonnements de l’esprit). C’est une croyance répandue en Inde que la contemplation peut faire des « miracles » et d’abord sur nous-mêmes, en nous rendant insensibles à la douleur et en nous amenant, par l’intermédiaire du yoga, au salut et au monde du (nirvana). La contemplation s’oppose à I’« action » ; on l’identifie souvent à la recherche désintéressée, à la spéculation.

 

Contrat Social (Du) : convention entre les membres d’une société, entre les gouvernants et les gouvernés. L’œuvre de J.-J. Rousseau (1762). C’est un vaste ouvrage resté inachevé, ce traité s’efforce de concilier l’aspiration des individus au bonheur avec les exigences de la vie sociale, les libertés individuelles avec la soumission des individus à l’intérêt général. Rousseau y exprime son idéal républicain en quatre parties : 1° renonçons à nos droits naturels au profit de l’État, qui, par sa protection, conciliera l’égalité et la liberté ; 2° le peuple tout- puissant sauvegarde, par le truchement d’un législateur, le bien-être général contre les groupements d’intérêts ; 3° la démocratie doit maintenir sa pureté par des assemblées législatives ; 4° il faut créer une religion d’Etat. L’ouvrage devait inspirer la Déclaration des droits de l’homme et l'éloquence des Conventionnels, tout en soulignant les dangers possibles d'une tyrannie populaire.

 

Cosmogonie : théorie de la formation des corps célestes. On différencie une cosmogonie spiritualiste, pour qui la matière, la formation des étoiles et des planètes résulteraient de la condensation d’une énergie en elle-même non matérielle (Leibniz) et une cosmogonie matérialiste, qui place l’atome matériel à l’origine de toutes choses et déduit l’énergie du mouvement des atomes les uns sur les autres (Descartes, Kant, Laplace). Il existe les théories dites « catastrophiques», dont celle de Buffon fut la première et qui expliquent la naissance du système solaire par la rencontre d’une comète et du Soleil.

 

Cousin (Victor) : philosophe et homme politique français. Disciple de Maine de Biran et promoteur de I’« éclectisme », sa maxime, empruntée à Leibniz, était que « les systèmes sont vrais par ce qu’ils affirment, faux par ce qu’ils nient ». Il s’efforça donc de combiner les idées de Descartes, de l’école sensualiste écossaise et de Kant. Il préconisa finalement l’alliance des « deux sœurs immortelles » : la philosophie et la religion. Cousin fut, avec Gérando, le fondateur en France de l’histoire de la philosophie ; les systèmes, selon lui, se réduisent à quatre : le sensualisme, l’idéalisme, le scepticisme et le mysticisme.

 

Criticisme : philosophie fondée sur la critique de la valeur de la connaissance. Toute doctrine fondée uniquement sur la réflexion sur soi. (Elle s’oppose au dogmatisme.) Kant fut le promoteur du criticisme : il substitue à la question de l’origine du monde (qui était celle de la théologie et de la philosophie classique) celle du fondement de notre connaissance. Toute philosophie qui, au lieu de vouloir connaître le monde (ce qui est l’objet de la science), analyse notre conscience du monde est une philosophie critique. On voit que le criticisme remonte à Platon et que sa vocation est d’être un idéalisme. Les philosophes critiques, après Kant, furent, J. G. Fichte (la philosophie critique s’oppose alors à la philosophie de la nature, de Schelling), H. Cohen (pour qui elle se réduit à une théorie logique de la connaissance), W. Dilthey (qui étend la réflexion critique au domaine des sciences humaines), E. Husserl (qui fonde la connaissance intellectuelle sur l’intuition, la critique sur la phénoménologie), et E. Lask (qui fait, la synthèse du criticisme et de la phénoménologie).

Croissance : l’extension, l’augmentation progressive. La majorité des économistes définissent la croissance en termes de richesses. Herman Daly estime qu’au 21°siècle l’extension économique oublie de comptabiliser les coûts des dégâts environnementaux qui dépassent désormais les profits engendrés. Tim Jackson estime que la croissance telle que nous la connaissons aujourd’hui ne peut pas se poursuivre. Une croissance outrancière va à l’encontre du bien être de milliards d’êtres humains débouchant sur une « récession sociale ». Les bienfaits de la croissance sont distribués de manière inégale, 5% de l’humanité reçoivent 80% des revenus mondiaux. Enfin la plupart des intellectuels et scientifiques se sont accordés sur le fait qu’une croissance économique illimitée est impossible en raison des limites écologiques planétaires. Selon Gustave Speth, la dégradation accélérée de la Terre  est due aux faiblesses systémiques du capitalisme du 21°siècle qui nous a amenés au seuil de l’abondance et au bord de la ruine.

 

Culture : ensemble des connaissances acquises dans un ou plusieurs domaines par un individu. (culture a la même racine que culte et implique un respect religieux de la tradition). C’est également une forme de civilisation : « une culture ». On distingue plusieurs types de culture, en ce sens que chaque société possède ses institutions particulières qui expriment en général son passé spirituel. Mais la notion de culture garde toujours un sens normatif et est synonyme d’humanisme : on ne parle pas de culture barbare (culture anthropophage, ou culture militaire, fondée sur la violence), mais de la culture indienne, ou chinoise, qui s’exprime aussi bien dans ses mœurs policées que dans son acquis culturel proprement dit.

 

Cybernétique : ou pilote, c’est l’art de gouverner. Platon utilise ce terme dans ses dialogues, puis Ampère en 1834 dans sa « classification des sciences ». Au 21°siècle il est associé aux recherches sur les machines automatiques. Le problème général posé par la cybernétique est de savoir si l’on peut « créer de l’intelligence » avec des machines, si les machines ne peuvent pas être douées d'un esprit inventif qui leur conférerait une certaine autonomie par rapport à l’homme et un pouvoir d’échapper à son contrôle. Mais,  c’est une évidence, que l’on ne trouvera jamais « plus » d’intelligence dans une machine que dans le cerveau qui a été l’auteur de la machine. L’intelligence d’une machine n’est que le produit de l'intelligence humaine. « Paradoxes de la conscience et limites de l’automatisme » L. Ruyer.

 

Cyniques (les) : cette école philosophique grecque de l’Antiquité professait le retour à la nature et le mépris des conventions sociales et de la morale établie. Aujourd’hui on a retenu l'aspect extérieur du cynique, en caractérisant tout individu qui affirme tranquillement des principes immoraux et un total mépris des convenances. Mais on oublie que l’aspect positif du cynisme, est  qu’il implique une pratique ascétique de la vertu.

 

Darwinisme : théorie énoncée par Charles Darwin en 1859 selon laquelle la sélection naturelle présiderait à l’évolution de la vie. Les espèces seraient toutes issues d’une racine commune et auraient évolué selon la capacité d’individus mutants à survivre aux changements du milieu et à la concurrence entre espèces ainsi qu’entre individus d’une même espèce. Darwin visita l’Amérique du Sud et les îles du Pacifique (notamment les îles Galapagos). Il observa les variations des espèces animales et se convainquit que ces dernières peuvent évoluer en se transformant. Il étudia un oiseau, dit « oiseau de Darwin », qui, vivant de poissons et n'étant lui-même jamais chassé, avait, au bout de nombreuses générations, perdu l’usage de ses ailes, devenues atrophiées  L’homme aussi bien pourrait donc « descendre du singe», hypothèse qui fit d’abord scandale, bien qu’elle ait été mise en avant déjà par le Français Lamarck (1744-1829). Leur doctrine commune, le transformisme, présente une différence sur un point essentiel : chez Darwin, c'est le milieu qui sélectionne en supprimant, tandis que chez Lamarck le milieu sélectionne en transformant les organismes. C’est la théorie de la « sélection naturelle ». Selon Darwin, les animaux qui n’ont pas de fourrure dans les pays froids sont éliminés alors que selon Lamarck, ils ne sont pas éliminés, mais se créent une fourrure. La « sélection naturelle » entraîne donc la survivance des plus forts, c’est-à-dire, au fond, des plus aptes à se défendre à la fois contre les autres organismes, contre la rigueur des climats et contre les difficultés de nourriture. La mort serait donc « différenciatrice » : ceux qui meurent ne sont pas identiques à ceux qui subsistent et ceux qui restent possèdent un caractère supplémentaire, qui précisément leur a permis de subsis¬ter ; elle a pour résultat la formation d’espèces nouvelles et une amélioration générale des individus. Le darwinisme a été très discuté.  On a nié l’hérédité de certains caractères individuels, acquis par les conditions de vie, il ne semble pas non plus que la sélection puisse créer des espèces ou des caractères nouveaux. Le néo-darwinisme et l’évolutionnisme reconnaissent un parallélisme dans révolution des espèces.  Par exemple, l’espèce « singe » peut évoluer, mais ne donnera jamais qu'un singe, et non une espèce nouvelle : l’homme. D’autre part, les lois scientifiques de l’hérédité, qui ont été dégagées par Mendel, établissent qu’une mutation ne peut se transmettre que si elle entraîne une variation au niveau des « gènes ».

Décroissance : ce qui décroît, diminue, décline. Les comportements destructeurs sur le plan écologique sont apparus en pensant que l’homme est indépendant de son milieu. La population mondiale augmente et la consommation croît alors que la Terre ne s’agrandit pas. Le capital naturel a subi des pertes considérables au point que certains écosystèmes basculent vers une dégradation irréversible. Le physicien Aleksander Zidansek a montré que le taux d’émission de dioxyde de carbone d’un pays est inversement proportionnel  au bien-être de ses citoyens. La nature, le travail et le capital doivent être rétribués et mutualisés. La décroissance naturelle adviendra quand nous commencerons à penser en termes de « familles d’espèces » étendue à la planète, vivant sous un même toit. Il serait alors possible de sauver et régénérer notre habitat.

 

Delbos (Victor) : philosophe français et historien de la philosophie (1916). Il est l’auteur d’un ouvrage sur le Problème moral dans la philosophie de Spinoza et dans l'histoire du spinozisme (1893) et d'un Essai sur la formation de la philosophie pratique de Kant (1902).

 

Deleuze (Gilles) :  philosophe français (Paris 1925). Ses études sur Nietzsche et la philosophie (1962) l’amènent à développer le concept de « différence » comme « vrai commencement de la philosophie ». Il montre avec F. Guattari l’importance du désir et son aspect révolutionnaire face á toute institution, même psychanalytique (l’Anti-OEdipe, 1972 et Mille Plateaux, 1980). Parmi ses oeuvres, la Philosophie critique de Kant (1963), le Bergsonisme (1966), Spinoza et le problème de l'expression (1968), Différence et Répétition (1968), Logique du sens (1969).

 

Démocratie : régime politique où le peuple exerce lui-même sa souveraineté en élisant librement les représentants du pouvoir. Sa structure politique et administrative se caractérise par un équilibre des pouvoirs entre l’exécutif et le législatif. Le problème constitutionnel des démocraties modernes, notamment en France, est de combiner cet équilibre des pouvoirs avec la possibilité d’une action continue et efficace, sans obstruction artificielle d’un pouvoir par l’autre. La Constitution rénovée de la Ve République établit cet équilibre dans la mesure où le législatif ne « nomme » pas l’exécutif, ni inversement, mais où l’Assemblée et le président de la République sont directement élus par la nation. En cas de conflit entre les deux pouvoirs, c’est encore la nation qui tranche (« dissolution » de I Assemblée renvoyant les députés devant les électeurs, qui ratifient leur action ou la condamnent). Les notions de « démocratie » et de « gouvernement fort » ne sont pas contradictoires. Un gouvernement ne peut aujourd’hui, dans les pays libres, être un gouvernement fort que s’il possède une assise démocratique profonde (précisément par le recours au référendum).

 

Démocrite : un philosophe grec présocratique. Matérialiste, il conçoit la nature comme un jeu d’atomes évoluant dans un vide infini. C’est l’annonciateur de l’épicurisme. Il conçoit la nature comme un mouvement perpétuel des «atomes», ou particules matérielles indivisibles et éternelles, dont les combinaisons produisent les corps les plus divers. Même la connaissance que nous avons des choses serait due à l’émission, par les objets, de substances très fines qui agissent sur nos sens. On a considéré Démocrite comme le précurseur de la théorie atomique.

 

Dépression : état mental pathologique caractérisé par un profond pessimisme, une incapacité à contrôler ses sentiments et à fonctionner normalement dans la vie de tous les jours. Il y a à la fois une baisse de l’activité et une perturbation affective (tristesse ou angoisse). Ces troubles apparaissent à la suite d’émotions répétées ou puissantes, de surmenage, d’excès de travail ou de soucis, d’informations sociétales délétères. On commence par  traiter les malades en proposant une « cure de repos ».

 

Descartes (René) : philosophe, mathématicien et physicien français. Ce philosophe rationaliste a exposé dans son Discours de la méthode (1637) sa méthode scientifique fondée sur le doute et sur la déduction à partir d’idées claires et simples. Il est de fait qu’il impose à notre culture un style de pensée par « idées claires et distinctes » et qu’il libére la réflexion philosophique de toute autorité (religieuse ou politique), inaugurant ainsi la pratique de la « méditation personnelle ». Son rationalisme est d’abord de principe, fondé sur la certitude que tout esprit bien conduit peut parvenir à la connaissance de la vérité. La pensée représente notre première certitude et, de là, le philosophe va déduire son existence (« Je pense, donc je suis »), puis l’existence de Dieu à partir de la notion de l’infini qui est en nous. L’existence du monde matériel à partir du sentiment des affections de notre corps. Sa doctrine, proprement rationaliste, est donc fondée sur la déduction de toutes choses à partir de la pensée.

 

Déterminisme : conception philosophique selon laquelle tous les événements dépendent des événements antérieurs. L’idée de déterminisme est celle d’un ordre immuable et constant dans les relations entre les phénomènes. Si je lâche une pierre, elle tombe à terre. Je postule le déterminisme quand je passe des cas particuliers à la loi universelle et éternelle de la chute des corps. On distingue deux conceptions du déterminisme : 1° Cette constance est dans la nature, le déterminisme est ontologique (dans la réalité) ; 2° Cette constance est un postulat de notre esprit, un principe méthodique. Dans l’un et l’autre cas, le déterminisme est prouvé quand l’esprit humain peut prévoir avec certitude. En microphysique, on parle d'indéterminisme (Heisenberg) quand la prévision ne peut pas s’exercer sur un phénomène (un électron, par exemple), mais sur un groupe de phénomènes (un faisceau d’électrons) : il s’agit, en fait, d’un déterminisme statistique. Heisenberg exprime de plus l’impossibilité de connaître à la fois la vitesse et la direction d’un électron. On le comprend dans la mesure où le rayon lumineux qui nous permet d’observer et de déterminer le lieu d’un électron constitue lui-même un faisceau d’électrons qui heurtent et déplacent l’électron observé. C’est ce lien entre l’observateur et l’observé, cette perturbation qu'introduit l’observation dans le phénomène observé, qui définit I’« indéterminisme ». Il faut signaler qu’il n’y a aucun rapport entre le problème scientifique du déterminisme et le problème métaphysico-théologique de la liberté humaine (qui est lié au problème de la prédestination) : car si nous supposons que la nature est soumise au déterminisme, cette hypothèse s’accordera aussi bien avec le déterminisme qu’avec l’indéterminisme (dans la mesure où nous ne connaissons pas toute la nature et que nous verrons ainsi de la contingence là où il n’y en a pas) ; l’indéterminisme exprimera la limitation de notre connaissance. Et si nous supposons que la nature n'est pas soumise au déterminisme, cette hypothèse s’accordera aussi bien avec l’indéterminisme qu’avec le déterminisme, qui se présentera comme un effet statistique, un produit de notre connaissance. Il reste donc absolument impossible de résoudre le problème métaphysique du déterminisme à partir de la physique moderne et il est également impossible de s'appuyer sur la microphysique pour tirer des conclusions pour ou contre la liberté humaine.

 

Dialectique : l’ art du dialogue. C'est l'opposition des thèses qui est le moteur de la discussion. Tout dialogue est, de ce point de vue, dialectique (v. Dialogues de Platon). Aristote retient l’aspect négatif lorsqu’il  définit la dialectique comme l’art d’argumenter et de réfuter, d’opposer simplement des thèses contradictoires (Kant). En un sens positif, la dialectique est l’art de construire une connaissance vraie, il faut avoir été certain d'une opinion (thèse), puis avoir reconnu le bien-fondé de l’opinion contraire (antithèse), pour connaître la vérité totale d’une chose (synthèse). C’est parce que l’homme ne peut pas tout comprendre du premier coup que son savoir est progressif et dialectique. Les psychologues ont remarqué que il comprend et il réalise dialectiquement sa personnalité par un jeu d’affrontement à autrui et de repliement sur soi-même, d’action et de réflexion. La dialectique n’est pas seulement une manière de comprendre, mais une manière d’être : de là se dégage la notion de dialectique réelle ou dialectique de la réalité. Hegel, puis Marx ont parlé d'une dialectique de toute réalité humaine, non seulement au niveau de l’individu, mais de l’histoire de l’humanité.  L’esclavage, dans l’Antiquité, fondé sur le culte de la force, devait nécessairement susciter le christianisme, qui est son contraire, c’est-à-dire une religion de l’intériorité et de l’esprit comme valeur suprême (Hegel). L’histoire se développe selon la loi de la contradiction : le comble du capitalisme (thèse) suscitera sa propre destruction (par une grande crise économique, disait Marx) dans le communisme (antithèse), puis l’avènement du socialisme (synthèse). Les persécutions contre les juifs ont amené leur destruction, puis l’avènement d’un État juif, etc. C’est la réalité historique qui est dialectique. Mais les systèmes philosophiques s’opposent aujourd’hui sur la nature de la dialectique.

 

Dieu (Nature de) : la façon dont le croyant envisage Dieu) permet de distinguer, d’une part, le théisme, croyance en un Dieu personnel et vivant et, d’autre part, le déisme, qui admet l’existence de Dieu, mais nie toute révélation à son sujet et toute représentation de Dieu (judaïsme, protestantisme). Il n’est point de philosophe, point de penseur, même athée, qui n'ait réfléchi sur le problème de Dieu et de la connaissance. « C'est le cœur qui sent Dieu et non la raison. Voilà ce que c’est que la foi, Dieu sensible au cœur, non à la raison » (Pascal, pensée 278). Pour Fichte, au contraire, comme pour Spinoza, « seule la flamme de la connaissance claire, entièrement transparente à elle-même et se possédant librement elle-même, est capable de garantir, par cette clarté même, la présence immuable de l’absolu » (Initiation à la vie bienheureuse). Si Dieu n’existait pas, disait Voltaire, il faudrait l’inventer » et « Si Dieu n’existe pas, tout est permis » (Dostoïevski). Nietzche, au contraire, se contente de constater l’absence en nous de connaissance et même de toute conscience de Dieu : « Dieu est mort dans la conscience des hommes de l’Europe..., j’en dis simplement la nouvelle » et il prophétise : « Nous devons nous attendre à une longue suite, à une longue abondance de démolitions, de destructions, de ruines et de bouleversements » (le Gai Savoir). Feuerbach et Marx vont plus loin, ils ne constatent pas seulement l’absence de Dieu, mais critiquent toute croyance en Dieu : « Les dieux sont les vœux de l’homme réalisés » ; « L’homme pauvre possède un dieu riche » (Feuerbach). Marx dénoncera la mythologie religieuse : « La religion est l'opium du peuple, elle le berce d’une espérance dans l’au-delà pour le détourner de toute révolution sociale ici-bas.

 

Diogène le Cynique : philosophe grec (323 av. J.-C.). Il méprisait les richesses et les conventions sociales et logeait habituellement dans un tonneau. Alexandre le Grand, à Corinthe, lui ayant demandé s'il désirait quelque chose : « Oui, répondit Diogène, que tu t’ôtes de mon soleil ». Il professait un si grand dédain pour l’humanité qu’on le rencontra un jour, dans les rues d’Athènes, en plein midi une lanterne à la main, déclarant : « Je cherche un homme ».

 

Discursif : ce qui concerne le discours par opposition au système de la langue. Un esprit discursif procède de manière méthodique et calculatrice. Il s’oppose à l’esprit intuitif, qui appréhende immédiatement un résultat sans passer par la démonstration.Dogmatisme : philosophie ou religion qui s’appuie sur des vérités jugées incontestables en rejetant la critique. La philosophie critique commence par douter de tout  tel Descartes dans les Méditations, ou Kant, dont la Critique de la raison pure laisse en suspens tous les problèmes métaphysiques, de l’immortalité de l’âme, de l’origine du monde et de l’existence de Dieu, ou même toute doctrine qui aboutit à une certitude (la philosophie de Spinoza est un dogmatisme dans la mesure où elle s’achève dans un système de la connaissance vraie). La « philosophie dogmatique » désigne particulièrement la philosophie du Moyen Âge, fondée sur l'autorité du dogme religieux (doctrine fixe que l'Église enseigne au nom de Dieu et de la Révélation). Le dogmatisme s’oppose théoriquement au scepticisme. Dans la pratique de la vie, il s’oppose à l'empirisme, le politicien dogmatique est celui qui oriente son action en fonction d’une théorie, sans égard pour les réalités historiques du monde actuel. L’attitude sous-jacente au dogmatisme est l'intolérance ou le fanatisme.

Dubitationnisme : douter de la version officielle des événements. Le doute constructif ouvre vers l’ examen de l’information. « Ce n'est pas le doute, c'est la certitude qui rend fou », Nietzsche.

 

Eclectisme : méthode philosophique qui préconise la recherche et la conciliation des meilleures thèses des systèmes existants plutôt que l’élaboration d’un nouveau système. Une école philosophique fondée au XIXe siècle par Victor Cousin,  qui considérait que tous les systèmes philosophiques se ramènent a quatre formes fondamentales (l’idéalisme, le sensualisme, le scepticisme, le mysticisme), le système par excellence, l’éclectisme, consistant à retenir l’aspect positif de chacune de ces formes. Taine et Renouvier ont reproché à Victor Cousin de ne fonder ce partage entre le bon grain et l’ivraie sur aucun critérium précis.

 

Egocentrisme : tendance à tout centrer sur soi-même, à tout juger, à tout orienter en fonction de soi, de ses intérêts.

 

Egoïsme : tendance à trop parler de soi-même, à trop s’attacher à soi-même, ou à ne se préoccuper que de son intérêt, que de son plaisir, sans tenir compte des intérêts, des besoins des autres. Le terme n’est aucunement péjoratif. Il ne le devient que lorsqu’il désigne, au sens étroit, l’attachement excessif porté à soi-même, allant jusqu’au mépris des intérêts d’autrui. Il prend alors le caractère d'une anomalie, d'un facteur d’insociabilité, même lorsqu’il s’élargit en « égoïsme à deux » (le couple) ou en « égoïsme à trois » (le couple et l’enfant). Sur le plan moral, l’égoïsme s’oppose à l'altruisme, il se nomme alors égocentrisme, individualisme et s’oppose à toute forme d’ engagement en général.

 

Epistémologie : branche de la philosophie qui fait une étude critique des sciences, ayant pour objet de déterminer leur origine logique, leur valeur et leur portée.

 

Epoché : l’époché est préconisée par la phénoménologie de Husserl pour étudier les phénomènes de la conscience : elle nous permet ainsi de comprendre, par exemple, le sens des diverses religions, indépendamment de tout jugement de valeur relatif à la réalité véritable de leur révélation. Un autre exemple est donné par cette malade qui affirme entendre des voix. « Ces voix ne sont pas réelles, lui dit le médecin. Mais, lui répond-elle, il est certain que je les entends. ». Le phénoménologue, quant à lui, étudiera le sens de ce phénomène, indépendamment de tout problème d'existence.

 

Eschatologie : ensemble des doctrines et des croyances qui s’intéressent au sort ultime de l’être humain et du monde.

 

Ethique : (gr. éthos, mœurs), branche de la philosophie qui étudie les fondements des mœurs et de la morale. L’Ethique de Spinoza est un traité, ordonné en définitions, axiomes, démonstrations et corollaires (comme un traité de géométrie et directement inspiré, par la « géométrie génétique » de Hobbes). Il  part de ce principe que l’existence, dans son absoluité, est un fait rationnel, pénétrable par la raison. Il nous élève, par l’analyse de la pensée humaine, à concevoir cette existence absolue, à la réaliser en nous, en surmontant toutes nos passions et à atteindre par là même le bonheur le plus pur (ou béatitude). Sa distinction des « trois genres de connaissance » en « connaissance sensible », « connaissance conceptuelle » et « connaissance intuitive » (rationalité supérieure) est célèbre. L’Éthique est, avec la Critique de Kant, l’œuvre qui a le plus profondément marqué et inspiré toute la métaphysique allemande (Fichte, Schelling, Hegel), qui elle-même détermine l'époque philosophique actuelle.

 

Eugénisme : science qui étudie les méthodes génétiques susceptibles d’améliorer les populations humaines, en limitant ou en encourageant la reproduction des individus porteurs de caractères jugés défavorables ou favorables. Dans l’Antiquité, la coutume Spartiate éliminait les enfants mal conformés. Darwin, au siècle dernier, fut partisan d’une eugénique volontaire, conséquence logique du principe de la « sélection naturelle », ou eugénique naturelle. L’eugénique repose sur des bases biologiques solides, mais la réalisation pratique (fondée en grande partie sur la « stérilisation ») en est difficile. Elle présente le terrible danger d’une extension à l’échelon collectif, dite euthanasie eugénique, qui, illustrée par l’exemple nazi, a été formellement condamnée, sur le plan international, au procès de Nuremberg (1945-1946).

 

Existence : réalité de l’être humain. L’existence est le propre d’un être animé et s’oppose à I’« être » simple des choses. «Exister», dans la philosophie existentialiste, c’est « se projeter » hors de soi- même, faire des projets, s’arracher à son état dans une action toujours nouvelle. Ainsi s’éprouve, selon Sartre, la « liberté », qui est le caractère fondamental de l’existence. Ce dépassement de soi-même peut s’effectuer vers l’avenir et  conduit alors, selon Heidegger, à prendre conscience de la mort, dans l’angoisse. Il peut s’effectuer également vers le passé et il nous conduit alors à prendre conscience du fait que nous sommes nés, de notre contingence et de notre « facticité ». L’existence authentique est la résultante de ces deux projets ; elle est donc la conscience de notre finitude absolue comme êtres qui avons été « jetés dans le monde » et qui sommes « destinés à la mort ». Hegel distingue, dans la Phénoménologie de l'esprit, les deux notions d’existence et de vie : l’existence est la « conscience de la vie», c’est-à-dire la vie et la conscience de la mort. La vie est la vie organique, seule l’existence est le propre de l’homme.

 

Féminisme : ensemble d’idées et de mouvements qui font la promotion des droits des femmes et de l’égalité des sexes dans la société. Il pose le problème de l’inégalité sociale et juridique des sexes. Née avec la Révolution (Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, d’OIympe de Gouges, 1791), reprise par les saint-simoniens, la thèse de l’émancipation féminine a connu ses premières victoires sur le plan juridique (égalité devant la loi du mari et de la femme), puis sur le plan politique (droit de vote et droit d’éligibilité). La France est le dernier pays d’Europe à avoir adopté le droit de vote pour la femme, qui était encore refusé en 1934 par le Sénat et qui a été institué en 1944 par le général de Gaulle. En revanche, la France est l’un des premiers pays d’Europe à souhaiter établir dans les années 1960 l’égalité des revenus masculins et féminins pour une même fonction.

 

Finitude : caractère de l’être humain vu comme portant la mort en lui à chaque moment de sa vie. Ce terme, courant dans la philosophie moderne, désigne plus particulièrement un caractère propre à la conscience humaine, qui se révèle dans l’angoisse de la mort (Heidegger), dans l’impossibilité, pour toute personnalité, de s’exprimer, de se dire une fois pour toutes dans une parole ou une action (Jaspers), enfin dans l’impossibilité de tout faire en même temps dans la vie et dans la nécessité où nous sommes de choisir librement et de façon arbitraire, entre les possibilités qui nous sont offertes (Sartre).·        

 

 

 

 

 

 

Génération : c’est l’ensemble des individus qui ont à peu près le même âge à la même époque. Il semble qu’il y ait naturellement dans les sociétés humaines le «conflit des générations», les nouvelles générations s’opposant aux anciennes, comme les « modernes » s’opposent aux « classiques ». La psychologie a remarqué que cette réaction contre la génération de nos pères marque, en général, un retour, ou du moins une identification, à celle de nos grands-pères, une reprise de leurs attitudes et de leurs thèmes d'inspiration.

Génétique : l’ensemble des arrangements de nucléotides qui permet l’inscription de l’information génétique dans la molécule d’ADN chromosomique, sa transmission en ARN messager, puis sa traduction en protéines déterminées. les théories génétiques admettent que les caractères d'une personnalité se forment graduellement avec le temps (elles s’opposent aux théories « innéistes », qui les considèrent comme innés). Les théories génétiques insistent, sur le rôle de la misère dans le développement de la délinquance ou de la criminalité ; elles refusent l’idée de « criminels nés ». On oppose aussi l’analyse génétique (de la décision volontaire, par exemple) à l'analyse eidétique (de l'essence de la volonté). La première décrit les « conditions d’exercice » (comment nous décidons et agissons), la seconde analyse les « conditions de possibilité » (quelle est la nature de l’homme qui lui permette d’agir volontairement, c’est une analyse métaphysique de la liberté). En philosophie, la méthode génétique consiste à former ses idées au niveau de sa conscience réelle « à partir, disait Hegel, des données les plus basses de la conscience pour s’élever peu à peu aux idées plus hautes ». La méthode de réflexion génétique, ou réflexion concrète, a été créée par Fichte (dans la Théorie de la science) : elle s'oppose à la méthode analytique, qui consiste à analyser abstraitement une idée sans « se reconnaître » en elle. On parle plus couramment, aujourd’hui, de méthode « phénoménologique » (la genèse correspondant à la phénoménologie du « moi », ou phénoménologie de I’« esprit »).

 

Genre : « les espèces appartenant à différents genres et à différentes classes n’ont pas changé au même degré ni avec la même rapidité. » DARWIN. Le genre désigne un groupe biologique plus vaste que l'espèce. Ainsi, le genre chien recouvre plusieurs espèces, dont le loup, le renard et l’espèce « familière » dite proprement « chien ». La notion de genre n'avait, pour Aristote, aucun fondement dans les choses, à la différence de celle d’espèce le « genre » chien ne serait qu’un nom commun, une idée générale dans l’esprit, tandis que le loup, le renard, etc., seraient des « réalités »). En logique, une définition se fait par le « genre » et la « différence spécifique ».

Gnose : un savoir qui se pose comme la connaissance suprême, comme le Savoir par excellence. C’est un système de pensée philosophico-religieuse, qui se fonde non sur une science acquise, mais sur une révélation intérieure, permettant d’accéder à une connaissance des choses divines, réservée aux initiés. — On retrouve la pensée gnostique dans l’hermétisme hellénistique, le judaïsme de Philon d’Alexandrie et de la cabale, le christianisme des premiers siècles et l’ismaélisme de l’islam.

Gorgias (le) : la doctrine de Socrate sur le dialogue, dont le but est de rechercher ce que doit être la conduite de la vie, est opposée à celle des sophistes sur la rhétorique, qui n’est qu’une technique pour écraser l’adversaire.

 

Gouvernement : est l’organe qui détient le pouvoir exécutif d’un État, le corps des ministres dans un régime parlementaire. Platon a classé les formes possibles de gouvernement en cinq rubriques : 1° la royauté ou l'aristocratie, qui est, au sens originel, étymologique (du gr. aristos, le meilleur), le gouvernement des meilleurs, des plus cultivés et des plus qualifiés ; 2° la timarchie (du gr. timê, la crainte), qui est le gouvernement fondé sur l’autorité militaire (gouvernement de Sparte, régimes policiers ou juntes militaires du monde moderne) ; 3° la ploutocratie (du gr. ploutos, richesse), où l’autorité est fondée sur l’argent (régime censitaire ou capitalisme des États-Unis à la fin du XIXe siècle) ; 4° la démocratie (du gr. dêmos, peuple), où l’autorité s’exerce au nom du peuple, qui exprime sa volonté et élit les gouvernants par le suffrage universel ; 5° la tyrannie, qui est le gouvernement arbitraire d’un seul. On voit par là que, dans l’ordre des choses, la tyrannie est proche de la démocratie et menace toujours le cours de ses institutions. Elle advient par la médiation de I’« anarchie », qui est un cas limite de la démocratie ; « lorsque chacun, dit Platon, veut exprimer son avis et agir sur la volonté des gouvernements, la surenchère des intérêts individuels se substitue à l’intérêt général » ; la porte est ouverte à la tyrannie, qui serait celle d’un régime policier ou militaire fondé sur un parti unique. Au 21° siècle le problème est de pouvoir concilier l’idée d’un gouvernement démocratique avec celle d’un gouvernement fort : bien qu’il soit évident qu’un gouvernement ne peut être fort que s’il a une assise démocratique profonde (référendum ; suffrage universel ; arbitrage du peuple lors des conflits entre les pouvoirs, grâce à la dissolution des Chambres, etc.). (les abus du gouvernement de Charles X avaient dressé la conscience populaire contre toute idée de « pouvoir »). Un référendum est une forme de suffrage universel (mais l'expérience des référendums de Napoléon Ier,  qui n’étaient ni libres ni secrets, et constituaient une parodie de démocratie, comme dans les pays communistes  a profondément marqué la conscience nationale). Il a fallu, en France, toute une éducation pour nous faire à l'idée qu’un gouvernement peut être fort sans être arbitraire, continu sans être tyrannique.

 

Grecque (philosophie) : ensemble des études, des recherches visant à réfléchir sur les êtres, les causes premières et les valeurs humaines envisagées au niveau le plus général. La philosophie grecque s'est développée du VIIe siècle avant J.-C. au IIIe siècle après J.-C., avec un apogée au IVe siècle. avant J.-C. (Platon et Aristote). On peut dire que la philosophie est née en Grèce. Les premiers philosophes veulent expliquer l’univers. Les Ioniens cherchent le principe des choses dans un élément de la nature : l’eau pour Thalès (VII8 s. av. J.-C.), l’air pour Anaximène, le feu pour Héraclite. Le pythagorisme (VIe s. av. J.-C.) s’efforce d’exprimer l’harmonie du monde en des rapports numériques, et développe une véritable religion des nombres. L'école d’Élée, représentée par Xénophane, Parménide, Zénon, développe un monisme qui prouve le caractère illusoire du mouvement. Enfin, l’atomisme de Démocrite explique toutes choses par le mouvement des atomes. À la fin du VIe siècle naît la sophistique, qui donne à l’art de la discussion un rôle prépondérant et prépare l’humanisme du IVe siècle avant J.-C. et l’apparition d’un Socrate. De Socrate se réclament l’école éristique ou « disputeuse », l’école Cyrénaïque, qui ramène la morale à la recherche du plaisir (Aristippe) et l’école cynique, qui identifie la vertu à l’effort. Platon, fondateur de l’Académie et Aristote, fondateur du Lycée, marquent de leur empreinte toute la philosophie grecque à venir et même toute la philosophie occidentale. Aristote inspire tout le Moyen Âge et la philosophie de Platon, après avoir suscité le néo-platonisme de Plotin (IIIe s. apr. J.-C.), dernière école de la pensée grecque, devait influencer la pensée de Kant (à travers saint Augustin), de Fichte, de Hegel et, à un autre égard, la phénoménologie de Husserl.

 

Guerre : conflit entre puissances, entre groupes sociaux. épreuve de force entre peuples (guerre nationale) ou entre partis (guerre civile). Les moralistes et les philosophes ont réfléchi sur le problème de la guerre soit pour en dénoncer les méfaits, soit pour en chercher les causes et les motivations.  S’il est certain que la guerre est liée aux passions humaines (Platon, Alain : « Il n’y a de guerre que de religion »), telles que la haine, l’orgueil, etc., il faut distinguer les passions individuelles et les raisons qui peuvent décider des actions de l’État. L’homme d’État ne peut agir par passion, il doit voir les problèmes au niveau de la totalité et en toute sérénité. À ce niveau, la guerre est-elle une nécessité ou un accident ? Hegel, en son temps, considérait la guerre comme une nécessité biologique, sociale : « Seule la guerre peut ébranler une société et lui faire prendre conscience d’elle-même ». Renan commentait : « La guerre est une des conditions du progrès, le coup de fouet qui empêche une nation de s’endormir. » Et, de fait, les guerres font progresser les sciences (la science atomique s’est développée fébrilement avec la guerre). C’est aussi un fait que les sociétés qui s’endorment (dans le chaos politique, social et la débâcle économique) sont, de nos jours, vouées à la disparition. De ce point de vue, la guerre n’est pas en soi nécessaire ; il suffit du risque de guerre, ou «guerre froide», ou guerre subversive et psychologique, pour stimuler l’activité des nations et transformer les conflits en concurrence économique.

Hasard : une force imaginaire produisant des événements qui ne sont pas produits par une cause connue. La question de savoir si l’on peut déterminer la cause des hasards (rencontres, chance) a été longtemps un sujet de discussion. En droit, le hasard n’a pas de cause, puisqu’il est « contingence » pure (exemple type, cité par Cournot, de la tuile qui tombe du toit, « soit que je passe ou que je ne passe pas dans la rue »), cependant, la science (calcul des probabilités) a porté son étude jusqu’au domaine de l’indéterminé : selon Cournot, le hasard ne serait en fait que la « combinaison d'événements qui appartiennent à des séries (de causes) indépendantes les unes des autres ». On peut déterminer pratiquement, en fonction de la loi des grands nombres, la quantité exacte de coups de canon qui, pour une même hausse de la bouche à feu, tomberont dans les « différentes zones de dispersion du tir», cela à condition que le nombre de coups tirés soit assez grand (100, par exemple). Il n’y a donc pas, pour la science, d’indétermination pure, de hasard au sens large du terme : le hasard se ramène à une prévision statistique (à ce que la physique moderne appelle un « déterminisme global »).

 

Hegel : Friedrich Hegel (1770-1831). Philosophe allemand. Sa philosophie de l’histoire est marquée par le concept de la dialectique (la Phénoménologie de l’esprit, 1807). Ses premières réflexions sont extrêmement concrètes : elles portent sur l’esprit du judaïsme et du christianisme, et témoignent de préoccupations religieuses et historiques. Ce qui l’intéresse, c’est de découvrir l’esprit d’une religion ou d’un peuple, c’est de forger des concepts nouveaux, aptes à traduire la vie historique de l’homme et son existence dans un peuple ou dans une histoire. Cette pensée de la vie constitue la matière de la Phénoménologie, qui décrit l’histoire de la conscience depuis la participation sensible au monde, « à l’ici et au maintenant », jusqu’au savoir absolu, en passant par toutes les expériences que peut connaître l’âme humaine. Sa philosophie a donné lieu à deux interprétations : la première se fonde sur la Logique et considère le savoir absolu comme la fin dernière de toute histoire humaine. Hegel se présente alors comme un penseur spéculatif, d’inspiration religieuse. La seconde se fonde sur la Phénoménologie et considère que le problème fondamental est celui de la réalisation de l’humanité en nous et de l’humanisme dans l’histoire. De ce point de vue, la profonde originalité de Hegel est d’avoir été le premier à penser les réalités sociales et spirituelles, d’avoir ainsi rendu possible Feuerbach et Karl Marx.

 

Heidegger : Martin Heidegger (1889-1976). Philosophe allemand. L’œuvre de ce spécialiste de métaphysique est l’une des plus influentes du XXe siècle (l’Être et le Temps, 1927). L’influence de cette œuvre (à laquelle Sartre a emprunté presque toutes ses analyses dans l’Être et le Néant et dont Camus tient sa notion d’« absurdité » de l’existence) vient de ses analyses existentielles de l’homme en situation. Pourtant, les écrits plus récents du philosophe ont confirmé l’introduction de « Sein und Zeit », selon laquelle ce n’est pas la question de l’homme, mais la question de l’être, qui est, pour Heidegger, le centre de sa réflexion (De l’essence de la vérité et Lettre sur l'humanisme, 1947). Penseur inspiré plutôt que rigoureux, prophète de notre époque « décadente » et de l’âge atomique, Heidegger exerce un profond attrait sur tous les esprits.

 

Herméneutique : la théorie de l’interprétation des signes. Réflexion philosophique sur les symboles religieux, les mythes et, en général, toute forme d’expression humaine (sur le sens de l’émotion, celui d’une œuvre d’art, etc.).  L’herméneutique des phénomènes humains, qui requièrent une « interprétation » et une compréhension, s’oppose à I’« analyse» objective des phénomènes de la nature. C’est une notion cardinale de la philosophie, notamment de la phénoménologie existentielle (Heidegger dans l'Etre et le Temps, Jaspers, Sartre, P Ricœur). L’existence humaine est un « signe » dont le philosophe doit chercher le sens.

 

Hétéronomie : ce qui reçoit de l’extérieur les règles qui régissent son comportement. Kant a montré qu’une volonté hétéronome ne peut pas être libre et que l’action qui en résulte ne peut avoir aucune valeur morale. Par exemple, celui qui « est contraint » de faire le bien ou le mal ne saurait en porter la responsabilité, de même, l’action de celui qui fait le bien par convenance, par imitation ou par intérêt n’a aucun sens moral.

 

Histoire : c’est l’étude des faits qui ont marqué le passé d’une collectivité ou d’une activité humaine, connus par des documents écrits ou audiovisuels. L’histoire est la connaissance de l’origine et de révolution de l’humanité, en particulier des peuples et des nations. La question fondamentale qui se pose à son sujet est de savoir si elle peut prendre la forme d'une science. L’histoire pure, telle qu’on l’entendait, avait coutume de ne considérer que les «événements», c’est-à-dire des faits uniques, liés en général à l'existence de personnes historiques. « Les lieutenants de Napoléon scrutaient son humeur pour connaître le destin du monde. » De ce point de vue, il n’y a pas de science, mais une constatation des faits. La science se définit comme une connaissance des lois. Or, l’analyse moderne de l’histoire y a découvert précisément des lois qui dépassent toute volonté individuelle. C’est la conception dite « sociologique » de l'histoire. Dans Guerre et paix, Tolstoï montre Koutouzov refusant de prendre une initiative individuelle, laissant agir l’ensemble des lois sociales et humaines dont nous sommes les jouets. Karl Marx a recherché dans l’infrastructure économique d’un pays la loi de son avenir politique et social. S’il est vrai que le développement économique d’un pays obéit à des lois générales, l’histoire demeure, dans sa réalité concrète, absolument imprévisible. Une guerre peut bouleverser le monde sans que nul ne l’ait prévue. L’histoire des sociétés est de nature politique et dépend de facteurs humains dont il n’est pas de loi absolue. Corrélativement, la connaissance historique d’une époque requiert, outre la science des faits qui l'ont marquée, une sympathie, une compréhension interne du milieu, de l’atmosphère humaine qui y régnait. C’est pourquoi l'historien est un interprète plutôt qu’un savant : un historien communiste négligera l’importance de la révolution bourgeoise de 1789 et s’étendra longuement sur le rôle de Robespierre. On ne s’explique pas objectivement le passé, on le comprend subjectivement. En un second sens, l’histoire actuelle pose un problème de « prospective ». C’est celui que rencontrent tous les jours les gouvernants d’un pays pour prévoir et résoudre les problèmes relatifs au développement et à la répartition de l’économie d’un pays, aux tendances des populations, etc. Seule la connaissance conjuguée du passé, des lois économiques, des réalités psychologiques et humaines peut donner aux prospectives une valeur objective. L’histoire du monde va-t-elle dans le sens d'un perfectionnement moral, d’un progrès de la culture, ou exprime-t-elle une décadence des mœurs ? Des analyses  révèlent un infléchissement du capitalisme vers une certaine planification socialiste. La philosophie de l’histoire aperçoit, en l’absence d’accident, la possibilité d'une synthèse positive des deux systèmes.

 

Historicité : caractère de ce qui est historique. Le problème métaphysique de l’historicité est de savoir pourquoi l’homme naît, se développe et meurt. Bergson l’avait ramené au problème de la vie universelle, qui s’épanouit et se scinde en individus, comme la vie d’un arbre s’épanouit dans des feuilles vouées à disparaître chaque saison, mais se développe bien au-delà d’elles. Heidegger l’a identifié au problème de la finitude de l’homme et toute sa philosophie consiste à comprendre la conduite humaine à partir de son historicité primitive, du sentiment d’une existence passagère et vouée à la mort.

 

Hobbes Thomas : matérialiste, qui nie l’existence de l’âme, déduit les idées et les connaissances à partir de la sensation. Sa morale utilitariste (développée dans les Éléments de la loi naturelle et politique composé en 1640, mais publié en 1650 et dans le Léviathan, 1651) est célèbre pour avoir montré les origines du despotisme dans la disposition naturelle de l’homme à être « un loup pour l'homme ».  Dans l’état de nature, « c’est la guerre de tous contre tous ». Il s’oppose ainsi à la « monarchie de droit divin » et fait reposer, non sans un certain cynisme, l'absolutisme sur un contrat par lequel les individus confèrent tous les droits à un seul souverain (monarque ou conseil). Il est combattu par les théoriciens du contrat (qui vise, en général, à limiter les droits de la royauté) et en particulier par J.-J. Rousseau.

 

Holbach Paul : baron de (1723-1789). Philosophe français d’origine allemande. Il collabore à l’Encyclopédie et attaque l’Église dans ses écrits (le Christianisme dévoilé, 1761). Il  joue un rôle essentiel pour la diffusion du matérialisme et critique la religion pour trois raisons : elle est contraire à la raison, elle empêche l'homme d’accéder au bonheur, elle favorise la tyrannie politique.

 

Homme : le problème philosophique de l’ être humain considéré comme un être distinct des animaux et doué d’une spiritualité. La tâche est de « révéler l’unité d’une fonction générale qui coordonne toutes les créations de l’homme et présente le mythe, la religion, l’art, etc., comme des variations sur un même thème » (Cassirer). L’homme serait toujours identique â lui-même dans toutes ses manifestations. Toute la difficulté vient de ce que la philosophie contemporaine (l’existentialisme, la phénoménologie, la philosophie réflexive, le marxisme) veut saisir l’homme total, non plus partagé arbitrairement en « activité, affectivité et connaissance», mais à la fois comme action, sentiment et raison. Puisque c’est seulement dans l’expérience de la vie que l’homme peut réellement connaître l’homme, ne faut-il pas conclure qu'en l’absence de toute solution spéculative la solution se trouve dans une « philosophie engagée » ? L’homme est moins à « connaître » qu’à « réaliser ». La véritable science de l’homme est la morale. Son problème est celui de la destination de l’homme dans le monde. On peut distinguer, à ce sujet, les morales « formelles » (Kant), qui affirment que l’homme doit agir « par devoir », sans préciser concrètement le contenu des devoirs qu’il doit réaliser  et les morales « concrètes » (Fichte, Max Scheier), qui identifient le devoir avec la « vocation », la loi profonde et créatrice d’une personnalité. Comment l'homme peut-il connaître sa destination ? Il n’en a pas une connaissance théorique positive, mais une conscience pratique négative.  Il prend conscience des fausses orientations qu’il donne à sa vie et sa destination véritable se dégage de ses erreurs par une « théologie négative pratiquement vécue » (Scheier). C'est en prenant conscience de ses limites et de ses possibilités, que chaque homme peut réaliser sa voie, qu’il pourra « faire et en faisant, se faire » (Nietzsche).

 

Humanisme : formation de l’esprit humain par la science ou la littérature. C’est une doctrine qui reconnaît à l’homme la valeur suprême (elle s’oppose aussi bien au fanatisme religieux qu’à l’étatisme politique, qui voudrait sacrifier l’individu à la raison d’État). Son principe de morale est celui de la tolérance. Sa philosophie propre défend l’idée d’un progrès de la civilisation vers une forme idéale de l’humanité, où l’homme serait à la fois libre à l’égard des contingences de la nature (de la faim, du froid, des maladies) et libre à l’égard des autres hommes (dans une société sans luttes, sans classes et cependant organisée), grâce â la mise en œuvre d'une Constitution idéale. Le terme d’« humanisme » s’applique, historiquement, à la « Religion de l’humanité » qu’Auguste Comte voulut substituer à celle de Dieu et, aujourd’hui, à toute théorie philosophique, sociale, politique ayant pour but suprême le développement illimité des possibilités de l’homme et le respect réel de la dignité de la personne humaine (ce qui constitue un but moral et aussi un programme économique).

 

Hume David : philosophe et historien écossais (1776). Représentant important de l’empirisme moderne, il fonde sa philosophie sur l’expérience et sur la causalité. Il déduit tous les principes de la raison humaine à partir de l'expérience et de la sensation. Il ramène les lois de la nature à des habitudes de l’homme, ce qui devait profondément troubler Kant. Ses Essais moraux et politiques (1741-1742) inspireront les théories économiques d’A. Smith et celles des économistes libéraux.

 

Husserl Edmund : il a développé le concept de phénoménologie ou science descriptive des essences. Il devient le théoricien de I’« expérience vécue ». sous-jacente à toute opération mentale. Il a écrit notamment : recherches logiques (1900-1901), Idées directrices pour une phénoménologie pure et une philosophie phénoménologique (1913).

Idéation : anglicisme, processus de formation et d’enchaînement des idées. C’est la capacité de générer des idées novatrices.  L’idéation, est un concept introduit par le philosophe, John Stuart Mill.

 

Inconscient : ce qui se produit en dehors de la conscience. L’existence de l’inconscient est prouvée par le phénomène de la mémoire (nous n’avons conscience actuellement que d’une infime partie de nos souvenirs), par celui de l’habitude (nous agissons sans en avoir conscience), mais il se manifeste surtout dans les rêves, où nos désirs refoulés s’expriment spontanément, ainsi que dans les complexes et dans les psychoses. L’analyse de l’inconscient a été pratiquée, à la suite de Freud, par la psychanalyse : elle s’emploie à amener un sujet à raconter ses rêves ; derrière le « contenu manifeste » du rêve (souvent incohérent), elle s’efforce de retrouver une logique profonde, qui est de l’ordre du sentiment (« contenu latent » du rêve). La prise de conscience des motivations profondes de notre conduite nous délivre d’une partie de nous-mêmes qui nous oppressait et nous dirigeait à notre insu (complexes), elle nous permet de nous dominer et d’être parfaitement adaptés à toutes les situations.

 

Inde les philosophies de : toutes les philosophies de l'Inde se présentent comme une interprétation et une reprise des hymnes védiques, écrits il y a cinq millénaires, eux-mêmes ne représentent qu’un effort pour fixer une vision complète et totale de la vérité, qu’auraient possédée de « lointains ancêtres » dans un passé très reculé. Le principe de la philosophie indienne est que le savoir abstrait n'a en lui-même aucune valeur s’il ne nous conduit pas à faire une expérience de la vérité. S'exprimant d’abord dans des « invocations » (mantra), puis dans des « paraboles » (Upanisad), des « rites » (Bràhmana), des « techniques » (yoga), la philosophie contemporaine a trouvé avec Aurobindo une expression discursive et rationnelle. Tout le problème est de dépasser le dualisme naturel de la conscience commune (maya) et de participer à la vie divine (lila). Pour y parvenir, Madhvacharya préconisait la voie de l’adoration, Cankaracharya celle du travail intérieur. On oppose les philosophies du détachement (vedânta, civaïsme, bouddhisme) au mysticisme, qui nous invite au contraire à nous perdre dans le monde (tantrisme, vishnuisme). Doctrine de la sagesse sans être pour autant irrationnelle, la philosophie indienne a toujours exercé une forte puissance de séduction sur la philosophie occidentale. Elle a inspiré directement la philosophie de Schopenhauer. Bergson a consacré un chapitre des « Deux Sources de la morale et de la religion » au mysticisme hindou, opposé au mysticisme chrétien.

 

Inné : ce qui fait partie du caractère fondamental d’un individu. Le problème des caractères innés est celui de l’hérédité. Un caractère acquis par une génération dans le cours de sa vie ne devient pas un caractère inné pour la génération suivante, sauf s’il a entraîné une modification au niveau des chromosomes. Les caractères innés sont soit des caractères organiques, soit ce que l’on appelle communément des « dons » ou des « défauts » propres â telle ou telle famille. Le problème des idées innées est le problème de savoir si le nouveau-né humain porte avec lui une prédisposition à penser selon certaines lois. À vrai dire, les idées de l’esprit ne sont pas exactement « innées », mais plutôt a priori dit Kant. Elles sont des prédispositions virtuelles qui ne se révèlent à nous qu'à l'occasion d'une expérience extérieure. On peut donc dire que si tout esprit possède en lui des « semences de vérité » (selon l'expression de Descartes), il n’en requiert pas moins d’être cultivé (à la fois « formé » aux exercices spirituels et « instruit » par des connaissances spéciales) pour que ces semences innées prennent la forme d’un savoir véritable.

 

Institution : des formes et structures politiques ou sociales qui sont établies par la loi ou la coutume et qui relèvent notamment du droit public. La notion d’institution enveloppe, au sens large, tout ce qui est apporté par la culture. Chaque institution se caractérise (selon la description donnée par Malinowski) par une « charte » (des principes), un « personnel » (un groupe de personnes à qui s’applique cette charte) et un « matériel » (une destination propre de l'action des personnes). En ce sens, toute « association » constitue une institution, elle a ses principes, rassemble certaines personnes pour faire quelque chose de particulier (sport, commerce, etc).

 

Kant Emmanuel : sa philosophie est centrée sur la raison et la faculté de connaître. (Critique de la raison pure, 1781). Sa vie fut entièrement consacrée à l’étude, à l’enseignement et à la méditation. Il ne quitta jamais sa ville natale. Ses premiers écrits, plus lyriques que philosophiques, portaient sur la nature de la matière et la formation du monde. A cinquante-sept ans il développe sa philosophie proprement dite, dans Critique de la raison pure (1781). Le génie de la méthode critique est d’avoir découvert que le but de la philosophie n'est point d’étendre nos connaissances du monde, mais d’approfondir notre connaissance de l’homme. C’est en analysant les possibilités profondes de l’esprit que nous saurons, en fait, de quoi l’esprit humain est capable. «  Ce qu’il peut savoir, ce qu’il doit faire, ce qu’il peut espérer ». La Critique analyse d’abord nos possibilités de connaître, dont Kant déduit très exactement les formes de la connaissance mathématique et les principes fondamentaux de la physique de Newton. Il démontre,  l’impossibilité d’une science métaphysique, en l'absence de tout objet réel capable de lui donner un contenu. La Critique de la raison pratique (1788) montre que la loi morale est la possibilité la plus profonde de notre être.

Kumarajiva : il contribue à développer le bouddhisme en chine en traduisant 300 volumes de textes du sutra  au 4° siècle de notre ère. Il démontre également la supériorité du courant mahayana par rapport au hinayana.

 

Lévi.strauss Claude : ethnologue et anthropologue français. Appliquant la pensée structuraliste à l’étude des sociétés humaines (les Structures élémentaires de la parenté, 1949), il a exercé une influence importante sur les sciences humaines (Tristes Tropiques, 1955 ; la Pensée sauvage, 1962). Il est le promoteur d’une méthode de Sociologie fondée sur la compréhension d'autrui et qui a pris aujourd'hui le nom d’anthropologie sociale. La sociologie vient ici au contact de la psychologie, puisque Lévi-Strauss propose de psychanalyser les cultures, à partir des légendes et des mythes religieux qui en constituent le fond véritable, et de dégager ainsi la personnalité propre des collectivités. La « structure sociale » se distingue des « relations sociales » : elle est le modèle, l’inspiration psychique à partir desquels se comprennent globalement les relations sociales. Vigilant à fonder l’unité de l’homme sur la diversité même de ses productions culturelles. Claude Lévi-Strauss a donné au structuralisme la dimension d’un humanisme hostile à toute forme d’évolution sociale et même pessimiste sur le progrès et l’avenir de l’homme (Race et Culture (1971).

 

Liberté : l’absence ou la suppression de toute contrainte considérée comme illégitime. Définition et description :

1° Au niveau le plus bas et proprement biologique, la liberté s’identifie avec la santé de l'organisme, que Leriche a définie comme « la vie dans le silence des organes ». L’homme malade se sent asservi à son corps : il n’est pas libre de faire ce qu’il veut ;

2° À un stade plus élevé, la liberté s’identifie avec la spontanéité des tendances. L’homme est libre quand il peut réaliser ses désirs (épicurisme). Mais il y a des désirs contre lesquels nous luttons à cause de leurs conséquences fâcheuses pour l’organisme ou parce que la raison s’y oppose. La liberté ne saurait donc consister à se laisser aller à ses tendances (« nous n’avons pas conscience d’être libres, dit Platon, quand nous succombons aux passions »), mais à « choisir » entre ses tendances ;

3° Au niveau de la conscience, la liberté se définit par la possibilité de choisir. Pour qu’il y ait choix, il faut plusieurs motifs, plusieurs possibilités d’action. Le choix peut être impossible lorsque tous les motifs se valent : l’âne de Buridan, placé entre deux sacs d’avoine identiques, meurt de faim au milieu parce qu’il n’a pas plus de raison d’aller à droite qu'à gauche.

Une décision, dans ce cas, eût relevé de ce qu’on appelle la « liberté d'indifférence » ; mais une telle liberté n’est guère l’expression d’une personnalité ;

4° Au sens le plus plein, la liberté se définit comme une « réalisation » volontaire, justifiée par le plus grand nombre de motifs ; car notre action est alors non seulement l’expression d'un choix personnel, mais d’un choix capable de se justifier rationnellement aux yeux de tous les hommes. Après Platon et Spinoza (« l’action libre est celle qui se détermine en faveur du désir raisonnable »), Kant a donné toute son ampleur au « rationalisme » de la liberté.  L’action est libre lorsque la conscience se détermine « contre » les désirs sensibles, en fonction d’un principe rationnel (par exemple, faire l’aumône « par pitié », c’est céder au penchant, mais faire l'aumône «par principe», c’est agir librement, selon un principe rationnel) ;

5° On s'aperçoit qu’au fond la liberté ne consiste pas dans ce qu’on fait, mais dans la manière dont on le fait.

La liberté est une attitude, celle de l’homme qui se reconnaît dans sa vie, qui approuve l’histoire du monde et des événements. C'est pourquoi la liberté consiste souvent à « changer ses désirs plutôt que l’ordre du monde», à s’adapter à l’évolution et à l’ordre des choses. C’est à une telle conception (qui était celle des stoïciens) que sont revenus les philosophes (Jaspers et Sartre).  L’homme devient libre lorsqu’il substitue une « attitude active » à une «situation subie», lorsqu’il prend parti à l'égard des événements de son temps, se définit par rapport au régime et par rapport aux autres hommes, la liberté se prouve en se réalisant, lorsque l'homme réalise sa personnalité à travers les événements du monde, au lieu de les subir du dehors, comme un destin aveugle. Une nation ne peut être libre lorsque la misère y règne. Du dehors, elle dépend des nations les plus riches, mais, du dedans, les populations misérables ne peuvent avoir le sentiment d’être libres. La liberté requiert, sur le Plan Social, que tous les hommes d’une société puissent trouver du travail et, sur le plan humain, une volonté des citoyens de travailler efficacement et de construire une économie. Le problème social de la liberté est de concilier la liberté individuelle et la loi sociale. Le  point de vue selon lequel les libertés individuelles doivent pouvoir s’exprimer sans limites est celui que Platon nommait « démocratie directe » ou « anarchie ». Lorsqu'il n’y a plus que des individus, une société n’est plus possible. Du point de vue économique, la subordination des intérêts sociaux aux intérêts particuliers caractérise le libéralisme économique de la fin du XIXe siècle aux États-Unis. Le point de vue selon lequel la loi sociale constitue un idéal auquel les individus doivent s’identifier caractérise l'étatisme, ou dirigisme des sociétés fondées sur un parti unique (démocraties populaires, U. R. S. S, Chine), n’admettant, en politique, qu'une seule idéologie, supprimant, en économie, propriétés et entreprises privées en théorie.  Il faut un minimum de loi pour qu'il y ait société, un minimum d'initiative individuelle pour qu'il y ait liberté. Elle est dans la puissance de notre raison, de notre volonté sur notre vie : « Seul l'être rationnel, est absolument autonome, fondement absolu de soi-même » (Fichte).  Seule la vie libre peut avoir une valeur morale. « Les actions sont par nature quelque chose de transitoire, de passager. Quand elles ne jaillissent pas d’une cause dont le lieu est le caractère ou le tempérament de la personne qui les accomplit, alors elles n’adhèrent pas à cette personne et ne peuvent, quand elles sont bonnes, lui conférer du mérite ni, quand elles sont mauvaises, lui apporter de la honte » (Hume).

 

Lumières (les) : c’est le mouvement intellectuel européen du XVIIIe siècle (appelé siècle des Lumières), fondé sur les valeurs du savoir rationnel, du progrès et de la liberté. L'Encyclopédie de d’Alembert et Diderot est l’œuvre de la philosophie des lumières. Les principaux représentants en furent Diderot, d’Alembert, Cabanis, Helvétius, l’abbé de Condillac.

 

Machiavel : homme d’État, écrivain et théoricien politique italien. La mémoire de Machiavel a cruellement souffert d’une confusion. On l'a identifié avec son «exécrable héros», César Borgia et on l’a même accusé d’avoir conseillé la Saint-Barthélemy à Catherine de Médias. Il fut avant tout soucieux du salut de sa patrie. républicaine ou non. La loi suprême est pour lui celle de la «raison d’État», bien que les Discours sur la première décade de Tite-Live  prennent nettement position en faveur d’un gouvernement républicain et démocratique. En réalité Machiavel n'a pas proposé une théorie générale de l’histoire ni glorifié la duplicité des gouvernants. C’est un observateur et un écrivain, qui a décrit les mœurs politiques des gouvernants de son temps. On lui doit en outre : « De la manière de traiter les populations révoltées du Val de Chiana » (1504), « Rapport sur les choses de l’Allemagne » (1532), « Histoire de Florence » (1525).

 

Maïeutique : une méthode qui incite à la réflexion intellectuelle. L’art d’accoucher les esprits, c’est-à-dire de faire découvrir à l’interlocuteur des vérités qu’il porte en lui. Socrate exerce cet art en posant au bon moment des questions à ses interlocuteurs et en les faisant « se rappeler »  des données élémentaires des mathématiques ou des vérités morales universelles. La psychanalyse est, à ce titre, une maïeutique.

 

Malebranche (Nicolas de) : disciple de Descartes, il s’intéresse à la métaphysique. Sa doctrine se situe entre la théorie cartésienne, dont le centre est le libre arbitre de l’homme (humanisme) et la théorie spinoziste, dont le centre est la participation au (panthéisme). L'essentiel de sa doctrine, se trouve exposé par Joseph Moreau dans l’introduction à la Correspondance avec Dortous de Mairan.

 

Malraux (André) : un écrivain politiquement engagé, il  écrit sur l’art et la culture (la Condition humaine, 1933). Son patriotisme, son idéal de liberté et de justice sociale l’amènent à participer, dès 1926, à la révolution chinoise. Il participe à la guerre d’Espagne, où il dirige l'aviation étrangère  au service du gouvernement républicain (l’Espoir, 1937), à la Résistance française (1940-1944) ; au gouvernement du général de Gaulle (1945-46). L’art au service de  l’action. Ses œuvres représentent la plus importante contribution à l’esthétique depuis « l’Esthétique » de Hegel.

 

Manichéisme : conception où le bien et le mal s’opposent. Le terme vient de Manicheus (ou Manès), philosophe persan du IIIe siècle, qui essaye de concilier le christianisme et le dualisme de l’ancienne religion de Zoroastre.  Le manichéisme se voulait une religion universelle. Il se répandit en Orient, en Perse, en Inde, au Tibet, en Chine et au Turkestan. Il se manifeste en Europe, et d’abord en Espagne, à partir du VIe siècle.

 

Marcuse (Herbert) : Il fuit l’Allemagne en 1933 et gagne les États-Unis. Il développe à la fois une critique de la civilisation industrielle et de la bureaucratie des États socialistes. Sa critique la plus connue est celle de la « société de consommation », qui « manipule les consciences » par une mise en condition propre à la consommation de masse et à l'éducation. Ses analyses s'inspirent de Marx par leur objet (les consciences aliénées) et de Freud par leur méthode. Il considère la « répression » au sens freudien (de rejet conscient d’une sollicitation psychique, par opposition au refoulement, qui est inconscient) comme « non seulement le secret de l’individu, mais encore celui de la civilisation ». Il appelle ainsi à une libération des consciences, tout en regrettant que dans les pays économiquement avancés l'esprit révolutionnaire soit neutralisé par la disparition de toute idéologie organisatrice des masses. Contre-révolution et révolte (1973).

 

Marx (Karl Heinrich) : Il  fait la critique du système capitaliste dans le Capital et joue un rôle déterminant dans l’organisation du mouvement ouvrier. Il rédige en 1847, avec Engels, le Manifeste du parti communiste. Les événements de la politique et de l’histoire l’amènent à se réfugier à Paris (1848). Son œuvre principale est le Capital (1864-1876), que sa mort laisse inachevé. Le principe de la philosophie de Marx est de partir de l’homme comme être agissant et non comme être pensant. La doctrine de Marx est à la fois une théorie de la connaissance, le matérialisme dialectique, qui garde toute la dialectique de Hegel, mais en la renversant. Il substitue le terme d’« homme » à celui d’« absolu », celui de « conscience humaine » à celui de « conscience divine ». Son œuvre est une philosophie de l’histoire, selon laquelle le développement historique (social et politique) est régi par des lois économiques (« infrastructure économique ») et par la lutte entre les « classes exploitantes » et les « classes exploitées ». D’un point de vue philosophique, le marxisme est l'attitude de toute pensée « engagée » qui part de cet axiome de Marx : « les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de différentes manières mais il s’agit maintenant de le transformer ». Il analyse et pourchasse toutes les formes d’« aliénation » dans la société.

Nirvana : l’extinction de la douleur, associée à la fin du cycle des « réincarnations ». Le nirvana équivaut à l’état de bouddha qui est une prise de conscience de la nature essentielle de sa propre vie et de celle des autres en rythme avec les pulsations des univers.

Matérialisme : doctrine affirmant que la matière est le seul constituant de l’univers et que l’esprit n’est qu’une manifestation de la matière. D’une façon générale, le matérialisme rejette l’existence de l’âme, de l’au-delà, de Dieu. Quant à la pensée, il en fait une « donnée seconde », soit qu’il la ramène à des faits purement matériels (Démocrite), soit qu’il la nie en tant que réalité et voit en elle une sorte d’illusion (un « épiphénomène »), soit qu’il explique sa genèse à partir de la matière (matérialisme dialectique). Le matérialisme refuse de reconnaître la spécificité du psychique (il réduit, par exemple, la découverte spirituelle d’une idée à une réaction physico-chimique dans le cerveau) et considère la connaissance de l’homme comme un simple prolongement de la connaissance de la nature. Il s’interdit donc toute approche « compréhensive » des réalités spirituelles et humaines. Cette théorie possède cependant certaines limites.  Entre chaque moment du développement, qui va de la sensation à la pensée, il existe des « bonds qualitatifs», c'est-à-dire, simplement, qu’entre la sensation et le réflexe, le réflexe et la pensée, il existe une différence de nature que le matérialisme se trouve impuissant à expliquer et qu’il ne peut que constater.

 

Matière : ce qui constitue ce qui est perceptible par les sens. Aristote  définit la matière comme une réalité « potentielle ». Le problème de la nature de la matière est le problème de la science (en particulier de la physique).  Le problème fondamental de la philosophie est celui de la nature de l’esprit (Bergson, la Pensée et le mouvant : métaphysique et science). Les domaines de la science et de la philosophie restent en ce sens distincts et déterminés, impossibles à confondre.

 

Mauss (Marcel) : sociologue et ethnologue français. Son souci de ne jamais isoler un fait social du contexte culturel où il se situe le conduisit à une théorie globale des « faits sociaux comme totalités culturelles». En 1928, il créa, avec Paul Rivet, l’institut d'ethnologie.

 

Maxime : un principe de logique ou de droit, ou une observation psychologique générale. Kant fait la distinction entre le « principe » général de la morale et la « maxime », qui est la formulation concrète de ce principe au niveau de notre action quotidienne.  Exemple, le principe de la morale étant d'agir par pur devoir, c’est une maxime particulière, lorsque l’individu donne à sa volonté propre, de rendre une somme qui nous a été confiée en dépôt.

 

Maya : dans la philosophie hindoue, ensemble des désirs, des tendances individuelles qui nous masquent notre véritable destin.  La maya est le « voile de l’illusion », que l'on assimile au mirage du désert. Elle désigne le degré le plus bas de la connaissance selon la philosophie bouddhique (et dans la philosophie de Schopenhauer, qui s’est inspirée de la méditation hindoue).

 

Médiation : Interaction entre deux termes dans un raisonnement. Entre l’homme et le monde, la médiation est, selon Marx, le travail et seule une « dialectique » du travail peut expliciter la nature de l’action humaine. La notion de médiation prend alors le sens de «devenir». Hegel identifie la médiation au problème de l’histoire ou de la dialectique.

 

Méditation : l’action de méditer, d’arrêter toute action du mental. La méditation est d'abord une réflexion sur soi, elle associe le progrès de notre connaissance de la vérité avec l’histoire d’un esprit humain.

 

Mégalomanie : un syndrome mental caractérisé par le désir excessif de puissance ou de gloire. Forme de mythomanie qui porte l’individu à se croire démesurément riche, empereur ou Dieu.  Elle se caractérise, en général, par une tendance de l’individu à surestimer tant sa valeur physique (dimensions du corps, forces physiques, puissance sexuelle) que ses capacités intellectuelles et son importance sociale (recherche de distinctions honorifiques, etc.). La mégalomanie est, en général, une réaction d’échec, l’homme raconte et décrit la personnalité qu’il aurait rêvé d’être et qu’il n’est pas. Elle peut répondre aussi à un affaiblissement du sens critique, lié à un trouble organique (paralysie générale, démence sénile) ou à un trouble psychique caractérisé (paranoïa, manie aiguë).

 

Mélancolie : Rêverie triste. La mélancolie, avec toutes les aspirations quelle porte en elle, désigne, chez les philosophes romantiques allemands (Schelling, Schlegel), le sentiment authentique de l’existence humaine comme désir d’infini (Sehnsucht). En psychologie, la mélancolie désigne un état morbide de tristesse et de dépression, propre aux caractères cyclothymiques. Elle touche souvent l’individu entre trente et quarante ans.

 

Mémoire : la capacité d’une personne d’emmagasiner, de conserver et de récupérer les représentations de faits ou d’entités perçues. Les cinq éléments de la mémoire sont :

1° la fixation des souvenirs ;

2° leur conservation ;

3° le rappel ;

4° la reconnaissance ;

5° la localisation.

Les troubles de la mémoire peuvent être des troubles :

a) de fixation (amnésie antérograde, émotion violente) et d’une façon générale, pour qu'une chose soit fixée dans notre mémoire, il faut qu’elle soit « comprise ».  On ne se souvient bien que de ce que l’on a clairement compris ;

b) de conservation (atteinte des cellules du cortex) ;

c) du rappel (amnésie rétrograde des vieillards, décrite par Théodule Ribot) ;

d) de la reconnaissance (paramnésie ou sentiment d’avoir déjà vu ce qu’on n’a jamais vu, que Bergson a analysé particulièrement) ;

e) de la localisation (désadaptation sociale, voyage, changement de société).

En général, les souvenirs ou les événements oubliés sont ceux que nous « refoulons » dans l’inconscient (Freud), soit qu’ils choquent notre conscience sociale, soit qu'ils nous forceraient à réfléchir et à repenser notre vision des choses et des hommes.

 

Merleau-Ponty (Maurice) : l’un des représentants de l’existentialisme. L’influence de Husserl, notamment de ses dernières œuvres, imprègne profondément sa pensée. À partir de 1945, il anime avec Sartre la revue les Temps modernes. Sa réflexion sur les problèmes politiques, et en particulier sur le marxisme, l'amène à prendre une position de gauche mais â se dégager du communisme ; c’est alors qu’il se sépare de Sartre (1953). Sa conception de l'homme engagé dans le monde et dans l’histoire et réfléchissant à partir de cet engagement (Humanisme et terreur, Essai sur le problème communiste, 1947 ; les Aventures de la dialectique, 1955; Sigres, 1960), son idée de la philosophie « boiteuse », à cheval entre l’action et la pensée, le « non-sens » et I’« absolu », achèvent de caractériser sa doctrine comme une méditation sur l’homme pris dans son existence concrète, à la fois esprit et corps, raison et chair : comme une «philosophie de l’ambiguïté». Il ne voulut jamais trancher les problèmes mais les approfondir, et, d’une façon générale, approfondir ainsi les frontières qui séparent et unissent la conscience et l’inconscient.

 

Métaphore : un procédé rhétorique consistant à remplacer un terme (mot ou expression) par un terme appartenant à un autre domaine et présentant certains traits de ressemblance, sans que cette similitude soit explicitée (par exemple en parlant d’une forêt de colonnes plutôt que d’un ensemble de colonnes). Bergson pensait que, toute compréhension des réalités spirituelles et vitales étant de nature intuitive, le langage qui les exprime ne pouvait être que métaphorique. Il justifiait ainsi la forme même de sa philosophie.

 

Métaphysique : pendant près de vingt siècles, de Platon à Descartes, le problème fondamental de la métaphysique a été celui de l’existence et de la nature de Dieu.  La métaphysique scolastique du Moyen Age se présente explicitement comme la « servante de la théologie ». À partir de la Renaissance, qui est marquée précisément par la naissance et le développement des sciences modernes, le problème de la métaphysique devient celui de l’existence du monde extérieur.  La métaphysique cherche à savoir comment les créations de notre esprit (mathématiques) peuvent s’appliquer réellement au monde.  Cette période va de Descartes à Kant. La métaphysique moderne, qui commence avec Fichte et se trouve aujourd'hui représentée par Heidegger, connaît le problème fondamental de l’homme, de sa nature et de son existence.  Elle ne traite pas seulement de l’homme comme esprit et connaissance, mais comme sujet de l’action, comme engagé dans le monde et dans l’histoire humaine. Le problème de l’homme est donc à la fois celui de sa nature profonde (métaphysique de l’existence ou de la liberté), celui de ses relations à autrui (éthique, philosophie de I’« intersubjectivité », sociologie) et celui du sens de l’histoire, à laquelle il est amené à participer (métaphysique de l’histoire).

 

Moi : la personne qui parle. Dans la psychanalyse, le « moi » définit l’équilibre entre les tendances instinctives (« ça ») et la conscience sociale présente en nous (« sur-moi »).  Cet équilibre entre les désirs individuels et le sentiment des nécessités sociales est capable de varier dans un sens ou dans l’autre. En psychologie, l’étude du « moi » se fait par « introspection », ou analyse directe. La philosophie réflexive française (Lachelier, Lagneau, Alain) s’est efforcée d'approfondir l’analyse psychologique du moi en une analyse métaphysique.  Le principe de cet approfondissement consiste à partir d’un fait de conscience individuel et à en dégager la signification universelle pour tous les hommes. Bergson concevait également (Essai sur les données immédiates de la conscience [1889]) un passage du moi psychologique (moi social) au moi métaphysique (moi profond, identique à l’expérience de la durée). D’une façon générale, en philosophie, le moi est le principe de toute méditation, ce qui ne signifie pas que les vérités sont relatives à nous, mais que le nombre des vérités que nous pouvons découvrir est relatif à l’ouverture, à la formation et à la richesse de notre « moi » (telle est l’idée directrice de la philosophie du moi de Fichte, de Husserl et, en général, de l’idéalisme critique).

 

Monade : dans la philosophie de Leibniz, substance simple, active, indivisible, inétendue dont le nombre est infini et qui constitue l’élément primitif des choses et qui est douée de perception, de désir et de volonté. Toute conscience individuelle est une monade, du fait qu’elle possède des désirs et un point de vue original sur le monde.

 

Monothéisme : religion qui n’admet qu’un dieu unique. Il semble que la première religion monothéiste ait été pratiquée en Égypte, sous le règne d’ Aménophis III, qui dépouilla les colonnes des temples et les temples eux- mêmes de tout motif figuratif. Temple de Louxor.

 

Mythomanie : tendance anormale à inventer des faits ou des personnages. Les études de Dupré nous amènent à distinguer :

1° la mythomanie qui conduit le sujet à s’accuser d’un crime célèbre, soucieux seulement d’être remarqué, même si sa réputation doit être entachée ;

2° la mythomanie glorieuse, qui pousse le sujet à raconter des exploits étonnants, des succès amoureux flatteurs, des faits d’armes qui font de lui un héros (Tartarin, de Daudet) ;

3° celle qui pousse l’individu à simuler une maladie ou un forfait pour satisfaire sa vanité, par calcul utilitaire.

 

Narcissisme : la contemplation de soi. Une légende de l’Antiquité raconte que Narcisse aperçut sa propre image dans l’eau d’une fontaine, tomba en extase et, désespéré de ne pouvoir saisir cet autre lui-même, languit et mourut.

 

Nation : Groupe humain ayant des institutions politiques communes et vivant à l’intérieur d’un territoire donné. La nation se distingue de l’État (organisme de gouvernement et d’administration). la nation est l’ensemble des individus qui exercent leur suffrage lors des référendums ou des élections législatives. La nation désigne le corps social tout entier. L’État et le gouvernement ne font, en principe, et dans les meilleurs cas, que représenter la nation et réaliser ses volontés fondamentales. On ne peut parler d’un État « représentatif » de la nation que dans les pays démocratiques, où les élections sont libres, et les citoyens, dégagés de l’emprise d’un régime policier fondé sur un parti unique.

Névrose : affection mentale caractérisée par la conscience claire et douloureusement ressentie d’un conflit psychique. Affection caractérisée par des troubles affectifs et émotionnels dont le sujet a une conscience pénible, mais qui n’altèrent pas ses fonctions mentales.

 

Nietzsche : philosophe allemand. Ses œuvres, remettent en question les valeurs occidentales et influencent la pensée contemporaine. Il fut un ami de Richard Wagner. Il professe à l’Université de Bâle de 1869 â 1878. Il mourut fou. Sa recherche d’une synthèse entre le monde dionysiaque des désirs et le monde apollinien de la sagesse (la Naissance de la tragédie, 1872), son refus de la morale chrétienne, ou « morale des esclaves » (Humain trop humain et Par-delà le bien et le mal), son « renversement des valeurs », qui substitue une morale créatrice aux théories des valeurs toutes faites, sa théorie du « surhomme » (Ainsi parlait Zarathoustra, la Généalogie de la morale et le Crépuscule des idoles) ainsi que sa théorie du « retour éternel » des choses de la vie humaine sont les thèmes principaux de sa pensée. L’effort de sa morale fut de sortir du pessimisme le plus profond, mais en reconnaissant toutes les expériences négatives, les « malheurs » que la vie peut réserver à l’homme : sa maxime fut de « faire avec le désespoir le plus pro-fond l’espoir le plus invincible », grâce à un héroïque effort de la volonté et de l’imagination. Son lyrisme, qui implique une contemplation esthétique de la vie et de la nature, le rapproche des philosophies de la nature propres au romantisme allemand (Schelling, Schopenhauer). Sa théorie du retour éternel a influencé certaines philosophies de l’histoire, notamment la théorie des « cycles de culture » de Spengler ou de Toynbee. L’exploitation de sa philosophie par le fascisme et le national-socialisme, procède d’une déformation de la pensée d’un philosophe qui opposa toujours la « brute prussienne » à la civilisation française.

 

Nihilisme : doctrine niant toute valeur morale et intellectuelle d’un groupe et refusant l’idéal de ce groupe. Le nihilisme apparait en Russie, au XIXe siècle, comme une attitude, un « état de désespérance » propre à tous ceux qui ne savent « que faire » de leur vie. Le nihilisme évolue sous l’influence de N. Gavrilovitch Tchernychevski (1828-1889), dans le sens d’une critique du capitalisme et de l’injustice sociale en Russie. Par réaction aux poursuites gouvernementales et à l’instigation d'agitateurs, certains nihilistes participent à des attentats anarchistes, qui ne faisaient pas partie du programme primitif. Ainsi se fit la liaison avec des hommes tels que Bakounine, dont l'État et l’Anarchie recommande de « détruire le plus possible, le plus rapidement possible ». Le nihilisme se confond alors avec tous les mouvements qui visent à détruire le régime du tsar. Le nihiliste s’identifie à l’anarchiste, pour lequel la destruction et la lutte révolutionnaire constituent une fin en soi. Il s'oppose au révolutionnaire, dont le but n’est pas de détruire, mais d’instaurer un ordre nouveau.

non-moi : le monde extérieur par opposition au moi. L’ensemble des objets distincts du sujet. Le non-moi désigne dans la philosophie de Fichte, qui emploie systématiquement le terme, une des composantes de la perception du monde.  C’est le fait du donné, le  phénomène  du réel par quoi nous distinguons une représentation du monde, d’une image de l’esprit. Fichte montre que ce non-moi est le produit d’une activité inconsciente du moi. L’activité pratique et réelle de l’homme dans le monde. Le sentiment du réel, le spectacle du monde (le « non-moi ») sont les signes de notre destination morale et de l’activité créatrice du sujet (action et travail sur le monde). Il ne faut pas confondre le « non-moi » et « autrui ».  Le non-moi est opposé au moi, tandis qu’autrui est avec moi pour regarder le monde.  La rencontre avec autrui est une relation de communication, au niveau du discours, tandis que la relation avec le monde (le « non-moi ») est une relation de lutte comme le travail.

Numineux : Le numineux est l'expérience de la conjonction des opposés que sont l'attraction et la répulsion face à l'irruption du sacré dans la vie. Le sacré en tant qu’expérience sensible insaisissable par des moyens rationnels. Le numineux suscite à la fois terreur et fascination.

Oligarchie : un régime politique où le pouvoir est détenu par un petit nombre d’individus ou de familles. Groupe de quelques personnes puissantes dominant une partie des intérêts d’un pays. Oligarchie financière, Etat, gouvernement oligarchique.

 

Onirisme : délire aigu constitué d’hallucinations dans lesquelles se déroulent des activités animées et enchaînées, comme celles que l’on voit dans les rêves. L’onirisme est d’ordinaire lié aux délires alcooliques et à différents types d’affections toxiques (telle la maladie tropicale de la « dengue »), qui entraînent une diminution des forces de la conscience.

 

Ontique : relatif aux objets du monde. La philosophie de Kant est une philosophie ontique parce qu’elle ne réfléchit que sur les problèmes intérieurs du monde et ne s’élève pas au problème ontologique de I’origine du monde (Fink). La réflexion ontique (sur les objets du monde) s’oppose donc à la réflexion ontologique (sur l’être même du monde). C’est sur ce point que la philosophie de Heidegger, prétend s’opposer à celle de Kant et même la compléter.

 

Ontologie : étude de l’être en tant qu’être, indépendamment de ses déterminations particulières. Elle s'oppose à l’anthropologie, qui est la science de l’homme. Platon (au livre VII de la République), Spinoza, Hegel et, aujourd’hui, Heidegger ont développé le problème ontologique, qui fut d'abord pour Platon celui de la lumière qui nous découvre les objets du monde, ensuite pour Spinoza celui de la nature de Dieu, puis pour Hegel celui de l’Histoire et pour Heidegger celui du fait de l’existence qui s’accomplit en tout homme. L'ontologie, qui analyse la lumière qui fait « être » toutes choses et l’esprit humain lui-même (Platon), se distingue également de la morale, qui étudie ce qui « doit être » et qui se présente comme une théorie de l'action (et non comme une théorie de l’être). L'ontologie, qui est la recherche de l’absolu, est le but ultime de toute philosophie.

 

Opinion : ensemble des idées, des jugements communs à la majorité des membres d’une même société. L’opinion caractérise un sentiment subjectif qui n’est pas fondé sur une connaissance scientifique des choses. L'opinion se fonde simplement sur un sentiment vague que nous avons de la réalité. L'opinion s’oppose en ce sens à la science (Platon). On distingue différents degrés de l’opinion, selon qu’elle exprime un jugement probable, une possibilité ou une vérité. En matière de jugement historique et politique, l'opinion est reine et seule compte l’opinion du « plus grand nombre »  car là où il n’est point de science certaine, tous les avis se valent. En revanche, on ne parle pas de l’opinion d’un mathématicien lorsqu’il énonce un résultat d’un problème numérique, on parle de « savoir » ou de «science». Quelle que soit la faiblesse logique d’une simple opinion, le respect des opinions diverses est un principe de morale et se nomme tolérance.  Celle-ci est le principe de toutes les démocraties véritables.

 

Optimisme : une tendance à ne voir que les belles choses de la vie, à avoir confiance en l’avenir. Doctrine selon laquelle la somme des biens dans le monde dépasse celle des maux (Leibniz). L’optimisme est la croyance en la bonté naturelle de l’homme (Rousseau), la foi dans le progrès du genre humain et de la civilisation (Encyclopédistes). L'optimisme est le levain de toutes les formes de l’activité humaine et même le principe premier de toute morale.   L’homme n’agirait pas s’il pensait que son action dût être nécessairement inutile, autrui nécessairement méchant, etc. L’optimisme n’est, au fond, qu'une reprise consciente du mouvement originel de la vie, qui est un mouvement créateur et progressif.

 

Orgueil : opinion trop avantageuse qu’on a de sa propre valeur.

 

Panthéisme : divinisation de la nature. C’est la doctrine des stoïciens pour lesquels Dieu est la force vitale immanente au monde, de Spinoza (dont le principe célèbre Deus sive Natura identifie Dieu et la nature. Le panthéisme est une conception de la divinité, bien qu’elle n’évoque qu’une force impersonnelle, présente partout dans le monde et en nous.

 

Paranoïa : psychose chronique se manifestant par un délire généralement bien construit et systématisé, s’accompagnant de troubles du jugement et de la perception, mais sans détérioration intellectuelle ni atteinte des fonctions instrumentales. Selon Kraepelin, c’est un orgueil démesuré (hypertrophie du « moi »),  une susceptibilité exagérée (impression de persécution), des erreurs de jugement (justifiées parfois par des arguments absurdes), une inadaptation sociale.

 

Paraphasie : un trouble du langage se caractérisant à l’oral par la substitution ou l’interversion des phonèmes, des syllabes ou des mots. (ex. chapeau pour marteau).

 

Parménide : La doctrine parménidienne de l’être, s’oppose à la doctrine du devenir d’Héraclite, a inspiré le Parménide, de Platon (v. 360), qui essaie d’unir les deux thèses de l’unité de l’être et de la diversité du savoir, ce dialogue introduit la méthode dialectique dont s'inspirera Hegel. Auteur du poème De la nature, il est considéré comme le père de l’ontologie.

 

Pascal Blaise : (1623-1662). Savant, philosophe et écrivain français. Auteur d’un Essai sur les coniques à 16 ans, inventeur d’une machine arithmétique à 19 ans, il se fit le défenseur du jansénisme et le détracteur du jésuitisme. En 1654  il échappe à un accident de voiture sur le pont de Neuilly et, à la suite d’une nuit d’extase dont le Mémorial reste un émouvant témoignage il fait un retour total à Dieu. Sa réflexion théologique se prononce dans les Écrits sur la grâce. Sa méditation se tourne alors vers une apologie du christianisme, pour laquelle il accumule les fiches et les notes. Mais la maladie ne lui laissera pas de répit. La pensée de Pascal, profonde, austère et parfois angoissée, demeure un thème particulièrement suggestif pour la réflexion philosophique sur l’homme. L’existentialisme revendiquera, au-delà de Kierkegaard, la paternité de Pascal.

 

Passion : un état affectif et intellectuel, violent, puissant qui domine la raison. La philosophie romantique (Schelling) a exalté la passion comme un désir de fusion et de réalisation de sa personnalité en autre chose que soi (« identité absolue »).  La passion révélerait le fond de l’individu, sa réalité infinie, seule capable d'appréhender l’infinité du monde. Mais cette identité entre nous et le monde, dans le sentiment de la Nature, ne parvient pas à se réaliser effectivement et à subsister au-delà d’un instant.  Dans ces mêmes philosophies romantiques, le fond de toute réflexion passionnée reste la « nostalgie ». En psychologie, la passion s’oppose à l’action,  en morale, elle s’oppose à la raison, comme la démesure à la tempérance.

 

Pathologique : un signe qui permet au médecin de diagnostiquer un mal. La notion de « pathologique » est difficile à préciser (selon Canguilhem).  Un organisme peut comporter une différence anormale (main humaine à six doigts) et être un organisme sain. Le pathologique n'est donc pas l’anormal au sens de « caractère exceptionnel », sur lequel on ne peut fonder une moyenne statistique. L’altération pathologique ne doit pas être con fondue avec (’«irrégularité statistique». Le pathologique apparaît lorsqu'on note une désadaptation (biologique ou psychologique) entre l’individu et le milieu. Au point de vue biologique, lorsqu’il y a trouble fonctionnel (hypertension) ou lésion morphologique (ulcère de l’estomac). La notion de « pathologique » n’a pas de signification absolue ; elle caractérise un « mode de relation » au milieu ou à autrui, une rupture de l’adaptation.

 

Pédagogie : Qualité d’une personne qui a le sens de l’enseignement. C’est l’art d'instruire et de former les individus. — Le principe de toute pédagogie est non seulement d’enseigner des connaissances, mais de former des hommes. La pédagogie n’est pas seulement intellectuelle, elle est aussi psychologique. Son premier devoir est de rendre l’enseignement vivant, afin que les individus puissent être précisément « réceptifs». Il faut distinguer le pédagogue et le savant, le professeur et le chercheur, dont les vocations sont différentes.

 

Pensée : une brève réflexion à caractère littéraire et philosophique, isolée ou organisée en recueil. La pensée désigne particulièrement l’acte de réfléchir (« Penser, c’est juger », dit Kant) ou le produit de la réflexion (les Pensées de Pascal). Le problème de la nature et de l’origine de nos pensées, qui est le problème ultime de toute réflexion, n’a été directement abordé que par Spinoza (dans le deuxième livre de l’Éthique), par Fichte (dans la Théorie de la science) et Heidegger (dans Qu’est-ce que penser?). Il apparaît que l'analyse de la pensée humaine et la réflexion sur sa propre activité constituent la voie la plus féconde pour accéder à la connaissance de l’être absolu.

 

Perception : le fait de percevoir par les sens ou par l’esprit. C’est la représentation d’un objet réel. Elle s’oppose à l’image, qui est la représentation d’un objet irréel. Si nous analysons la nature de nos perceptions, nous voyons qu’elles comprennent un élément affectif (une sensation),  un sentiment d’extériorité, enfin un élément de connaissance qui nous permet de nommer, de déterminer l’objet. Si l'on considère l'objet de la perception, on peut distinguer les perceptions externes d'un objet hors de nous et les perceptions internes d’un état de sujet. Si l’on considère la genèse des perceptions, on peut distinguer les perceptions acquises (discerner par la vue si une surface est lisse ou rugueuse) et les perceptions naturelles (par exemple, des différences de couleur).  La perception n’est pas un « composé » de sensations élémentaires mais est elle-même une sensation globale : « Nous ne percevons pas d’abord les feuilles, puis l'arbre ; nous n’entendons pas d’abord des notes, puis la mélodie, c’est l’ensemble de l'arbre ou de la mélodie qui est d’abord perçu  et c’est en lui que nous apprenons à distinguer des feuilles ou des notes ». Si la perception est le point de départ de notre connaissance du monde, elle est aussi l’instrument de notre action sur lui.

 

Personnalisme le : un système philosophique dans lequel la personne humaine est considérée comme la valeur suprême. le personnalisme est une doctrine sociale dont le principe est celui même de la morale kantienne, à savoir le respect de la personne humaine, il vise à sauvegarder ce respect, malgré les conditions de vie du monde moderne. Le « personnalisme » a été créé comme doctrine par Emmanuel Mounier. À travers ses descriptions de la vie sociale, le personnalisme retrouve les valeurs du christianisme et se situe finalement dans la ligne de l'existentialisme chrétien. Le terme de « personnalisme » a été appliqué à la philosophie de Max Scheier, sa théorie de la personne concrète comme «centre d’actes», comme «existence-valeur», opère la synthèse entre le formalisme de la morale kantienne et l’utilitarisme des morales concrètes anglo-saxonnes.  Le personnalisme se veut à la fois profondément concret et profondément moral.

 

Pessimisme : une doctrine qui soutient que le mal l’emporte sur le bien dans un monde issu d’une volonté étrangère au bien et au mal. La vie humaine est une perpétuelle douleur (Schopenhauer), parce que notre destination ici-bas est d’agir et qu’agir consiste à s’efforcer d’avoir ce que nous n’avons pas. L’homme travaille pour gagner de l’argent, il dépense son argent pour avoir ce qu’il n’a pas, mais le cercle des désirs humains étant infini, la souffrance de l’homme serait elle-même perpétuelle. Plus proprement, le pessimisme nie l’idée d’un progrès de la civilisation et de la nature humaine et il interprète l’évolution historique dans le sens d’une décadence. Le pessimiste est celui qui n’agit pas et qui regarde agir les autres.

 

Phénoménologie : chez Husserl, méthode philosophique qui se propose de saisir, par un retour aux données immédiates de la conscience, les structures transcendantes de celle-ci et les essences des êtres. La phénoménologie procède d’une critique de la métaphysique classique et sa tendance fondamentale est celle d’un retour au concret. Husserl (mathématicien de formation) conçoit ce retour au concret comme un retour à I’« intuition originaire » des choses et des idées. Il explique cette intuition originaire sur un exemple mathématique.  Il constate que si l’on peut se représenter intuitivement trois ou quatre objets, on ne peut intuitivement s’en représenter mille, on peut seulement « y penser». Husserl distingue ainsi deux types opposés de relation au donné ou d’« intentionnalité », la perception réelle, qui est « originaire » et la pensée, qui ne fait que « viser » l’objet en une « intention vide ».

 

Philosophie : c’est l’ensemble des études, des recherches visant à réfléchir sur les êtres, les causes premières et les valeurs humaines envisagées au niveau le plus général. On constate dans la définition antique une ambiguïté de la notion de « sagesse », qui évoque à la fois un savoir de la vérité et une pratique de la morale.  La philosophie est par vocation une science rationnelle, une explication cohérente du réel. Reconnaissant à la science, écrit Bergson, le pouvoir d’approfondir la matière, elle (la philosophie) se réserve l’esprit (Matière et mémoire).

La philosophie est initialement une réflexion sur les expériences réelles de la conscience humaine. Si son objet ultime est de dégager le sens de ces expériences, cette analyse peut procéder soit à partir des formes de la connaissance (scientifique, psychologique), soit à partir des formes de l’action (création artistique, action morale, travail humain), soit à partir d’une réflexion sur l’histoire humaine. Mais son but ultime est de retrouver, derrière ces expériences diverses, l’unité d’une même fonction, que Hegel nomme I’« esprit», que Cassirer, appelle I’« essence de l’homme » et que la phénoménologie moderne, appelle le « sens des choses ». Il convient de distinguer d’une part la philosophie proprement dite, ou « philosophie première », dont le but est directement de connaître l'esprit et d’autre part les applications de l’esprit philosophique aux connaissances scientifiques et aux réalités humaines (psychologiques et sociologiques), à l’histoire, à l’économie, à la politique, à la médecine, etc. (marxisme, prospective, thérapeutique psychologique, psychanalyse, etc.).

Platon : disciple de Socrate, il met celui-ci en scène dans ses œuvres qui prennent la forme de dialogues où sont abordés les grands problèmes philosophiques. D’origine aristocratique, il est l’élève de Cratyle et également disciple d'Héraclite. La condamnation de Socrate en 399 av JC, l’éloigne de la vie politique athénienne. Il voyage en Sicile, fait quelques expériences politiques, puis revient à Athènes où il fonde l’Académie en 387. L’œuvre de Platon se compose de 28 Dialogues, dont deux ont les proportions de véritables traités (la République et les Lois) et de lettres, dont la septième et la huitième racontent l’aventure politique de Platon en Sicile. La beauté littéraire des Dialogues, qui mettent tous en œuvre la personnalité de Socrate (ainsi que celles de ses disciples comme Phédon, Théétète, de soldats comme Lâchés, de sophistes tel Gorgias et même de grands philosophes, dont Parménide, Zénon, etc.), s’allie avec une réflexion philosophique contraignante, dans la mesure où la méthode des questions et des réponses est la seule méthode qui puisse entraîner réellement un individu dans une réflexion. L’interrogatoire permet d'accoucher spirituellement les hommes c’est la démarche de la « maïeutique » et l’opposition des opinions suscite l’intérêt pour la vérité, la « dialectique ». L’apport original de Platon par rapport à la méthode socratique, expose la « théorie des idées ». Ainsi Le Phédon traite de l’immortalité de l’âme, le Banquet et le Phèdre sont consacrés à l'amour, la République à l'organisation de la cité idéale. Les derniers dialogues (le Sophiste, Parménide, le Politique, Philèbe, Timée) sont les plus difficiles, les plus abstraits et les plus profonds. Son dernier dialogue, les Lois est resté inachevé. Par sa théorie rationaliste de la connaissance et par sa théorie morale du salut, Platon est considéré comme le père de toute la philosophie occidentale.

 

Plotin : fondateur du néoplatonisme, il fait une relecture des dialogues de Platon.

La doctrine plotinienne retient de Platon l'idéalisme et la dialectique de l’amour, qui permet au philosophe de s’élever jusqu'à l’intuition du Souverain Bien. Sa théorie des « hypostases», âme, intelligence, unité, recouvre une conception très vivante de l’activité intellectuelle. Sa doctrine de I’« Un au-delà de l’Étre »> implique une profonde théorie du fondement de la connaissance, qui restera méconnue par Hegel et tout le rationalisme classique et s’oppose à l’idée de la raison comme faculté de représentation. L’idée d’une appréhension intuitive de l’Absolu divin influence les Pères de l’Église. Sa philosophie très suggestive, alimentée par les doctrines présocratiques (Parménide), inspirera, saint Augustin, ainsi que la philosophie réflexive et la conception de la raison comme « activité » (Kant, Fichte).

 

Pluralisme : une doctrine, conception qui soutient qu’il n’existe que des êtres individuels sans lien entre eux. Les réalités qui composent l’univers ne sont pas réductibles à un principe constitutif unique. Le pluralisme est souvent un dualisme, qui oppose la matière et l’esprit, les choses et les idées comme deux réalités totalement hétérogènes. Dans la philosophie grecque, le pluralisme des Sophistes s’oppose au monisme de Parménide. Dans la philosophie moderne, le pluralisme caractérise l’empirisme qui fait dériver la connaissance de l’expérience. Le premier tiers du XXe siècle a vu naître « les philosophies pluralistes » en Angleterre et aux États-Unis. William James revendique cette désignation.

 

Politique : c’est l’art ou science des affaires publiques. Par extension, science du gouvernement des États. Aristote plaçait la science politique au-dessus des autres parce qu’elle commande au reste des activités humaines. Cette science a, aujourd’hui, beaucoup plus de mal à définir sa méthode et son objet. La politique, surtout quand elle résulte du suffrage universel, ressemble à la météorologie.  Elle résulte d’une masse infinie d’éléments qu’il est impossible d'appréhender théoriquement pour en prévoir la résultante.

Ce sont les juristes français qui ont permis un progrès décisif : Adhémar Esmein (1848-1913), dans les Éléments de droit constitutionnel, a distingué les institutions en fonction des idées et des forces en présence. Louis Rolland (1877- 1956) a traité, à la conférence d’agrégation de droit public, le même sujet du point de vue de la science politique et du point de vue du droit strict. Enfin, le Traité de science politique de Georges Burdeau (1949) s’efforce de saisir les données sociales et institutionnelles à travers la dynamique des rapports politiques qui les institue et les modifie. Il existe une activité politique avant l’État, après l’État et en marge des activités officielles de l’État. Par exemple, l’opposition politique dans un pays est une force politique totalement étrangère à l’État, jusqu'au jour où elle devient officiellement prééminente et s’identifie à l’État. On constate  l’ambivalence de la relation politique, décrite tantôt comme ennemie et tantôt comme amie.   L’ambivalence également du pouvoir, recherché par les hommes comme un besoin et en même temps rejeté comme une atteinte à leur liberté. On le voit, la politique est profondément humaine, elle est, comme l’homme selon Kant et Fichte, non pas quelque chose qui se pense, mais qui se réalise. Sur le plan objectif, comme l’écrit Merleau-Ponty dans Humanisme et terreur (1947), il est impossible de maîtriser intellectuellement la conjoncture mondiale, nous pouvons tout au plus tenter de la modifier en agissant sur elle. Si la politique possède un attrait particulier du fait que l’action se situe au niveau de la totalité de la société et de tous les intérêts du pays dans son contexte international, l’homme peut s’engager et se révéler totalement lui- même dans toute forme d’action (artistique, industrielle, agricole, pédagogique, etc.). De ce point de vue (cf. la Philosophie politique d’Éric Weil), la politique n’est qu'une possibilité parmi d’autres où l’individu n’est absolument pas plus assuré de réaliser sa vocation que dans n’importe quelle autre activité.

D’un autre côté, il est aussi vrai que « répugner à la politique, c’est ne plus croire en l’avenir, en l’homme, c’est mépriser l’humanité » (Freund, l’Essence du politique).

 

Polythéisme : une doctrine qui admet l’existence de plusieurs dieux.

Populisme et post-populisme :  Contrairement aux populistes, les post-populistes affichent un respect pour les institutions, une défense du libéralisme économique en interne (moins d’impôts, de charges, de bureaucratie, etc.), une défense également des positions atlantistes et même un attachement à l’Europe (mais, moins les institutions que l’idée culturelle, bien entendu). Sur ces points, on s’éloigne très largement du populisme, en particulier de la condamnation de la démocratie représentative – dénoncé comme une illusion qu’il faudrait remplacer par une « vraie » démocratie : soit par une relation charnelle avec le "leader", soit par des formes d’assemblées et de démocratie directe. En politique on se déteste jusqu’au moment où l’on a besoin de l’autre. La démocratie est essentiellement représentative. Le populisme est le symptôme manifeste de la crise de la démocratie représentative. Or il faut considérer que à travers le rejet du populisme, c'est une certaine idée du peuple qui serait rejetée et,  les élites seraient réconfortées dans leur irresponsabilité et leurs privilèges. Les politologues se dispensent de montrer en quoi telle ou telle proposition d'un parti dit « populiste » serait plus démagogique que des propositions issues de partis dits « de gouvernement ». L'utilisation de la notion de populisme apparaît plus idéologique que scientifique. Le populisme du peuple exerce une pression externe sur le système sommé de se renouveler s'il ne veut pas s'écrouler. Le populisme est une réaction au déclin d'élites devenues incapables d'être au service du peuple. Les élites technocratiques pensent que les institutions peuvent à elles seules créer un peuple à partir d'individus qui n'ont rien en commun. Une démocratie sans « Demos ». Le populisme latino-américain est lié à l'absence de tradition démocratique forte, il est une forme de bonapartisme plébiscitaire au moyen des outils modernes de la propagande et de la démagogie. Le déclin du populisme aura lieu lorsque les peuples ayant l'habitude de la démocratie auront repris la main sur leur État. Au plan international, lorsque des relations interétatiques et non supra-étatiques, un véritable « internationalisme » se sera installé. En occident, sortir d'une manière ou d'une autre de la tenaille supranationale européenne est, pour cela, l’enjeu fondamental.

 

Positivisme : une doctrine philosophique selon laquelle l’unique fondement de la connaissance consiste en l’observation des faits et l’expérience.  C’est une tendance des esprits hostiles à la métaphysique et désireux de ne fonder la connaissance que sur des faits. La politique positiviste vise à instaurer un ordre social adapté à I’« âge industriel », où le pouvoir spirituel se distingue du politique, où la classe spéculative (savants, artistes, philosophes) se trouve opposée à la classe active (commerçants, industriels, agriculteurs) ; enfin, la religion positiviste n’a pas pour objet un Dieu transcendant et inaccessible, mais elle est la religion de l’Humanité. C’est au Brésil que cette religion a eu un extraordinaire succès, parce que Benjamin Constant, ministre de la république du Brésil, essaya d'y organiser l’enseignement selon les principes de Comte.

 

Postulat : principe que l’on demande d’admettre comme vrai sans démonstration. Chez Kant, les postulats de la raison pratique (la liberté, l’immortalité de l’âme, l’existence de Dieu) ne sont pas des réalités démontrables, mais des réalités sans lesquelles la vie morale serait impossible et dénuée de sens.

 

Pragmatisme : une doctrine selon laquelle la valeur pratique est le seul critère de vérité. En science, on ne reconnaît la vérité d’une loi ou d’une théorie qu’à la possibilité d'en tirer des applications pratiques. Une religion est tenue pour vraie, que si elle est moralement bienfaisante. Le pragmatisme s’oppose au rationalisme, pour qui une chose n'est pas vraie parce qu’elle est utile, mais est utile à enseigner parce qu’elle est vraie. Soutenu et répandu par W. James, le pragmatisme à une époque de gloire à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle.

 

Preuve : ce qui sert à établir qu’un fait est vrai. Une preuve matérielle, tangible, formelle, convaincante, admise, évidente, incontestable, indiscutable, indéniable, indubitable, irrécusable, irréfragable. La preuve ontologique, téléologique, théologique. Il y a deux types de preuves : celles qui procèdent par démonstrations objectives et créent la « conviction » logique et celles qui procèdent par « persuasion » psychologique et en appellent aux sentiments ou aux tendances fondamentales de l’individu. Ces deux types de preuves correspondent respectivement aux exigences de l’esprit de géométrie et de l’esprit de finesse.

 

Prince (le) : un homme qui appartient à une famille souveraine sans régner lui-même. Œuvre  de Machiavel, composé en 1513 et publié après sa mort, en 1531. Le Prince est un traité politique où Machiavel constate l’incapacité des républiques italiennes à réaliser leur unité, alors que la France et l’Angleterre, soumises chacune à un monarque, sont parvenues à l’unification territoriale et morale. Machiavel élabore une politique positive, fondée sur la raison d’État, telle qu’elle a été incarnée par la personnalité énergique et cruelle de César Borgia. Mélange de prudence et de courage, de ruse et de violence, sans pitié ni scrupule, César Borgia est le modèle du gouvernant efficace qui, seul, pourrait réaliser, en des temps difficiles, l’unité italienne au-dessus des intérêts particuliers. Le « machiavélisme», que l’on a attribué à tort à Machiavel, n’est que la description des méthodes de César Borgia, qui, parti de rien, avait réussi à édifier un État moderne.

 

Probabilisme : une doctrine selon laquelle l’esprit humain ne peut atteindre la certitude et doit se contenter de propositions probables.

 

Problématique :  se substitue souvent au terme de réflexion, en y ajoutant une nuance spéciale de rigueur. La problématique est l’art d’élaborer et de poser clairement les problèmes, de les résoudre rigoureusement en suivant leurs transformations dans la réflexion philosophique.

 

Progrès : le développement de la civilisation, de l’humanité. Le passage graduel à un état supérieur. Progrès de la criminalité. Progrès de la prostitution. Le progrès peut être en bien comme en mal. Quand on parle du progrès de la civilisation, de la nature humaine, il s’agit d'un progrès vers le bien, vers l’accroissement des connaissances de l’esprit et du bonheur de l’homme. La croyance au progrès était un des principes de l’esprit encyclopédique au XVIIIe siècle, du positivisme au XIXe siècle. Par progrès, les philosophes du XVIIIe siècle (Diderot, Voltaire, les encyclopédistes) n’entendaient pas seulement un progrès des sciences, mais surtout un progrès social dans le sens des libertés politiques et du bien-être économique.

A. Comte, après avoir reconnu toute la valeur de I ’«évolution industrielle», considérait que le principal objet de la progression humaine consistait dans I’« amélioration continue de notre propre nature », dont les attributs éminents sont I’« intelligence » et la « sociabilité ». En ce qui concerne le progrès de la nature humaine, il faut distinguer deux optiques :

 1° du point de vue individuel, il n'y a pas de progrès, il n’y en aura jamais : chaque homme qui vient à la vie doit réapprendre complètement à surmonter ses passions et à faire triompher la raison, il y aura toujours des coléreux, des instinctifs, des angoissés, etc. ;

 2° du point de vue de l'histoire des hommes, on peut noter une évolution progressive des constitutions des États dans le sens d’une plus grande liberté, une évolution des rapports entre États dans le sens d’une plus grande cohésion et, par là même, d’une paix durable et organisée. L’histoire des individus est une perpétuelle répétition des mêmes erreurs et des mêmes emportements, que seuls les progrès et surtout la généralisation de l’éducation peuvent nous permettre de surmonter plus facilement.  En revanche, l’histoire de l’humanité révèle un progrès dans le sens de l'association des nations et des hommes les uns avec les autres.

En vérité, la paix n’est pas une fin en elle-même, si l’organisation de la paix mondiale représente un progrès « moral », propice au développement de la culture et des arts et requis pour l’amélioration des conditions de vie, Hegel nous fait remarquer, que seule la diversité des pays peut maintenir entre eux un état de concurrence propice au progrès technique et scientifique. Hegel affirmait même la nécessité d’un certain état de menace extérieure pour entretenir et secouer les consciences nationales, pour maintenir en éveil l’esprit compétitif des sociétés, ainsi que leur volonté propre de création ou d’expression.

La nature humaine est ainsi faite qu’il n'y a pas de progrès sans stimulation extérieure. On peut conclure que les véritables périodes de progrès global correspondent, historiquement, aux époques de paix effective (propice au développement des arts et aux progrès sociaux) et aux époques de risques de guerre (propices au développement des techniques et des sciences).

Il est impossible de dire que la culture moderne est supérieure à celle des Anciens, pas plus que la culture française n’est supérieure à la culture allemande ou anglaise. Il s’agit simplement de cultures « différentes». Si l’on considère la multiplication des découvertes scientifiques et philosophiques, ou des créations artistiques, on désigne par exemple le siècle de Périclès (Ve av. J.-C.) comme celui d’une avancée ou d’un progrès exceptionnel. Il en est de même de l’époque de la Renaissance. Le XXe siècle, que Nietzsche décrivait prophétiquement comme «l’âge classique de la guerre», apparaîtra de ce point de vue comme une récession.

 

Prolégomènes : une longue introduction placée en tête d’ouvrage. Les Prolégomènes sont le titre d’un ouvrage de Kant (1783), prouvant I’« impossibilité de toute métaphysique future » et la seule réalité de la connaissance physique.

Prospective : ce qui est orienté vers l’avenir. Étude prospective. G. Berger, créateur de la « prospective » comme science particulière, en définit l’esprit.  « Juger ce qu’aujourd’hui nous sommes à partir de l’avenir, au lieu de faire la démarche inverse, qui est la démarche courante et qui consiste à décider de l’avenir d’après ce que nous sommes actuellement». La prospective exige une attitude de recul par rapport au présent, elle se distingue de la prévision ou du calcul des probabilités parce qu'elle ne porte que sur les situations générales dans lesquelles les individus se trouveront placés à l’avenir (par exemple, accroissement des besoins de loisir) et non sur des faits particuliers. Elle se distingue des prévisions statistiques et consiste à voir loin globalement pour modifier en profondeur tout projet d’action. La prospective étudie la révolution des milieux psychologiques et sociaux.  Elle est synthétique et globale.  C’est une science humaine, non une science des faits historiques. Son objet est une situation générale d'avenir (non des faits particuliers).

 

Protagoras : l’objet premier de son enseignement était « l’art de persuader». Il estimait que toutes nos connaissances viennent de la sensation. Platon lui a consacré un dialogue (Protagoras ou les Sophistes, v. 385 av. J.-C.), spirituelle satire des sophistes qui pose la question : la vertu peut-elle s’enseigner ? Protagoras l’affirme, mais Socrate en doute.

Quantique :   ce qui concerne les quanta, repose sur la théorie des quanta. Max Planck a le premier donné la définition en 1900. Les principes de la mécanique quantique ont été dégagés par L. de Broglie (1924), Heisenberg (1925), Schrödinger (1926), Dirac (1928), fondateurs et promoteurs de la mécanique ondulatoire. Les « relations d’incertitude » de Heisenberg établissent une loi générale de « probabilités », qui caractérise toute connaissance dans le domaine des quanta, selon laquelle il est impossible de prévoir le point d’impact d’un électron, mais seulement d’un groupe ou d’un « faisceau » d’électrons.

 

Quine (Willard) : en 1951, dans « Deux dogmes de l'empirisme », il fait la critique de la distinction entre propositions analytiques et synthétiques, critique qui entraîne une refonte de l’empirisme logique. Quine adopte à l’égard de la philosophie du langage une conception béhavioriste de la signification, opposée aux thèses innéistes de Chomsky. Quine critique aussi le « mythe de la signification », niant qu’il soit possible de traduire une langue dans une autre. Sa philosophie de la logique apporte une importante contribution à la philosophie analytique. Quine propose un critère d’«engagement ontologique» pour les entités dont une théorie « assumait » l’existence.  Il se défie des notions « intentionnelles » comme celles de signification et de synonymie. Héritier de la tradition logiciste de Russel, il a mis les techniques de la logique moderne au service d’une ontologie d'inspiration nominaliste.

 

Racisme : Idéologie fondée sur la croyance qu’il existe certaines races supérieures qu’il faut préserver de tout croisement et qui sont destinées à dominer les autres. du point de vue biologique, la notion de race humaine reste extrêmement imprécise, la couleur de la peau, la forme du visage sont des caractères morphologiques apparents, mais biologiquement confus. Même si l’on suppose qu’il y a des races différentes, les critères de la force physique ou de l’intelligence (mesurée par les tests) ne font apparaître aucune inégalité systématique : si les peuples des nations industrielles jouissent d’une constitution plus faible que ceux des nations africaines, par exemple et si, en revanche, la culture est moins répandue chez ces derniers que chez les peuples occidentaux, cela n’affecte en rien les possibilités physiques des uns, ni les possibilités intellectuelles des autres.

D’autre part, les différences de caractères  qui nous font opposer traditionnellement la raideur intellectuelle de l'homme « blanc » à l’esprit intuitif et à la générosité instinctive de l’homme « noir », ou la franchise de ces deux types à la souplesse féline et au profond pouvoir de dissimulation de l’homme « jaune »  ne correspondent nullement à une hiérarchie de valeurs. Les différences de caractères ne doivent pas être une source d’opposition, mais une source d’enseignement.  En comprenant autrui, chaque homme de chaque race se comprendra mieux lui-même et pourra en tirer une leçon pour la conduite de sa vie. Des psychologues américains (John Dollard, Lewin et White) se sont employés à comprendre la genèse des sentiments racistes chez certains de leurs compatriotes. Ils ont mis en évidence le fait que le racisme se développe dans toute société de type « autoritaire», qui fait peser sur les individus tout un ensemble de contraintes rigides  sévèrement réprimées.  Le moindre écart de conduite dans la rue, le fait de ne pas « penser comme tout le monde », etc…). Dans ces sociétés se développe spontanément, chez les individus, un sentiment d’agressivité qui se retourne contre les minorités ethniques. La solution du racisme se trouve d’une manière générale, dans une vie sociale plus libre et moins contraignante pour tous les individus.

 

Raison : la faculté propre à l’être humain de penser, de connaître, de juger. La raison se définit comme une faculté de comprendre, d’ordre non seulement théorique, mais aussi pratique et affectif (Max Scheier).  L’esprit de finesse, qui nous permet de saisir « par sympathie » à l'égard d’autrui la nature de ses sentiments, est une manifestation de la raison.

 

Raisonnement : une suite d’opérations mentales qui permet l’enchaînement logique des idées, des propositions, c’est l’argumentation.  Différents types de raisonnements selon leur forme et leur degré de rigueur :

1° la déduction, qui consiste à déduire un cas particulier d’un principe général : tout homme est mortel, donc un tel est mortel. Ce type de raisonnement, purement logique, est rigoureux, mais assez stérile ;

2° l’induction, qui consiste à tirer d’un cas particulier (je vois une femme rousse) une loi générale (toutes les femmes sont rousses). Ce raisonnement est très créateur, mais fort peu rigoureux. Il est pratiqué en science physique, avec le plus de rigueur possible, pour passer de l’observation des faits (du plus grand nombre possible de faits) à la définition d'une « hypothèse » ;

3° le raisonnement mathématique, synthèse des deux précédents, qui est à la fois rigoureux et fécond (d’où la double appellation, que lui donne le logicien Goblot, c’est l’« induction rigoureuse» et de la « déduction constructive »).

Exemple de 2 + 2 = 4 : en pure logique, 2 + 2 = 2 + 2 ; la production du nombre 4 est une synthèse constructive. Remarquons que ce raisonnement a été analysé par Kant comme un raisonnement synthétique a priori (c’est-à-dire une synthèse purement intellectuelle).

 

Rationalisme : une doctrine selon laquelle la raison est la source de toute connaissance.

Elle s’oppose à l'empirisme, qui fait dériver toutes nos idées de l’expérience. Le rationalisme affirme que si nous découvrons nos idées « au contact » de l’expérience, elles n’en procèdent pas moins de l’esprit et non simplement de l’habitude et de la répétition des choses.

Tel est le point de vue de Platon, de Descartes et de Kant. Le rationalisme s’oppose également au volontarisme, qui voit une impulsion irrationnelle à l’origine de toute action humaine : par exemple, pour le rationaliste, l’artiste qui crée une sculpture reproduirait un modèle qu’il aurait dans son esprit alors que pour le volontariste, qui est ici dans le vrai, il n’y a pas de modèle valable avant la création et « les projets ne poussent que sur l’ébauche » (Alain).

 

Réel : ce qui a une réalité, qui a ou a eu une véritable existence. D'un point de vue logique, le réel s’oppose au possible aussi bien qu’au nécessaire. Du point de vue de notre perception du monde, le réel s’oppose à l'apparent. En métaphysique, il arrive qu’on distingue (Descartes) les notions de réel et d'existence. Une idée dans l’esprit est quelque chose de réel, bien qu’elle n’ait rien d’« existant », le dernier terme étant réservé aux corps matériels. D’une manière générale, le réel s’oppose à l'irréel, à l'imaginaire.

 

Référendum : une procédure qui permet à tous les citoyens d’un pays de manifester par un vote l’approbation ou le rejet d’une mesure d’intérêt général. Le libre référendum, manifestation la plus directe de la démocratie, est requis pour certaines décisions fondamentales pour la vie du pays, qui n'ont pas nécessairement une signification nationale. Toutes les philosophies politiques ont considéré le référendum comme l'instrument idéal de toute constitution démocratique.  Pour Platon, il était incarné par I’« ecclesia », ou assemblée du peuple, il donne corps à la « volonté générale » de Rousseau, etc. Il fait de la politique une affaire nationale, non une affaire de politiciens.

 

Refoulement : l’action de s’interdire d’exprimer un désir, un sentiment ou de refuser de satisfaire une tendance naturelle. Le refoulement serait, selon la doctrine de Freud, un mécanisme de défense, à l’origine des névroses, des psychoses et de tout déséquilibre de la personnalité. Par exemple, un « complexe d’infériorité » suscite, en général, une conduite d’agressivité, mais, s’il est « refoulé » dans l’inconscient, il suscitera un ensemble de troubles, tels l’inhibition, le bégaiement, le manque systématique de réussite dans la vie, l’angoisse (la peur d'être agressif et de contrevenir aux lois sociales, etc.). Le refoulement est, d’une manière générale, marqué par une impossibilité de s’exprimer librement et de réaliser sa personnalité. Un des objets de la psychanalyse est de provoquer le retour à la conscience des tendances refoulées, afin de délivrer l'individu des troubles psychiques suscités par leurs exigences qui restent latentes et n’ont jamais été satisfaites en lui.

 

Relativisme : une doctrine selon laquelle la connaissance est relative. Son principe a été formulé dans l’Antiquité par Protagoras : « L’homme est la mesure de toutes choses », c’est-à-dire rien n’est vrai, sinon par rapport à nous. Le relativisme aboutit, en ce qui concerne la connaissance, au scepticisme et en morale, il engendre le conformisme enfin en religion, la tolérance.

 

Religion : système de pratiques et de rites propre à chacune de ces croyances.

Du latin. religio, religare, lien, lier.  La religion serait un lien entre les hommes, un système de croyances (dogmes) et de pratiques (rites) relatives au sentiment d’une divinité et unissant en une même communauté morale tous ceux qui y adhérent.

Toute religion est fondée sur une « révélation », dont la condition historique peut être l’histoire exemplaire d’un peuple (judaïsme) ou celle d’un prophète dont l’enseignement et le modèle idéal de vie ont été conservés par une tradition d’abord orale (christianisme, bouddhisme). Si les religions diffèrent entre elles, c’est sur les moyens qu’elles conçoivent pour réaliser le salut. Par exemple, le bouddhisme préconise une ascèse qui vise à éteindre en nous tout désir individuel, à rompre avec le monde des « apparences » et, au terme de certaines pratiques, à nous faire entrer dans le (nirvana). Le christianisme est, à certains égards, une religion qui est davantage tournée vers la vie et le monde, elle préconise une certaine ascèse (dont les couvents et les monastères sont une vivante illustration) visant à nous couper du monde pour réaliser, dans la ferveur du sentiment, la présence de Dieu à nous-mêmes. La religion juive s’identifie avec la morale, avec un ensemble de devoirs destinés à régir nos relations avec autrui, elle représente sans doute la religion qui ne demande pas à l’homme de « croire », mais de « faire » et dont les commandements ne sont pas des actes de foi, mais des principes d’action. Une religion est assujettie, sous peine de se détruire elle-même comme religion, à avoir un contenu spécifiquement religieux dont le fond est un sentiment irréductible à la morale et à notre conduite envers autrui. Quelle que soit les religions (exceptés, le bouddhisme classé comme art religieux, l' hindouisme, jaïnisme, etc), le sentiment du sacré représente une constante, dont les trois caractéristiques principales sont :

la crainte devant la puissance infinie de Dieu, maître de vie et de mort, le mystère de son inconcevabilité, enfin le pouvoir fascinant propre à tout objet ou symbole religieux.

Le sentiment du sacré est le cœur de toute religion. La philosophie religieuse est un aspect de la religion, elle peut mettre en œuvre l’esprit philosophique, mais elle se distingue de la philosophie elle-même (dont le but est de constituer une doctrine simplement théorique).

La philosophie religieuse  est soutenue par la pratique effective de rites et de commandements religieux.

Une croyance religieuse ne justifie jamais I’« intolérance» sur le plan social et humain.

 

Renan Ernest : il fait l’étude d’Hegel, qui engendre chez lui une crise religieuse. Il se consacre alors au rationalisme. la philosophie allemande le détache peu à peu de la foi catholique. Il est docteur en philosophie en 1852 avec une thèse sur Averroès et l’averroïsme. Il part ensuite pour la Syrie en mission archéologique et en rapporte le manuscrit de la Vie de Jésus, premier volume d’une Histoire des origines du christianisme. Alain le comptait, avec Sainte-Beuve, au nombre des « bedeaux de la littérature». En fait, son œuvre est considérable et d’une grande diversité tel, de "l’Histoire des origines du christianisme (7 tomes, 1863-1881)", aux   "Essais de morale et de critique (1859)", en passant par "les Dialogues et fragments philosophiques (1876)", ces ouvrages allient la précision scientifique et un style d’une rare qualité. Renan reste un penseur et un artiste, l’inverse d’un doctrinaire.

 

République : œuvre majeure de Platon, comprenant douze livres où se trouve exposée sa philosophie politique. Son originalité est de concevoir la structure de la nation et l’équilibre social à l’image de l’équilibre individuel. L'individu se compose de trois éléments :

les désirs physiques, le cœur et la sphère des sentiments et activité intellectuelle.

la sagesse résulte d’un équilibre entre ces trois fonctions.

De même, une société trouve son équilibre lorsque le commerce (l’économie au service des désirs), l’armée (élément sentimental de la nation) et la direction politique (analogue de la faculté rationnelle) se trouvent harmonieusement hiérarchisés.  Une société uniquement économique peut mourir faute d’idéal, par une surproduction naturelle, ou bien par manque d’armée (société de marchands).  Inversement, trop d’armée conduit à la dictature militaire et tue la république, c’est pourquoi il faut un pouvoir politique autonome. La république se définit par la nécessité et la séparation, en fait l’équilibre de ces trois fonctions. Cet exposé idéal se trouve complété, en ce qui concerne son application, par le dialogue "les Lois".

Respect : le sentiment qui porte à accorder une considération admirative à une personne ou à une institution qui possède une grande valeur morale ou sociale. L’attitude qui consiste à ne porter atteinte à autrui ni physiquement, par la violence, ni moralement, par le jugement. Le respect définit, selon Kant, la norme de toute relation entre les hommes, bien plus que la « sympathie ».  Il peut seul fonder l’attitude de « bienveillance » objective qui nous permet de comprendre autrui sans le juger. Le respect est un devoir moral, la seule attitude naturelle de l’homme en face d’une valeur et, en particulier, en face de toute personne humaine. L’expérience vivante du respect humain serait celle où l’individu saisit le regard d’un homme. Lorsque le tyran saisit le regard de l’esclave, il comprend l’impossibilité de lui faire violence et comprend le devoir de le « respecter ».

Après Kant, les analyses du respect ont été développées par Martin Buber et Emmanuel Levinas.

 

Responsabilité : la  capacité de prendre une décision sans être obligé d’en référer préalablement à une autorité supérieure. On est responsable d’un acte quand :

1° quand on l’a voulu et accompli soi- même ;

2° quand on l’a voulu sans l’accomplir soi-même ;

3° quand on l’a accompli soi-même sans le vouloir ;

4° quand on ne l’a ni voulu ni accompli soi-même, mais qu’il dépendait de nous de l'éviter. On distingue, différents degrés de responsabilité, selon qu'il s’agit de la responsabilité civile ou pénale (cas 1° et 3°), ou de responsabilité morale (cas 2° et 4°).

Les trois conditions de la responsabilité sont  l’existence d’une loi (sociale ou morale), la possession de la raison (les déments sont irresponsables), la liberté (on n’est pas responsable d’un acte accompli sous la contrainte).

 

Rêve : l’activité mentale survenant au cours du sommeil, produisant des images, des représentations pouvant être partiellement mémorisées. Le caractère essentiel du rêve est de nous faire participer à une action. Les associations s’y forment d’une façon libre, indépendamment du contrôle de la conscience, de la volonté. La psychanalyse, dont l’objet est l'analyse de l’inconscient, accorde un rôle privilégié à l’analyse des rêves.  Elle distingue leur contenu manifeste (qui nous paraît souvent dépourvu de sens) et leur contenu latent (le sens inconscient). Freud distingue (dans le Rêve et son interprétation) les rêves d'enfant et les rêves d’adulte, les premiers ne font qu’exprimer les désirs de la veille (tel est le cas de l’enfant Hermann, qui a été privé de cerises au dîner du soir et qui, le lendemain matin, se réveille tout à fait satisfait, affirmant avoir « mangé toutes les cerises ». Il a rêvé qu’il les mangeait, et ce rêve très simple évoque directement un désir conscient). Dans le rêve d'adulte, le désir est refoulé par la « censure » de la conscience sociale et s'exprime sous une forme déguisée. Exemple, une jeune fille rêve que son neveu, auquel, dans la vie, elle tient beaucoup, est mort, or, elle en éprouve un sentiment de contentement. L’analyse psychanalytique révèle que, dans le passé, elle a rencontré l’homme qu’elle aimait au chevet du lit de son premier neveu, qui est mort, par conséquent, elle espère le revoir à l’occasion de la mort de son second neveu, d’où le sentiment de contentement. La spécificité du rêve d’adulte se manifeste ici dans le fait que le sentiment (de contentement) ne se rapporte pas au contenu manifeste du rêve (la mort du neveu), mais à son contenu latent, refoulé dans l’inconscient. Le « déguisement » est un caractère spécifique du rêve d’adulte. La tâche de l'analyse psychologique est de nous permettre de faire coïncider les données de notre conscience avec nos aspirations inconscientes et de réaliser ainsi l'équilibre de notre personnalité.

 

Ricœur Paul : son œuvre, à la fois inspirée par la phénoménologie et l’existentialisme, est une réflexion sur l’existence, par le biais d’une analyse de l’acte volontaire.  Partie d’une description « phénoménologique » du vouloir dans le Volontaire et l’involontaire (1949, 1950), elle se développe, dans Finitude et culpabilité (1960)  qui paraîtra en deux titres : l'Homme faillible (1960) et la Symbolique du mal (1963), en une réflexion éthique et métaphysique sur l’essence de l’homme et de son pouvoir d’agir. Le but de sa doctrine est de penser la « totalité de l’homme » (connaissant, sentant et agissant) et de ne point le réduire à une simple faculté de connaissance. On lui doit, « Karl Jaspers et la philosophie de l’existence » (1947, en collaboration avec M. Dufrenne) et une participation active à la revue Esprit. Dans De l'interprétation, Essai sur Freud (1965), il réfléchit sur le symbole et montre que la psychanalyse représente une ascèse de la réflexion philosophique, qui permet à celle-ci d'éliminer les illusions de la conscience immédiate. Il reprend ce thème d’une éducation perpétuelle à la réalité dans le Conflit des interprétations.

 

Romantisme philosophique le : c’est l’ensemble des mouvements intellectuels et artistiques qui se développent dans la première moitié du XIXe siècle par réaction au rationalisme et au classicisme des siècles précédents. Exaltation du sentiment de la nature, exprimée dans la littérature allemande (Klopstock, Herder, Goethe, Novalis et Schlegel) et qui trouve son expression philosophique (entre 1790 et 1800) dans la doctrine de Schelling, dans la Destination de l’homme de Fichte, dans la philosophie religieuse de Schleiermacher. Les descriptions de la « nostalgie » comme attitude authentique de la conscience humaine, la théorie de la nature comme médiatrice entre l’homme et la divinité, la découverte du folklore comme source de toute inspiration d’un peuple, la restauration d’une conscience religieuse en sont les caractères fondamentaux.

 

Rousseau Jean-Jacques : il dénonce l’aliénation de l’homme par la société, et prêche un retour à la nature (Du contrat social, Émile, 1762).

Sa mère meurt en le mettant au monde, son père, horloger, le laisse, à dix ans, aux soins du pasteur Lambercier. Il s’enfuit de Genève en 1728, habite chez Mme de Warens à Annecy, il devient un laquais malhonnête, un séminariste sans vocation à Annecy (1729) puis il repart pour Fribourg, Genève, Lausanne. Il revient à Chambéry (1732).  C’est la période des Charmettes. Il  repart pour Paris en 1741, il suit en 1743 l’ambassadeur de France à Venise puis revient à Paris (1744). Il  écrit en 1754, à Genève, le Discours sur l'origine de l’inégalité (1755), habite à l’Ermitage en forêt de Montmorency, où il approfondit son sentiment de la nature. Il  écrit alors le traité politique Du contrat social (1762) et l’Émile (1762), roman pédagogique que sa partie religieuse fait condamner au feu par le Parlement. Il passe la dernière partie de sa vie à Ermenonville, il est honoré d'une sépulture au Panthéon.

Rousseau est le premier à éveiller les cœurs au sentiment proprement romantique de la nature.  Son amour pour elle avait pour corollaire un profond pessimisme social «Tout est bien sortant des mains de l’auteur des choses, tout dégénère entre les mains de l’homme. » Le Discours sur les sciences et les arts (1750), le Discours sur l’origine de l’inégalité (1755), ainsi que la Lettre à d'Alembert sur les spectacles (1758) dénoncent les méfaits de la civilisation et l’injustice des rapports établis entre les hommes. Il expose les principes susceptibles de rapprocher l’individu de la nature, au niveau de l’enfant (Émile), du couple (la Nouvelle Héloïse, 1761), ou du citoyen (Du contrat social). Son œuvre fondamentale concerne la philosophie politique, le Contrat social va plus loin que Montesquieu et Voltaire dans la défense de la liberté et l’instauration de l’égalité entre les hommes.  Son but est de concilier les libertés individuelles et les exigences de la vie sociale, de fonder un ordre social « naturel ». Le Contrat social inspirera la Déclaration des droits de l'homme.  Il contient toute la philosophie de la Révolution. Kant le relira sans cesse « pour passer l’émotion » que sa lecture a suscitée en lui. La philosophie politique en Allemagne (celle de Kant, la philosophie du droit de Fichte, etc.) a été profondément marquée par l’œuvre de Rousseau.

 

Sacré : qui concerne principalement la religion, le culte divin et fait l’objet d’un sentiment de respect. La notion du sacré s’attache à tout ce qui dépasse l’homme et suscite, son respect ou son admiration, une ferveur particulière, que R. Otto  dans le Sacré  caractérise comme le « sentiment de l’état de créature » ou sentiment du « numineux » (du lat. numen, qui évoque la « majesté divine »). Ce sentiment comporte un élément de « crainte » devant une puissance absolue, un élément de « mystère » devant l’inconnaissable et il possède quelques analogies avec le sentiment de I'« énorme », en même temps que l’objet du sacré jouit d’un pouvoir « fascinant ».

La crainte, le mystère, la fascination sont les trois composantes du sacré. Tous les sentiments religieux (du péché, de l’expiation, etc.) gravitent autour du sentiment du « sacré ». Le sacré s’oppose au profane, dans la mesure où il est le « siège d’une puissance » que ne possède pas le profane (voir : Émile Durkheim, les Formes élémentaires de la vie religieuse).

 

Sagesse : le caractère du philosophe, la conduite du sage, la tempérance, le calme empreint de supériorité venant de connaissances. Le sage se distingue du savant dans la mesure où il vit sa doctrine et où sa vie constitue en elle-même une réalisation et un témoignage de la vérité. L’idéal du sage fut l’idéal le plus haut de l’Antiquité.  Les « Sept Sages » de la Grèce, que les puissants allaient consulter et qui possédaient à eux seuls tout le savoir de l'époque, furent Thalés, Pittacos, Bias, Solon, Cléobule, Myson et Chilon (Platon les cite dans son dialogue Protagoras). La doctrine stoïcienne nous révèle les caractéristiques du sage antique, sa particularité fondamentale est de vivre « en harmonie » avec le monde.  Toutes les lois du « cosmos » (de l'univers) se répercutent en lui, pour l’imagination antique, le sage est d’abord celui qui contemple le ciel étoilé et qui éprouve le sentiment profond de l’ordre et de la rationalité des choses.

Le sage est celui qui vit en harmonie avec l’humanité,  c’est celui qui, dans l’ordre humain, comprend tout sans avoir tout éprouvé (A. Gehlen, Théorie de la liberté du vouloir, 1933).

Cette définition cosmique ou éthique du sage est la plus rigoureuse : la sagesse est, au sens antique, la connaissance intuitive des lois du monde et, au sens moderne, la compréhension des problèmes d’autrui. Plus communément, la sagesse est une notion morale qui désigne I’« équilibre » de la personnalité, la « tempérance » (Platon), ou modération des désirs. En ce sens, la sagesse s'oppose à la passion, autant qu’à la bêtise. Elle tend à s’identifier à la prudence.

 

Sartre Jean Paul : théoricien de l’existentialisme (l’Être et le Néant, 1943) et figure de l’intellectuel engagé, il a écrit des romans (la Nausée, 1938), des drames (Huis clos, 1944), des essais, des récits. Dans la Critique de la raison dialectique (1960), il expose les principes de sa philosophie existentialiste. Son célèbre principe, selon lequel « l’existence précède l’essence », signifie simplement que la personnalité d'un individu (son essence) ne constitue nullement pour lui un destin, que la vie procède d’une succession de libres choix qui ne sont jamais totalement justifiables. Sartre fonde ce principe de morale sur une ontologie du « pour-soi » comme liberté absolue,  « l’homme, dit-il, est condamné à être libre», à choisir sans raison et avant toute raison et à décider arbitrairement de sa vie. (L’existentialisme est un humanisme (1946), les valeurs fondamentales sont celles de I'« engagement » et de la « responsabilité ».  Dans une philosophie de l’histoire assez proche du marxisme, il souligne l’irréductibilité de la libre initiative de l’homme à la nécessité historique. Bien que l’homme soit « dans l’histoire » (cf. la Critique de la raison dialectique, où Sartre se rapproche de certaines thèses marxistes), il ne se réduit pas à son rôle historique, car la dimension de I’« individualité » reste souvent dans l’ombre et en marge de l’histoire. Sartre propose une synthèse du marxisme et de l’individualisme.

 

Scepticisme : une doctrine affirmant qu’il n’y a pas de vérité absolue et, par conséquent, que le jugement doit être suspendu. Le sceptique refuse d’affirmer ou de nier, donc de se prononcer, surtout en matière de métaphysique.  Au sens courant, le sceptique est celui qui refuse son adhésion à des croyances généralement admises, il se contente de voir et refuse de « juger », donc d’affirmer ou de nier I’« existence ». Hegel a distingué :

1° le scepticisme antique (Pyrrhon, Aenésidème), qui consiste à douter de la réalité du monde extérieur et à croire néanmoins en la réalité d’un monde spirituel, en l’existence de Dieu ;

2° le scepticisme moderne (positivisme, scientisme), qui consiste à ne croire que ses sens, à affirmer la seule réalité du monde matériel et à douter de Dieu.

 

Schopenhauer Arthur : Il prône la volonté (renoncement au plaisir, culte de l’art, ascétisme). Il a influencé Nietzsche. Il prétend ne se rattacher à aucune école (sinon à la philosophie hindoue) et il s’oppose expressément à l’école post-kantienne (Fichte, Hegel). Sa philosophie de la « volonté » comme fondement de la « représentation » est un démarquage de la philosophie de Fichte. En 1813 il soutient sa thèse à léna sur la Quadruple Racine du principe de raison suffisante et en 1818 il publie son principal ouvrage, le Monde comme volonté et comme représentation. Il enseigne à Berlin de 1820 à 1831, date où il quitte l’enseignement et s’oppose à tout ce qui est universitaire.

Sa théorie de la représentation, inspirée de Kant, se fonde, selon lui, sur une conception du vouloir-vivre inspirée des philosophes de l’Inde. Son pessimisme, qui unit les notions de souffrance et de vie, l'amène à prêcher l’ascétisme. Sa morale, fondée sur la pitié, est une critique, parfois profonde, de la morale formelle de Kant (Essai sur le libre arbitre, 1839). Son style très riche, plein de métaphores, recouvre en fait une doctrine qui, dans la philosophie de l’idéalisme allemand (Kant, Fichte, Schelling, Hegel), comporte quelques éléments originaux.

 

Scientisme : une opinion philosophique affirmant que la science peut résoudre tous les problèmes philosophiques. Son principe est que la science satisfait tous les besoins de l’intelligence humaine. Son espoir est que les progrès de la science supprimeront toute la part d’inconnu dans le monde et dans l’homme.  Il refuse l’idée d'un « inconnaissable absolu », qui est la source de l’idée de Dieu.  Le concept de Dieu recouvrirait ce que la science ne connaît pas encore, mais qu’elle connaîtra nécessairement. La première doctrine d'Auguste Comte (avant 1845 et la religion de l’Humanité, ou positivisme) est une illustration du scientisme.

 

Scolastique : évoque un discours formel, dogmatique. Relatif aux écoles du Moyen Âge, dont les caractères étaient le respect de la tradition (d’Aristote), le refus de mettre la foi religieuse en question. La discussion principale de la « scolastique » fut celle des « universaux », c'est-à-dire de la réalité ou de la non-réalité des idées générales. Sur ce point s’affrontèrent nominalistes et rationalistes. (V. ABELARD, ARABE [PHILOSOPHIE], AVERROES, AVICENNE, NOMINALISME, THOMAS D'AQUIN [SAINT].)

Scroll : mot anglais signifiant faire défiler. En informatique, le scroll a été conçu pour accaparer l’attention. L’inventeur du "scroll" infini, Aza Raskin, aujourd’hui repenti, explique comment il a manipulé le cerveau : « le verre de vin est l’exemple type, à la fin d’un verre, un réflexe neuronal intervient. Vous vous posez la question, "Est-ce que je m’arrête" ? Ou "Est-ce que j’en prends un autre" ? Si ce verre se remplit sans arrêt et sans que vous vous en rendiez compte, vous boirez beaucoup, beaucoup plus. C’est le même mécanisme avec votre fil d’actualité. Comme il n’y a plus de délai pour charger la page suivante, vous ne vous posez pas de question. Vous continuez à « scroller... » L’idée, c'est de ne pas vous laisser le temps de savoir si vous en voulez encore : vous êtes captifs. L’utilisation excessive du téléphone portable entraine alors la baisse de l’empathie et de l’attention, l’affaiblissement de la mémoire ainsi que l’augmentation de l’anxiété. A l'ère des réseaux sociaux le « scrolling » sur des plateformes telles que TikTok, Instagram ou YouTube est souvent perçu comme un moyen rapide de passer le temps et de se divertir or ce comportement est loin d’être bénéfique. Il peut conduire à un sentiment d’insatisfaction,  voire à un comportement agressif.

 

Sémiologie : c’est l’ étude des systèmes de signes. La réflexion sémiologique élargit la philosophie du langage et du symbole à toutes les formes de communication. Après Ernst Cassirer en Allemagne, elle s’est développée en France avec Paul Ricœur et Roland Barthes.

 

Sénéque le Philosophe : un philosophe latin appartenant à l’école stoïcienne. .). Il étudie d’abord l'éloquence, puis suit les leçons de trois philosophes, Attale (stoïcien), Fabianus et Sotion (pythagoriciens). De retour d'un exil en Corse (41 à 49), il est le précepteur de Néron. Celui-ci, devenu empereur, l’implique dans la conjuration de Pison et lui donne l’ordre de mourir. Il s’oppose à Cicéron, pour lequel la vie sociale et le devoir de citoyen  tiennent  la première place. Sa sagesse est de cultiver sa volonté pour mettre son bonheur dans la vertu et non dans les hasards de la fortune. L’originalité de Sénèque est dans le détail, dans la pénétration avec laquelle il a discerné les vices et les maux de ses contemporains, dans la place accordée aux devoirs de pitié et d’humanité (contre l'esclavage, les gladiateurs, etc.). Ses idées lui ont valu d’être consulté non seulement par les philosophes, mais par les Pères de l’Église et les moralistes chrétiens.

 

Sensualisme : une doctrine affirmant que nos connaissances proviennent de nos sensations. (Représentée par Condillac),  le sensualisme est une forme d'empirisme.

Shakyamuni : sage indien qui vécut au 6° siècle avant J.C. Ses capacités lui permirent d’acquérir une vision profonde de la vie humaine. Il réalise la « paix du nirvana ». Il rejette l’ascétisme qui tourmente le corps sans libérer l’esprit et enseigne que au-delà des systèmes de caste du brahmanisme  les hommes sont en réalité tous égaux. Le bouddhisme s’étend alors à tout le pays.

Tautologie : la répétition d’une même idée sous une autre forme.

Technique : relatif aux applications des découvertes scientifiques. Les problèmes relatifs aux rapports de la « technique » et de la « science » sont de deux sortes : la technique résulte-t-elle de la science, de la réflexion théorique, ou, au contraire, lui est-elle antérieure? Tout le monde accorde que l'homme a dû agir avant de réfléchir : la géométrie serait née en Égypte, du besoin de délimiter chaque année les champs de chacun après la crue du Nil et le passage des eaux, il y a donc une antériorité historique de la technique.  Le problème philosophique, relatif à leur nature, la technique et la science sont-elles, en leur nature, indépendantes ? On constate que, dans l’Antiquité grecque, les mathématiques se sont développées indépendamment de tout souci technique (A. Comte). Avec les connaissances qu’ils avaient, les Grecs auraient pu construire des machines compliquées, mais ils n’en avaient point le souci. Inversement, il y eut de grands techniciens (Edison) qui n’avaient aucune formation scientifique classique. On peut donc concevoir une différence de nature entre « technique » et « science ». La science moderne ne se développe que grâce au progrès des instruments techniques et, dans la réalité, il y a interaction de l’une sur l’autre. L’étude des différentes sortes de techniques se nomme technologie. Le primat, dans une société, des soucis techniques de rendement sur les soucis humains définit une société « technocratique ».

Téléologie : une doctrine dont le fondement est le concept de finalité. Il y a deux manières de considérer l’histoire humain, ou bien l’on considère l’ordre des causes, son passé, ou bien on la considère en fonction de son but.  Cette dernière considération est « téléologique ». Les notions de finalité et de téléologie ont été analysées dans la Critique du jugement de Kant, le « jugement téléologique » n’a un usage objectif que lorsqu’il s’agit de penser un organisme ou une œuvre d’art, car, dans ces deux cas seulement, les parties ne se comprennent qu’à partir du tout. De même que les organes n'ont de sens qu’à partir du fonctionnement général de l’organisme, les éléments d’une œuvre d’art contribuent  à promouvoir une forme globale qui constitue la qualité esthétique de l’œuvre. L’explication téléologique à partir du tout s'oppose à l’explication mécaniste, qui procède à partir des parties.

Théisme : une doctrine qui affirme l’existence de Dieu. Il se distingue du déisme, qui croit en Dieu, mais qui se refuse à en dire quoi que ce soit et renonce à se le représenter.  Le théisme pense pouvoir déterminer la nature de Dieu et lui attribue un certain nombre de qualités (bon, puissant, créateur du monde, etc.). Le théisme s’oppose à l’athéisme et souvent au panthéisme.  Le panthéisme de Spinoza est un athéisme, dans la mesure où sa doctrine récuse toute idée d’un dieu personnel et vivant et identifie Dieu à la nécessité anonyme et universelle qui régit toutes choses dans la nature.

Tendaï : au 7° siècle ce moine chinois exprime l’idée que l’existence n’est pas le « moi pensant » mais une quintessence se déroulant à la fois dans le temps infini et l’espace illimité.

Transcendantal : selon le système philosophique de Kant, c’est ce qui n’est pas donné par l’expérience, mais est a priori. Ou les « principes transcendantaux de l’esprit » sont ceux qui, avant toute expérience, constituent la nature de notre connaissance. Une analyse transcendantale, telle qu’elle a été pratiquée par Kant (dans la Critique de la raison pure), est une réflexion sur l’acte de connaître, indépendamment de tout objet sur lequel pourrait porter notre connaissance.

Wokisme : Expression politique et polémique. C’est le courant de pensée d'origine américaine qui dénonce les injustices et discriminations. Woke, est un adjectif d'origine afro-américaine qui signifie « en éveil ». Ce terme est utilisé par les tenants de l'universalisme républicain pour qualifier les excès relatifs au militantisme des défenseurs des minorités. Mais il gagne en popularité depuis l’essor des combats féministes et anti-racistes comme Black Lives Matter. Le wokisme, se rapproche de l’idée de déconstruction et revêt différents courants sur la scène politique tels que, les droits des femmes ne seraient rien sans une égalité totale avec les personnes non-blanches, ou les minorités du spectre des genres et des sexualités, ainsi que les catégories défavorisées comme les migrants. Le wokisme entend combattre les problématiques présentes à l’intérieur même de notre système. L'expression « wokisme » s’apparente au terme « gauchisme ».

Zen : Le Zen est basé sur le fait que son enseignement est au-delà et en dehors des mots.

Transmission spéciale en dehors des Écritures ;

Aucune dépendance à l’égard de la lettre et des mots ;

Montrer directement le cœur de l’homme ;

Voir dans sa propre nature et atteindre la bouddhéité.

Descartes dit: « Je pense donc je suis ». C’est là que commence sa philosophie.

Mais si vous NE pensez PAS, qu’en est-il ? C’est là que commence la pratique zen.

bottom of page